Suite à l’article paru dans L’Economiste du Faso N°383 du 15 mars 2020 sous le titre : « Suspension des salaires en 2020 : Sur 739 agents, 415 sont de l’Education », nous avons reçu des précisions sur le nombre exact des travailleurs de l’éducation concernés par cette suspension. Selon le comité de rédaction du regroupement des syndicats en lutte contre la baisse du pouvoir d’achat, il s’agit plutôt de « 739 agents publics relevant du seul MENAPLN ».
« En février 2020, le gouvernement a décidé unilatéralement de l’extension de l’application de l’Impôt unique sur les traitements et salaire (IUTS) aux primes et indemnités des agents publics de l’Etat. Face à l’indignation des travailleurs, des initiatives au plan syndical seront prises pour fédérer les énergies. Cette mesure venait renforcer la volonté affichée du gouvernement de remettre en cause les droits et acquis des travailleurs. Cela va amener une cinquantaine d’organisations syndicales à se retrouver et à constituer un regroupement en vue d’engager la lutte autour d’une plateforme portant sur : l’arrêt des mesures de baisse du pouvoir d’achat et amélioration de celui-ci en rapport avec le coût de la vie, l’arrêt des atteintes aux libertés démocratiques et syndicales, l’arrêt du pillage des ressources nationales, la garantie du droit à la sécurité des populations, le respect et la mise en œuvre des différents engagements pris par le gouvernement vis-à-vis des syndicats des travailleurs.
Après une marche-meeting nationale tenue le 07 mars 2020, qui a réuni des dizaines de manifestants dans les rues de Ouaga et de nombreuses autres localités, la coalition syndicale a prévu et mené une grève de 120 heures allant du 16 au 20 mars 2020. Du fait des mesures liées à l’avènement de la pandémie du Coronavirus, le regroupement a renoncé à la grande marche qu’elle prévoyait pour le 17 mars 2020 sur l’ensemble du territoire.
Pour étouffer le mouvement de protestation, le pouvoir choisira, d’une part, d’ignorer la coalition, et d’autre part, de s’affranchir délibérément de la loi pour recourir à une répression sauvage des travailleurs.
Relativement à cette option répressive, les syndicats en lutte notaient, lors d’une conférence de presse le 22 avril 2020, ceci : « Cette répression a pris les formes suivantes : interdiction de la marche du 17 mars 2020 en s’appuyant sur le Coronavirus qui était à 2 cas annoncés, en lieu et place de l’insécurité utilisée comme prétexte des interdictions précédentes (cas de la marche du 16 septembre 2019) ; licenciement de travailleurs, notamment, dans les boulangeries ; suspensions des salaires d’au moins 739 agents publics, selon les informations à notre possession ;coupures de salaires abusives et sauvages ; révocation d’agents en poste dans les Ambassades ; etc. »
En ce qui concerne particulièrement les suspensions de salaires, les syndicats relevaient qu’elles avaient été faites en violation flagrante des textes, notamment, la loi 081 et l’Arrêté 2013-195/MEF/MFPTSS du 30 mai 2013 portant procédure de traitement et modalités de liquidation des retenues pour fait de grève (lui-même relu en ses parties liberticides et dont la signature est bloquée depuis 2016 par le gouvernement), ainsi que des conventions internationales ratifiées par le Burkina Faso. Ils poursuivaient en ajoutant qu’elle a touché « au moins 739 agents publics relevant du seul MENAPLN. Parmi les travailleurs dont les salaires ont été suspendus, nous notons trois camarades dames en congé de maternité ».
Il est essentiel de rappeler qu’à ce jour, mis à part quelques dizaines de travailleurs, l’immense majorité des travailleurs victimes de ces suspensions illégales de salaires n’ont pas obtenu la restitution de leur paie du mois de mars (pour le plus grand nombre) ou d’avril (pour les autres) et encore moins bénéficié d’une quelconque mesure de réparation du préjudice subi ». o
Comité de rédaction du regroupement des syndicats en lutte contre la baisse du pouvoir d’achat.