Tabgtenga, Nagrin, Marcoussis, Zagtouli, Nioko, Saaba… les habitants de ces quartiers périphériques, communément appelés « non-lotis », sont dépourvus de tout. Pas de bonne route, pas d’accès à l’eau potable, ni à l’électricité encore moins à un poste de sécurité. Ils sont laissés à eux-mêmes. Dans ces conditions, s’installent l’insécurité, les maladies, le chômage… Leur seul espoir est et demeure dans un président du Faso qui aura un regard attentionné à leur égard. En attendant, quelques-uns parlent aux 13 candidats à la présidentielle de 2020.
Rachida Ouédraogo, habitante de Marcoussis
« Nous sollicitons un commissariat de police »
« Je souhaite des élections apaisées à mon pays. Que le prochain président du Faso se penche sérieusement sur l’économie nationale qui a pris un coup avec la pandémie de Covid-19. Il devra aussi se préoccuper du terrorisme qui menace le pays. La sécurité alimentaire est aussi une préoccupation. Pour ce qui touche mon quartier Marcoussis, il faut dire qu’il est inaccessible à la population. Pas une seule bonne route praticable. Nous sollicitons un regard bienveillant de la part du nouveau gouvernement qui va venir. En plus de bonnes voies, Marcoussis a besoin de caniveaux, de forages d’eau et des services de base tels qu’un centre de santé, une école et un poste de police pour veiller à notre sécurité ».
Hamado Rabo, habitant de Marcoussis
« Les voies sont impraticables, surtout en saison hivernale »
« Je suis habitant de Marcoussis, Arrondissement 9, secteur 37 de la ville de Ouagadougou depuis 2009. Mes attentes du futur président sont énormes. Le quartier Marcoussis est dans l’attente d’une bonne viabilisation pour le bonheur des habitants. Le problème majeur des résidents de Marcoussis demeure la voirie, car le quartier est enclavé. Pendant la saison hivernale, le quartier est pratiquement coupé du reste de la ville. Marcoussis devient inaccessible. C’est l’enfer pendant la saison pluvieuse, notamment, avec la grande voie qui va jusqu’au rond-point de l’église de Yagma, elle est la principale voie d’accès au quartier, mais elle est dans une situation de dégradation très avancée. C’est vrai que pendant la saison pluvieuse, de bonnes volontés s’évertuent à la réparer, dès les premières pluies, nous assistons à de fortes dégradations de la voie. L’accès à des voies praticables constitue un souci à Marcoussis ici. Nous attendons du prochain élu, qu’il songe un temps soit peu aux habitants des quartiers périphériques de la ville de Ouagadougou. Que le président élu inscrive dans ses priorités, la viabilisation réelle des quartiers périphériques. En saison sèche, la même voie est très poussiéreuse, source de maladies pour les habitants. Marcoussis étant un nouveau quartier et très éloigné, les résidents sont confrontés à l’insécurité de tout ordre. Sur ce point crucial, nous souhaitons bénéficier d’un commissariat de police pour la sécurité des habitants. Autre doléance, c’est le manque de poubelles pour faciliter le ramassage des ordures. Sinon, quand vous entrer à Marcoussis, vous aviez l’impression que c’est une décharge publique d’ordures. Dans ce quartier périphérique, de nombreux jeunes sont confrontés au chômage. Si l’Etat pouvait leur apporter des formations. Sans oublier les femmes qui ont besoin de mener des activités rémunératrices. Marcoussis n’est pas encore alimenté au réseau électrique malgré la présence des poteaux. Or, l’énergie électrique va booster les activités socioéconomiques. Ainsi, le secteur informel va connaitre une croissance à Marcoussis ».
André Yougbaré, habitant de Zagtouli
« Nous ne voulons plus de promesses creuses des politiciens »
« En 2015, il y a eu des promesses « creuses » pour le développement de ce quartier, mais à l’arrivée, rien n’a été fait. A cause de cela, nous les habitants de Zagtouli, nous ne croyons plus aux politiciens. Mais au cas où le président élu voudrait nous aider, qu’il commence par l’accès à l’eau potable qui manque cruellement dans cette zone. C’est vrai qu’ici, la plupart des gens ont des plaques solaires, mais si le gouvernement à venir pouvait faciliter l’accès à l’énergie électrique en nous permettant avec des branchements sociaux. Avec l’énergie, le quartier va connaitre un développement accéléré. Nous sommes également confrontés à un problème de voiries ».
Firmin Kaba, habitant de Nagrin
« Que le problème de nos PUH soit résolu »
« Mon adresse au futur président du Faso élu, qu’il songe sérieusement aux habitants des quartiers non lotis. A Nagrin où j’habite, nous sommes confrontés au problème de routes impraticables, au manque de caniveaux. Je souhaite aussi que le nouveau gouvernement essaye de résoudre la question des permis urbains d’habitation dont les gens sont en attente depuis des années. Nous avons énormément investis dans l’achat et la construction de nos maisons, mais jusqu’à l’heure actuelle, l’obtention du PUH est problématique ».
Abdoulaye Aboungati, habitant de Tabgtenga
« Nous voulons de l’eau potable pour boire »
« Nous attendons du futur président élu qu’il rende l’eau potable disponible aux habitants qui en souffrent. Les habitants de Tabgtenga survivent mais ne vivent pas. Nos mères, femmes et sœurs parcourent 2 km pour avoir ce précieux liquide. Tabgtenga est un quartier périphérique distant du centre-ville de 5km, mais souffre d’un sérieux problème de voiries pour soulager les habitants. En saison pluvieuse, le quartier est impraticable et cela est source de décès des femmes enceintes sur la route de la maternité. Il faut attendre 2 heures de temps avant que l’eau parte. Il faudra songer à la création des activités rémunératrices des femmes de Tabgtenga.
Ambèternifa Crépin Somda
Encadré
Le Burkina Faso court tout droit dans le mur »
Dans une enquête publiée en 2019 par l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD) de Ouagadougou sur les quartiers périphériques que sont Kilwin ; Tanghin ; Nioko II, Nonghin et Polesgo, il ressort que « les enfants courent près de 2 fois plus de risque de mourir avant l’âge de 5 ans, comparés à ceux des quartiers lotis ». Une surmortalité qui s’explique par l’absence ou l’insuffisance de services de santé modernes dans les quartiers périphériques. Une autre explication plausible est que les ménages des zones non loties sont davantage susceptibles d’adopter des pratiques à risque dans la gestion des déchets, quels que soient leurs niveaux de vie et d’instruction. Aussi, « les enfants des quartiers non lotis sont, par ailleurs, plus souvent sous-alimentés. Cette malnutrition est davantage liée à l’incidence de maladies infectieuses qu’au faible statut socioéconomique des parents ». Selon l’INSD, si rien n’est fait pour juguler le phénomène qui prend chaque jour de l’ampleur avec cette « surpopulation dans ces quartiers périphériques », le Burkina Faso court tout droit dans le mur. o