Au cours de l’année 2020, de nombreux chantiers ont été lancés dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de réalisation des infrastructures socioéconomiques (PRISE) dans 12 régions du Burkina Faso, avec un total des dépenses engagées de 11.854.460.544 FCFA. A la date du 31 décembre 2020, la situation d’exécution du PRISE affiche un niveau d’exécution global de 94,38%. La situation d’exécution physique se présente ainsi qu’il suit : 41 complexes scolaires achevés sur 42 chantiers lancés ; 21 CSPS achevés et équipés sur 25 lancés ; 69 forages positifs ont été réalisés sur 97 chantiers lancés ; 7 Adductions d’eau potable simplifiée (AEPS) ont été installées; 1 Bâtiment administratif achevé sur 2 chantiers lancés; 15 ouvrages de franchissement achevés sur 17 radiers lancés ; 12 ouvrages de franchissement achevés sur 16 dalots lancés ; 10km de route en terre aménagée achevés ; des travaux en cours d’un chantier de retenue d’eau.
Des écoles à Bokin, Sabsin, Nobsin…
Une sortie de terrain du 29 mars au 02 avril 2021 a permis de constater les réalisations sur les sites et l’accueil des bénéficiaires. Première étape, le village de Bokin dans la Commune de Niou, province du Kourwéogo, région du Plateau central, qui a bénéficié d’un complexe scolaire. Il s’agit d’un bloc de 3 salles de classes équipées en tables-bancs ; d’une salle servant de bureau directeur ; d’un magasin ; d’un bloc latrine de 2 postes pour enseignants ; d’un bloc latrine de 3 postes pour élèves ; le tout équipé d’un système d’éclairage solaire. Le forage prévu n’a pas encore été réalisé. Mais déjà, la satisfaction est grande chez les bénéficiaires. Le village d’environ 1.000 personnes ne disposait jusque-là que de deux salles de classes en matériaux définitifs et d’un hangar. « Beaucoup d’enfants n’ont pas été scolarisés ici faute de classes et de place, nous sommes à environ 4 km de Niou et la route est coupée par un marigot qui n’a pas encore de dalot. Les salles que nous avions étaient non seulement insuffisantes, mais il était pratiquement impossible pour les enfants de rejoindre tous les jours l’école la plus proche», explique le président de l’association des parents d’élèves, Soré Saidou. Avec le nouveau bâtiment, Bokin compte désormais 05 classes, et c’est tout le système éducatif de la localité qui fait un bond en avant. « On avait adopté le système de recrutement biennal, mais à partir de la rentrée scolaire prochaine, nous allons commencer à recruter chaque année. L’éclairage permet aux enfants de revenir la nuit capitaliser les acquis de la journée », se réjouit le directeur de l’école, Kiswendsida Théophile Ouédraogo.
C’est la même joie qui anime les habitants du village de Sabsin dans la Commune de Ourougou-Manéga, dans la province d’Oubritenga. Eux aussi ont bénéficié d’un complexe scolaire, portant le total des classes de l’école à 6, après les trois premières construites en 1988. « Jusqu’au début de cette année, nous étions encore sous paillote. Certains élèves étaient mêmes à 7 sur un table-banc.
Avec le nouveau bâtiment et les tables-bancs, les enfants sont à l’aise, nous sommes à l’aise et c’est propice pour l’activité pédagogique », a affirmé l’enseignante Nafissata Guelbéogo/Bélem pour traduire sa joie. Si l’équation de l’école primaire semble avoir trouvé solution, celle du post-primaire reste toujours posée, car le premier collège se situe à 14 km de l’école. « Avec cette distance, les enfants arrivent toujours en retard en classe, les filles tombent fréquemment enceintes et sont forcées de quitter l’école. Il nous faut maintenant songer à leur trouver un collège à côté », a souhaité le chef du village.
Le village de Nobsin disposait de trois classes construites en 1996. Dans la mise en œuvre du Programme de réalisation des infrastructures socioéconomiques (PRISE), ce village de la Commune de Mogtédo, dans la province du Ganzourgou, a vu l’extension de son école au cours de l’année 2020. « Nous n’avions pas de tables-bancs et les enfants étaient au sol. Nos nouvelles installations nous permettent donc de bien mener nos activités pédagogiques », s’est réjoui le directeur de l’école, Moussa Léandre Gorga.
Barké Kafando, président de l’association des parents d’élèves, s’est engagé pour l’entretien du complexe en ces termes : « Toute forêt est redevable à sa pépinière. La pépinière d’une société humaine est l’éducation et l’école est une pierre angulaire de cette éducation. Nous prendrons donc soin de cette école comme la prunelle de nos yeux ».
« Les salles ne suffisaient pas aux enfants. Chaque année, nous étions obligés de refaire la toiture des hangars pour les mettre à l’abri du soleil ». C’est en ces termes que le Conseiller villageois de développement (CVD) du village Bomboré V1 de la Commune de Mogtedo, Zoungrana Toukoumnogo Oumarou, a résumé leur calvaire avant la mise en œuvre du PRISE. Les villageois ont été prévoyants en réservant près de 10 ha pour les infrastructures scolaires, certes, mais jusque-là, ils n’avaient pas eu des locaux adéquats.
En bénéficiant donc d’un complexe scolaire, Bomboré V1 est en mesure de faire un bond qualitatif dans l’éducation. « Aujourd’hui, nous sommes contents de venir en classe, car les conditions sont réunies pour faciliter le travail pédagogique », indique Soumtoré Harouna, directeur de l’école.
« Après le CEP, j’ai dû abandonner l’école, car le vieux n’avait pas les moyens de me trouver un loyer et de la nourriture à Fada ».
Moumouni Naba est un cultivateur de Tokouna dans la Commune de Diapangou. Comme il le dit lui-même, son cursus scolaire s’est arrêté il y a une dizaine d’années faute de lycée dans son village. A l’époque, les parents les plus nantis devaient trouver une famille d’accueil ou louer une maison à leurs enfants pour qu’ils puissent continuer à étudier. Comme Moumouni, de nombreux enfants de Tokouna ont dû revoir leurs ambitions scolaires à la baisse. Heureusement, leurs petits frères ont plus de chance grâce au PRISE. Le complexe scolaire qu’il y a érigé sert de collège et a permis aux nouveaux certifiés du village de continuer leurs cursus sur place. « On dormait sur des difficultés mais cette infrastructure nous a retirés de l’esclavage », s’est exclamé le roi Bahama, chef de canton du Diapangou Gourma.
L’Ecole centre de Beguedo, dans la province du Boulgou, a été construite en 1976. Depuis lors, le temps a fait son effet : exiguïté des locaux, murs fissurés, tôles rongées par la rouille, installations de chauves-souris…
Avec le PRISE, l’Ecole de Béguédo a reçu 03 salles de classes équipées en tables-bancs, une salle servant de bureau directeur, un magasin, un bloc latrine de 2 postes pour enseignants, un bloc latrine de 3 postes pour élèves et un système d’éclairage solaire. « En termes d’esthétique et de résistance, nous n’avons pas encore vu des infrastructures pareilles dans nos contrées », dit, admiratif, Noufou Bara, président du Comité de gestion (COGES).
Rapprocher les soins des populations
Le village Rapadama V7 de la Commune de Mogtedo, dans la province du Ganzourgou, a bénéficié d’un Centre de santé et de promotion sociale (CSPS). Conçu sur le modèle de l’OMS, les CSPS du PRISE comprennent : un dispensaire ; une maternité ; deux blocs latrines de 2 postes ; un bâtiment de services communs ; trois bâtiments servant de logement de type F3 ; un bâtiment servant de cuisine pour logement ; trois blocs latrines de 2 postes pour logement ; un bâtiment servant de cuisine pour CSPS ; un bâtiment servant d’abri pour accompagnants ; un incinérateur et un poste autonome d’eau. Les ressortissants des différents villages, qui profiteront de l’infrastructure, sont venus dans le CSPS non encore fonctionnel le 30 mars 2021, pour traduire leur reconnaissance à l’équipe du PRISE venue pour le constat. Premier à prendre la parole, le Conseiller municipal, Ouédraogo Pascal, s’est voulu rassurant. « Nous avons été agréablement surpris lorsqu’on a appris la nouvelle de la construction dans notre village, mais les lourdeurs administratives et la situation liée au Coronavirus avaient semé le doute sur l’exécution du chantier. Aujourd’hui, c’est une réalité et nous en sommes heureux », a-t-il dit.
Rapadama V7 est situé à 12km et à 8 km des postes de santé les plus proches au nord et au sud, et il n’y a pratiquement pas de voie d’accès, surtout en hivernage. Les populations environnantes voient ainsi à la fois une réduction de la distance et une amélioration de leur accès aux soins. « Nous les femmes, nous sommes les plus soulagées, car nous sommes toujours là lorsqu’il faut envoyer un membre de la famille dans un centre de santé. Si nous ne sommes pas à la maternité pour un accouchement, nous sommes au chevet de notre enfant ou de notre mari malade », a clamé Mariam Kaboré, représentante des femmes.
La province du Kouritenga a aussi bénéficié d’un Centre de santé et de promotion sociale (CSPS) dans le cadre du PRISE.
C’est Guirgo dans la Commune de Kando qui abrite l’infrastructure qui vient changer radicalement la vie des bénéficiaires, comme l’explique Hamidou Koudougou, Conseiller municipal du village : « Mes propres enfants sont nés à Tuiré, presqu’à 30km de chez nous. D’autres sont nés à domicile ou en cours de route avant qu’on les amène dans un centre de santé. Je ne parle même pas de malades qui ont succombé faute de soins. C’est donc une grosse épine qu’on nous enlève du pied ». « Nous ne pensons pas de sitôt nous soigner de si près », a renchéri le chef du village. « Nous allons, en collaboration avec le médecin-chef de district de la province, nous activer pour l’affectation de personnels soignants, le recrutement du gérant du dépôt et du gardien, afin de procéder à l’ouverture du centre de santé dans les meilleurs délais », a assuré le Maire de la Commune, Alain Ima. L’offre sanitaire du village Niarba, dans la Commune de Niaogho, était largement en deçà des attentes comme le décrit le CVD Abdoul Abass Kouda : « En hivernage, chaque malade doit attendre le passage des eaux avant de rejoindre le centre de santé situé à 12 km. Seuls ceux qui ont longue vie survivent ici ». En choisissant cette localité de la province du Boulgou pour accueillir un CSPS, les responsables du PRISE ont donc eu du nez. Et les plus heureuses de ce choix restent les femmes qui ne cachent pas leur joie. « Je suis ménopausée mais ce soir, je vais tomber enceinte, car nous avons maintenant une maternité », a crié Habibou Compaoré, à l’endroit de l’équipe du Programme présente à leurs côtés, le vendredi 02 avril 2021. « Nous allons même faire des jumeaux ici désormais », a ajouté Azara Bansé.
A Modaogo, dans la Commune de Soudougui, le chantier du CSPS n’est qu’à 70% de taux d’exécution, malgré un retard de près de neuf mois. N’empêche ! Les bénéficiaires disent prendre leur mal en patience, car le jeu en vaut la chandelle, comme le dit l’Agent villageois de santé (AVS), Kontondja Thiobiano : « Un jour d’hivernage, nous avons emmené un malade à Soudougui qui est malheureusement décédé faute d’avoir eu de soins à temps. Au retour, la charrette qui transportait le corps a été emportée par les eaux de la rivière. Nous ne vivrons plus ce genre de situation à l’ouverture du CSPS ». « Nous avons perdu des malades et des femmes enceintes par l’absence de centre de santé à côté et de voies praticables. Nous gagnerons désormais en temps et en argent tout en préservant davantage notre vie », a ajouté Moussa Nankandré, imam du village. Pour le Maire de Soudougui Pizèma Kièma, ce centre de santé vient améliorer l’offre sanitaire dans sa Commune qui couvre 34,02% de la province du Koulpelogo et compte 92.000 habitants pour 2 CSPS fonctionnels à ce jour. « Nous attendons de l’entreprise qu’elle finisse bien le chantier et nous livre un ouvrage de qualité ». Comme sanction, le PRISE prévoit des indemnités de retard et la non-délivrance d’un certificat de bonne exécution.o
Martin SAMA
Encadré
Les composantes du Programme
Le PRISE est articulé autour de cinq (05) composantes (C) opérationnelles qui sont :
– C 1 : Le renforcement de l’offre d’éducation ;
– C2 : Le renforcement de l’offre de santé ;
– C3: L’amélioration de l’accès des populations rurales à l’eau potable ;
– C4: Le renforcement des infrastructures administratives, sociales, culturelles et sportives ;
– C5 : Le renforcement du réseau routier national.
Encadré 2
Zones de mise en œuvre
Le Programme sera mis en œuvre dans les treize (13) régions du Burkina Faso. Les principaux groupes cibles et parties prenantes à la mise en œuvre du PRISE sont :
– les Communes rurales ;
– les populations rurales ;
– les entreprises du BTP ;
– les jeunes (hommes et filles/femmes).o