« C’est de l’humus sale et nauséabond que jaillit la plante verte, et je sens pointer en moi des bourgeons neufs ». Cet entrain du personnage principal, Ramatoulaye, de « Une si longue lettre » de la romancière sénégalaise Mariama Bâ traduit la réalité de la Société nouvelle huilerie savonnerie (SN-CITEC) en ce début de l’année 2021. La SN-CITEC, société de droit privé créée en 1995, est la première agro-industrie du Burkina Faso opérant dans le secteur des oléagineux, à travers la production et la commercialisation d’huile issue de la graine de coton et de savon.
D’un chiffre d’affaires autour de 17 milliards 2019, la SN-CITEC était partie, à l’image de nombreuses entreprises, pour connaitre un ralentissement de ses activités dans un contexte marqué par la pandémie de la maladie à Coronavirus ; le spectre d’une « vague de faillites » plane encore, même sur le tissu économique national.
Cette situation ne semble pas être le cas chez le fleuron de l’industrie alimentaire burkinabè. Bien au contraire. Dans le cadre de la lutte contre la maladie à Coronavirus concernant les mesures barrières, le ministère de l’Education nationale a passé une commande correspondant à 1/3 de la production totale de la société au titre de l’année 2020. Cela a été une opportunité, car cette commande a permis à la SN-CITEC de sécuriser une opération de 252 713 cartons pour environ 1 845 000 000 FCFA. « Nous pouvons dire que le bilan est relativement satisfaisant, puisque contrairement aux années antérieures, nous n’avons pas enregistré de stocks invendus. La production s’est écoulée au fur et à mesure. Au 31 décembre 2020, nous avons des motifs de réelles satisfactions », se réjouit le Directeur général de la société, Ibrahim Traoré. Naturellement, le premier responsable de la structure était tout sourire face à la presse le samedi 6 février 2021 à Ouagadougou, pour présenter le bilan d’activités de la société, et surtout présenter ses vœux les meilleurs à l’occasion de ce nouvel an.
Pour 2020, le chiffre d’affaires de la Société nouvelle huilerie savonnerie (SN-CITEC) est de l’ordre de 20 milliards FCFA répartis sur la commercialisation du savon de ménage, sur les ventes d’huile et sur les aliments de bétail. En plus du ministère en charge de l’éducation, d’autres structures comme la Centrale d’achat des médicaments essentiels génériques (CAMEG), l’UNICEF,… sont devenues aujourd’hui des partenaires pour la SN-CITEC grâce à leurs commandes régulières de savon.
Les coproduits SN-CITEC (aliment de bétail et tourteau de coton) sont issus de la trituration des graines de coton suivant un process huilerie et riches en protéines, celluloses brutes, unité fourragère et constituent une excellente alimentation nutritive pour les animaux (ruminants et volaille). En plus de contribuer au développement de l’économie nationale, SN-CITEC figure parmi les premières entreprises à s’engager dans la protection de l’environnement, à travers d’importants investissements pour le recyclage et le traitement des déchets et des eaux usées.
Constamment à l’écoute des besoins du marché et de ses partenaires, et pour assurer sa pérennité face à la concurrence et aux mutations du contexte économique global, la société a mis en place un plan stratégique qui vise les objectifs suivants : amélioration continue de la production et de la productivité ; diversification des matières premières triturées ; diversification des produits et conditionnements et la conquête de nouveaux marchés sous- régionaux émergents et porteurs.
La SN-CITEC bénéficie aujourd’hui de l’expertise technique du Groupe Géocoton Holding pour le développement de la filière des oléagineux et la valorisation de ses produits. Sa notoriété dépasse les frontières du Burkina Faso grâce à la qualité de ses produits qu’elle met sur le marché et pour lesquels les consommateurs des pays de la sous-région sont de plus en plus demandeurs.
En termes de perspective dans l’immédiat, la SN-CITEC entend diversifier ses sources de matière première pour compléter la production à base de graine de coton. La société compte également surfer sur la vague des « décisions et mesures courageuses dans le sens de développer l’industrie locale » du ministère du Commerce, selon le Directeur général, pour renforcer les partenariats stratégiques avec les importateurs. On se rappelle que pour résorber la problématique de l’écoulement d’huiles alimentaires, les importateurs et distributeurs s’étaient engagés à enlever l’huile en souffrance de la SN-CITEC, à travers la signature d’un mémorandum en présence du ministre en charge du commerce, Harouna Kaboré, le vendredi 21 septembre 2018 à Ouagadougou.
L’entreprise compte renforcer sa capacité de production pour répondre aux besoins des populations. Les bénéfices de l’année 2020 vont être réinvestis dans la savonnerie au titre de l’année 2021 et les équipements ont été déjà commandés. D’ici le 30 juin 2021, ces équipements nouveaux seront disponibles au niveau de la savonnerie pour augmenter la production et la productivité. Le format de savon en barre de 1,270 Kg a été déjà réhabilité et sera mis sur le marché.
Martin Sama
Encadré
La SN-CITEC en chiffres
Huile végétale raffinée : 20 000 tonnes/an
Coproduits : 60 000 tonnes/an
Capacité totale de trituration de graines de coton : 120 000 tonnes/an
250 employés.o