A quelques jours du jour de la présidentielle et des législatives, la Commission électorale nationale indépendante (CENI) et le Conseil constitutionnel, acteurs clés du processus électoral, ont fait une mise au point avec les autres parties prenantes. L’objectif est d’inviter chacun à jouer sa partition pour une transparence dans la tenue du double scrutin.
Les institutions majeures dans l’organisation des élections présidentielle et législatives du 22 novembre 2020 sont à pied d’œuvre pour une réussite du scrutin. La Commission électorale nationale indépendante (CENI) et le Conseil constitutionnel multiplient les rencontres avec les responsables des partis politiques pour que chaque partie s’implique véritablement dans ses responsabilités pour faciliter le travail d’ensemble. Lors d’une réunion aux allures de devoir de redevabilité, tenue le 9 novembre dernier, le président de la CENI, Newton Ahmed Barry, a fait le point de l’évolution du déploiement du matériel électoral dans les régions du Burkina aux 125 partis politiques qui participent au double scrutin. En principe, à partir de ce lundi 16 novembre, ledit matériel sera acheminé dans les différentes Communes du pays. Pour l’observation des 21 155 bureaux de vote qui seront installés sur le territoire national, le président de la Commission électorale a invité tous les responsables des partis politiques en compétition à faire parvenir les listes de leurs délégués dans les délais requis. La même requête a été faite pour les 68 bureaux de vote qui seront déployés à l’étranger. Les partis politiques ont été invités également à désigner des représentants pour les 368 centres de compilation des résultats. Prenant l’exemple malheureux de l’assassinat du conducteur d’un député dans la province de l’Oudalan, le premier responsable de la CENI a rappelé chacun au strict respect des consignes de sécurité. En un mot, tous les acteurs ont été exhortés à jouer pleinement leur rôle pour le bon déroulement du processus. Sur la même lancée, le président du Conseil constitutionnel, Kassoum Kambou, a initié une concertation avec la CENI et le Conseil supérieur de la communication sur l’évolution du processus électoral. A cette occasion, M. Kambou a rappelé que le travail de chaque acteur se poursuivait comme prévu. « Du bilan qui a été dressé par les présidents de la CENI et du CSC, tout est en ordre pour la tenue des élections dans de bonnes conditions », a-t-il précisé.
Le rythme soutenu des concertations entre acteurs du processus s’inscrit dans une dynamique de faire le jeu de la transparence. C’est pourquoi, lors de ces rencontres, certaines vérités ont été assénées sans ambages. Par exemple, lors de la rencontre entre la CENI et des responsables de partis politiques, certains intervenants ont suggéré que les petits partis puissent bénéficier d’un allègement des dispositions du Code électoral pour qu’ils puissent disposer de représentants dans les bureaux de vote au même titre que ceux qui ont une bonne assise financière. Une doléance à laquelle le président de la CENI a opposé une fin de non-recevoir. « Si la CENI transige avec la loi, c’est vous-mêmes qui allez tirer à boulets rouges sur nous. Ne comptez pas sur moi pour violer la loi », a-t-il clarifié. De son côté, le Conseil constitutionnel a fait savoir aux autres parties prenantes son désir d’être informé tout au long du processus. « Le Conseil constitutionnel a besoin d’avoir des informations précises pour contrôler le scrutin du 22 novembre. Et ce cadre a été le lieu de voir si la CENI était prête avec les éléments d’informations dont on a besoin, notamment, la cartographie et l’emplacement des bureaux de vote », a souligné le président du Conseil constitutionnel. Il a évoqué l’éventualité que le vote puisse se tenir dans certaines zones où il n’y a pas eu d’enrôlement à cause de l’insécurité. « Dans les zones où l’enrôlement n’a pas été fait, il y avait déjà des électeurs inscrits dans le fichier électoral. L’enrôlement concernait les nouveaux électeurs. Ceux qui ont des cartes depuis 2015 peuvent toujours voter. Des bureaux de vote peuvent être placés dans ces localités et les citoyens pourront convenablement prendre part au scrutin si la situation sécuritaire s’améliore », a-t-il indiqué. Ces mises au point traduisent une volonté de faire respecter le principe de transparence lors des élections dans ce contexte si particulier où elles se tiennent.
Jérôme HAYIMI
Encadré
Refermer la parenthèse électorale sans grabuges
Œuvrer à ce que les élections présidentielle et législatives recèlent tous les critères de transparence, c’est en filigrane prévenir toute éventuelle crise postélectorale. Dans l’ensemble, tout semble concourir à ce que ces échéances électorales ne soient pas entachées d’irrégularités. Les doutes inhérents à la fiabilité du fichier électoral soulevés par le chef de file de l’opposition politique ont été levés avec l’audit international qui a été fait. L’esprit de concertation qui anime les premiers acteurs du processus électoral illustre la volonté de tous de travailler à ce que le Burkina Faso referme cette parenthèse électorale dans la sérénité et dans l’acceptation du verdict qui sera livré. Toutefois, les candidats et partis politiques qui ont envahi les villes et campagnes du pays à la conquête de l’électorat doivent tenir compte du contexte sécuritaire du pays en évitant de prendre des risques inutiles. Ils doivent également avoir le réflexe de penser au pacte de bonne conduite qui les enjoint à préserver l’unité nationale. C’est dire que la surenchère verbale ne doit pas franchir les limites prescrites.o