La mise en œuvre du mécanisme d’assurance agricole au Burkina a débuté par une phase pilote qui s’étend sur une période de trois ans (2020-2022) dans trois régions du pays, à savoir la Boucle du Mouhoun, le Centre-Ouest et l’Est. Il couvre la production de trois importantes spéculations que sont le maïs, le riz et le sorgho. Ces spéculations représentent 75% de la production céréalière et 86% de la consommation alimentaire annuelle des Burkinabè. La première année de sa mise en œuvre a concerné le maïs, les autres spéculations ciblées devant être prises en compte les deux dernières années. La prime estimée pour la souscription est de 12 387 FCFA TTC par hectare.
Cependant, le gouvernement, pour marquer sa volonté de promouvoir ce mécanisme et d’apporter son soutien aux producteurs, s’est engagé à subventionner la prime à hauteur de 50%. Ainsi, la part de la prime supportée par les adhérents au mécanisme d’assurance agricole s’élève à 6 194 francs CFA TTC par hectare.
«La gestion efficace des risques agricoles constitue un puissant levier de sécurisation de la production agricole et de promotion des investissements dans le secteur. C’est pourquoi le gouvernement burkinabè, en collaboration avec ses partenaires, a mis en place un mécanisme d’assurance agricole au profit des producteurs. Ce mécanisme vise principalement à prémunir les producteurs des risques liés aux aléas pluviométriques », a indiqué Salifou Ouédraogo, ministre en charge de l’agriculture, lors de la cérémonie de lancement des indemnisations des producteurs sinistrés le mardi 23 février 2021 à Ouagadougou.
Pour la première année, cent-sept (107) producteurs de maïs ont été déclarés sinistrés sur la base de l’indice de rendement de leur production de la dernière campagne agricole sur un total de trois cent soixante-neuf (369) souscripteurs. Cet indice prend en compte le déficit pluviométrique capté à travers les précipitations totales saisonnières, les poches de sécheresse de 9 jours pendant la phase végétative et 10 jours pendant la phase de floraison. Le montant total des indemnisations s’élève à quatre millions sept cent soixante-un mille quatre cent cinquante (4 761 450) francs CFA.
De l’avis du porte-parole des sinistrés, Boukary Nébié, ces montants reçus vont servir de moyens de renforcement de leurs capacités de production et de développement de leurs moyens d’existence. « Cette année, j’ai fait des pertes de récoltes à cause des poches de sècheresse qui ont perturbé la bonne évolution de mes cultures. Cela devrait être un problème pour ma famille et moi par rapport à notre consommation alimentaire, à nos soins, la scolarisation des enfants et la préparation de la campagne à venir, car n’ayant pas eu assez de revenus. Mais grâce à l’assurance agricole, mes pertes sont comblées et je peux convenablement prendre soin de ma famille », a-t-il témoigné.
Le Secrétaire permanent de la Convention paysanne du Faso (CPF) a souhaité que cette assurance s’étende à toutes les treize (13) régions du Burkina et aux autres spéculations afin de réduire la vulnérabilité des producteurs et d’augmenter leur rendement.
Si l’assurance agricole est aujourd’hui une réalité au Burkina, on le doit à un partenariat entre le gouvernement, la Mutuelle agricole marocaine d’assurance (MAMDA), la Société nationale d’assurance et de réassurance (SONAR-IARD) et l’Agence nationale de la météorologie (ANAM), et le MAAH.
La Mutuelle marocaine d’assurance agricole (MAMDA) a apporté son appui technique dans la conception des indices assuranciels. La Société nationale d’assurance et de réassurance (SONAR-IARD) a contribué au montage du mécanisme et marqué sa disponibilité à commercialiser les produits assuranciels mis à la disposition des acteurs. L’Agence nationale de la météorologie (ANAM) a partagé son expertise dans l’exploitation des données pluviométriques. La Banque africaine de développement (BAD) a pris l’engagement pour soutenir ce mécanisme, à travers le Projet d’appui à la création d’une banque agricole (PACBA).
Le mécanisme d’assurance agricole ainsi mis en place par le gouvernement fait partie d’un panier de réformes entreprises en vue d’améliorer le climat des affaires dans le secteur rural et d’inciter à davantage d’investissements privés. Parmi ces réformes, outre le mécanisme d’assurance agricole, il convient de citer l’adoption de la loi portant Code d’investissement agricole, la création d’une banque dédiée au secteur rural et la mise en place du Fonds de développement agricole.
En termes de perspectives, de nouveaux produits assuranciels en cours de conception seront mis à la disposition des producteurs pour les campagnes agricoles à venir. Dans cette dynamique, il est prévu le couplage du mécanisme d’assurance agricole avec l’offre de services financiers adaptés à vos besoins. Il ne reste plus qu’aux producteurs de s’approprier ces instruments, et cela passe déjà par la souscription pour la prochaine campagne. o
Martin SAMA
Encadré
Comment détermine-t-on un sinistré?
Des stations météo automatiques et des satellites font le suivi en temps réel de la pluviométrie et un réseau de distribution du produit d’assurance et mode de souscription avec des outils digitaux est mis à la disposition des souscripteurs. Un comité identifie les zones sinistrées sur la base des indicateurs pluviométriques de la campagne agricole. Ce comité évalue alors le manque à gagner (la différence entre le rendement de référence et le rendement obtenu sur la base des indicateurs pluviométriques). Tous les exploitants reçoivent le même montant, par hectare, dans une même zone d’assurance sinistrée et pour une culture donnée.o