Le ministre d’Etat, ministre auprès du président, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, poursuit sa ronde des différents représentants des couches sociales burkinabè alors que l’échéance de la tenue du forum sur la réconciliation avance à grands pas. A quand l’agenda du forum ?
Face aux crises socio-politiques qu’a connues le Burkina Faso tout au long de son histoire et qui ont quelque peu ébranlé le vivre ensemble, le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, a décidé de faire de la réconciliation nationale un chantier majeur de son quinquennat. Un ministère dédié à la réconciliation a même été créé et confié à l’ancien chef de file de l’opposition politique, Zéphirin Diabré. Depuis, les consultations tous azimuts se poursuivent, alors que l’agenda du Forum national sur la réconciliation qui doit se tenir dans le premier semestre de l’année 2021 attend de voir le jour.
Le ministre d’Etat, ministre auprès du président, chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale, a multiplié les concertations avec les différentes composantes sociales. Des acteurs politiques, des organisations de la société civile en passant par les autorités coutumières et religieuses, il est allé recueillir les avis respectifs de chacun sur la réconciliation nationale. Des concertations ciblées qui visent à élaborer la feuille de route du forum sur la réconciliation nationale prévu pour se tenir dans le deuxième trimestre de l’année.
S’il faut saluer leur caractère inclusif, l’on peut s’interroger qu’à trois mois de la rencontre devant permettre aux représentants des Burkinabè de tous bords de se réunir pour convenir de la marche à suivre pour ressouder le tissu social, l’agenda n’ait pas encore vu le jour. Jusqu’à quand Zéphirin va-t-il continuer à parcourir le Burkina Faso pour recueillir les propositions des uns et des autres ?
Il est temps de dérouler l’agenda du forum pour que des critiques viennent améliorer le format. Une pléthore de contradictions existe autour de la réconciliation nationale et il faut un agenda clair qui pourra mieux situer l’opinion. Il est bien de prendre en compte les conseils de part et d’autre, mais il est tout de même capital de savoir ce qui se dira dans quelques mois. Même si le ministre chargé de la réconciliation nationale avance que réconcilier les Burkinabè est loin d’être un arrangement entre politiciens, ils sont nombreux à penser que le peuple n’en a pas besoin.
D’aucuns soutiennent que s’il doit y avoir réconciliation, elle devrait s’inscrire sous le triptyque vérité-justice-réconciliation. Dans ces zones de turbulences, l’idéal serait de présenter le format du forum qui devra inaugurer les débats.
L’on voit bien que Zéphirin Diabré a le cœur à l’ouvrage, au regard du nombre impressionnant des représentants des différentes couches rencontrées. C’est dire que le chantier de la réconciliation nationale est en marche. Mais est-ce pour autant qu’il faille faire abstraction de ceux qui pensent le contraire. Réussir le pari de rassembler les Burkinabè autour du vivre ensemble passe justement par écouter ceux qui émettent des avis contraires. Récemment, le Balai citoyen a désapprouvé la réconciliation nationale, la qualifiant de «comédie institutionnelle ».
Faut-il faire l’oreille sourde à la position de cette organisation de la société civile qui a été un acteur-clé dans la contestation contre la modification de l’article 37 de la Constitution en 2014 ? Absolument pas. Il est donc judicieux de prendre en compte les récriminations émises par le Balai citoyen afin de baliser le terrain qui doit donner l’occasion aux Burkinabè de faire le solde d’un passé douloureux. Pour réussir ce grand chantier si cher au président du Faso, il faut impérativement convaincre les sceptiques que vouloir réconcilier le peuple, ce n’est pas garantir l’impunité à des citoyens.
C’est de les persuader que la réconciliation, au-delà des crises politiques, concerne aussi les personnes exclues de leurs communautés pour des faits de sorcellerie et ces nombreux déplacés internes exilés sur leur propre patrie. La réconciliation aura eu un goût d’inachevé tant qu’elle n’aura pas eu un attribut inclusif. Et il faut y penser sérieusement au risque de mettre la charrue avant les bœufs.
Jérôme HAYIMI
Encadré : Quelques concertations du ministre chargé de la Réconciliation nationale et de la Cohésion sociale
-Le Mogho Naaba
-Le Chef suprême des Bobo-Mandarè
-Le Cardinal Philippe Ouédraogo
– Mgr Anselme T. Sanon
-Sa Majesté Naaba Kiba, Roi du Yatenga
-Le Dima du Zoungratenga, Roi de Tenkodogo
-Rencontre avec des Emirs du Sahel
-La Fédération des associations islamiques du Burkina
-La Fédération des églises et missions évangéliques
-Rencontre avec l’ancienne Commission de la réconciliation nationale et des réformes (CRNR)
– Rencontre avec le Collège de dialogue et de médiation pour la paix du Gulmu