Pour faire le point sur la négociation et les enjeux de la la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), le pôle d’excellence en études africaines et le Centre africain pour le commerce international et le développement (CACID) ont organisé une conférence sur la zone de libre-échange continentale africaine. C’était le 10 décembre 2020 à l’Université Joseph Ki-Zerbo à Ouagadougou. Pour animer le débat, des panélistes de haut rang étaient sur le podium. Il y avait le Directeur général du commerce, Seydou Ilboudo, la Directrice du commerce de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), Rose Kabran, le représentant de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina, Pegnani Ouarma, les universitaires, à savoir le Pr Ousséni illy, le Dr Martial Zongo de l’Université Thomas Sankara et le Dr Zakaria Sorgho, économiste, qui a participé par visioconférence.
De nombreux avantages
La ZLECAf est un projet d’intégration économique caractérisé par la suppression des barrières au commerce sur les produits originaires des Etats membres. Il comportera 1,27 milliard de personnes avec un PIB combiné d’environ 2,5 milliards de dollars. Le projet a pour ambition d’augmenter le commerce intra-africain et d’industrialiser l’Afrique afin de créer une union douanière. Il est porteur d’espoir pour l’économie africaine. En effet, pour le Pr Illy, la ZLECAF augmentera la compétitivité des produits africains, l’intensification du commerce et l’économie d’échelle. Il poursuit que l’Afrique bénéficiera d’importants investissements étrangers et la création d’emploi. Selon la Banque mondiale, les gains de revenus réels découlant de la pleine mise en œuvre de ce projet seront substantiels. La ZLECAf stimulera considérablement le commerce africain, en particulier, le commerce intra régional de l’industrie manufacturière. La production totale du continent passerait à près de 212 milliards de dollars d’ici 2035. Ce projet pourrait sortir 30 millions supplémentaires de personnes de l’extrême pauvreté et 68 millions de la pauvreté modérée. La mise en œuvre de la ZLECAf créerait de meilleures opportunités pour les travailleurs non qualifiés et les femmes en soutenant le changement structurel. Cependant, il faudra faire face à des pertes de recettes des pays qui perdront certains avantages avec la ZLECAF, notamment, les tarifs douaniers. Il y a également la pression sur la production locale et le détournement du commerce à cause de la libéralisation du marché.
ZLECAF, une opportunité pour les pays de l’UEMOA
La ZLECAF est une aubaine pour l’UEMOA. En effet, elle lui permettra d’attirer les investisseurs qui créeront plus d’emplois, d’améliorer la compétitivité de ses entreprises, explique Rose Kabran, Directrice du commerce à l’UEMOA. Mais pour elle, les pays de l’Union devront régler les questions d’énergie, de transport, de télécommunication et de transformation industrielle afin de profiter pleinement du projet.
Et pour le Burkina Faso ?
Pour le Burkina Faso, les avantages de la ZLECAF ne sont plus à démontrer. Elle offrira des opportunités commerciales pour le pays à travers l’ouverture du marché africain et le désarmement tarifaire qui en découle. Les secteurs à fort potentiel pour le Burkina Faso dans le cadre de ce projet pourraient être le secteur du textile et des vêtements, la transformation agroalimentaire (cajoux, sésame, karité, etc.) et le secteur du bétail/viande. Le pays pourrait profiter du dynamisme des secteurs comme le BTP, le secteur financier et les services culturels. Cependant, le pays pourrait sortir perdant avec la libéralisation du marché. Plusieurs problèmes minent son industrie, notamment, l’insuffisance des infrastructures de transport, de communication et le problème de l’énergie.
Les perspectives
Les différents communicateurs et les intervenants ont envisagé des solutions pour relever les défis qui entravent la réalisation de la ZLECAF. Selon le Pr Illy, la réussite du projet repose sur un certain nombre de défis que l’Afrique devra relever. Il s’agit des contraintes liées à l’offre, la dotation en infrastructures (communication, transport, énergie…) et la libre circulation des personnes et des biens.
Il faudra résoudre aussi la question sur le respect des engagements et des textes. Il y a également la prise en compte des besoins particuliers de la femme par des programmes en lui permettant de trouver son rôle central dans l’intégration régionale. Au niveau du Burkina Faso, le Directeur général du commerce propose de poursuivre les consultations nationales pour l’élaboration d’une stratégie nationale de la ZLECAF pour tirer le meilleur parti du projet. « Il faudra mettre en place des politiques de développement du tissu industriel et de construction des infrastructures de transport, de communication, etc. la population devra être informée pour avoir son adhésion dans le processus », a-t-il mentionné. o
Issouf TAPSOBA (Stagiaire)
Encadré
Historique de la ZELCAF
En rappel, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF) était un vœu des pères fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) aujourd’hui l’Union africaine (UA). En effet, le traité d’Abuja portant création de la Communauté économique africaine (juin 1991) visait à créer, par étapes successives, une Union économique et monétaire panafricaine à l’horizon 2028. Il a fallu attendre 2012 pour voir débuter les négociations. Le projet est signé par 54 pays, ratifié par 33, dont certains poids lourds de l’économie africaine (Nigeria, Afrique du Sud, Algérie…). C’est en 2021 que sa mise en œuvre est attendue.