La digitalisation de différentes régies de recettes permet une mobilisation conséquente de ressources financières. Selon certains spécialistes, cet apport peut encore être significatif, si cette digitalisation permet d’améliorer la transparence budgétaire. Mais comment ? C’est justement pour mieux éclairer l‘administration financière, les exécutifs locaux et les contribuables que le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) a permis à deux experts burkinabè de partager leurs expériences. C’était autour de la thématique « Solutions numériques et améliorations de la transparence budgétaire dans la gestion publique », qui a eu lieu le 8 décembre 2020 à Ouagadougou. D’entrée, le spécialiste en cyber-sécurité, consultant senior pour l’administration fédérale américaine, Drissa Dao, a insisté sur le fait que pour s’assurer de la transparence budgétaire, il faut que l’administration soit volontariste et engagée et qu’elle se dote des codes de transparence. Cette administration financière doit aussi définir la cible à atteindre et définir le rôle et les responsabilités de toutes les parties prenantes dans le traitement des dossiers. Une fois ces préalables levés, cet ex-inspecteur du Trésor au Burkina Faso (vit maintenant aux USA) a révélé que le numérique présentait d’énormes avantages pour l’administration financière. Il cite le fait que le numérique permet la dissémination de l’information sous plusieurs formes ; permet de donner une information sécurisée et fiable ; facilite le travail des agents de la finance publique avec les usagers dans le traitement des différents dossiers ; permet aux régies financières de collaborer ensemble (Impôts, Douanes, Trésor et Budget), toute chose qui va faciliter la transparence budgétaire et faciliter le travail des contrôleurs internes.
L’expérience du FMI
C’est dans le même sens qu’a abondé Dr Jules Sanpawendé Tapsoba, actuel représentant-résident du FMI au Togo. Pour ce haut fonctionnaire international, avec le numérique, l’administration financière est plus rapide, plus efficace et surtout plus rentable dans ses offres de services. Il note que sa maîtrise facilite la gestion des crises. Dr Jules S. Tapsoba souligne que le numérique permet la déclaration d’impôts, la simplification des procédures (permis de conduire), la dématérialisation, facilite la transparence (cas de permis de conduire), évite les tentatives de corruption, le citoyen se sent participatif à la gestion de la cité, sauvegarde l’environnement en évitant la destruction des arbres. Il a souhaité que le gouvernement burkinabè accélère la digitalisation dans le domaine foncier et domanial, le cadastre fiscal, la commande publique. Car, dit-il, c’est un levier pour une gouvernance vertueuse. Le directeur exécutif du CIFOEB, Youssouf Ouattara, s’est félicité du fait que le Burkina Faso ait déjà implémenté le E-syntax pour un meilleur recouvrement des recettes fiscales, le Sydonia Web au niveau de la Douane qui permet le suivi des marchandises. Et tout récemment, le Sycotax mis en œuvre par la Mairie de Ouagadougou, dans le cadre de la collecte des recettes municipales. Le Maire de Koudougou, Maurice Moctar Zongo, a souligné combien la digitalisation facilite le travail de ses agents issus du domaine du foncier, de l’Etat civil et de la solde. Dans le souci de consolider ces avantages, Drissa Dao a insisté sur le fait d’avoir une solution numérique homologuée en matière de sécurité pour éviter les utilisations à des fins inavouées. Il recommande de ne pas confier l’installation du numérique à un seul informaticien. Il a surtout insisté sur le suivi des informations traitées sur les différentes plateformes créées.
Comme inconvénient, les deux intervenants ont évoqué l’inaccessibilité de l’Internet, la cyber-attaque, la cherté des TIC, la disparition du contact entre l’usager et l’administration financière, le citoyen perd sa liberté individuelle, car toutes ces données sont sues. Ils citent aussi la perte d’emploi avec trop de digitalisation.
« Le gouvernement burkinabè est sur la bonne voie »
Le Directeur général de l’ENAREF, Adama Badolo, a mentionné que le gouvernement burkinabè avait pris conscience du rôle et de l’importance des TIC dans l’amélioration des finances publiques. Il a souhaité des investissements conséquents pour une vulgarisation de l’Internet dans l’administration et l’augmentation du débit pour une diligence du traitement des dossiers. Pour que tout cela soit effectif, l’ancien Directeur général des Impôts en appelle à une volonté politique affichée. o
Ambèternifa Crépin SOMDA
Encadré
Transparence budgétaire: la Commune de Ziniaré reçoit le premier prix
Rendre publique l’information budgétaire aux citoyens, rendre cette information compréhensible, s’assurer de sa fiabilité, amener les citoyens de la cité à s’intéresser à la gestion de la cité, mettre en place un mécanisme de contrôle interne et externe, élaborer un guide de passation de marchés et encourager la gouvernance financière. Pour avoir respecté tous ces critères édictés par le CIFOEB dans le cadre de son prix sur la transparence budgétaire, la Commune de Ziniaré s’est adjugé le premier prix. En rappel, ce prix a été mis en place depuis 2017.o