L’Economiste du Faso : Face à l’extrémisme violent, nos valeurs culturelles pourraient-elles être d’un quelconque secours ?
Abdoul Karim Sango, ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme : Cela me paraît évident. Pour moi, l’approche que nous avons du terrorisme est une approche insuffisante. Je n’ai pas encore vu un pays dans le monde où la lutte contre le terrorisme a été gagnée exclusivement avec les armes.
Surtout que le terrorisme au Burkina Faso a un visage particulier, classiquement, on quitte un pays A pour aller poser des actes de terroristes dans un pays B, si vous regardez, cela a opposé le monde arabe au monde occidental, on a eu l’impression que c’était une bagarre de valeurs. Du reste, sur cette question, les Américains sont restés longtemps embourbés en Afghanistan avant de se rendre compte qu’il faut changer d’approche.
A quel moment faut-il mettre en avant nos valeurs culturelles ?
A un moment donné, il faut envisager cette guerre comme un problème d’intégration des populations, des peuples. Dans ce concept, il faut mettre en avant nos valeurs culturelles. La solidarité, qui est l’une des valeurs du continent africain, la vie est collective au détriment de l’individu. Tous les problèmes se résolvent en communauté, cette forme de solidarité avait pour but d’éviter que des individus dans le groupe soient en marge de la collectivité. Car, dès que quelqu’un est en marge de la société, il y a frustration. Sur ce, on aurait pu anticiper sur un certain nombre de choses. Le développement de l‘Etat, par exemple, n’allait mettre en marge une partie de la population. o
ACS
Miser sur le dialogue inter culturel
«Il faut le dialogue interculturel, dire aux uns et aux autres que nous avons un patrimoine culturel que nous partageons, donc, asseyons-nous et discutons. A Ouahigouya et à Manga, lorsqu’il y a un conflit, le médiateur tout fait c’est le forgeron, à qui personne n’ose dire non. Regardez les bagarres entre hommes politiques, cherchons des forgerons pour les régler. A cause de l’égoïsme de quelques individus, les intérêts collectifs sont souvent pris en otages. Le Conseil économique et social (CES) est en train d’emboîter nos pas dans la sensibilisation sur la cohésion sociale. Nous sommes en train de voir avec le ministère en charge de l’Education nationale, comment introduire les valeurs propres à nous dans le cursus scolaire. Nos enfants doivent connaître l’histoire du Président Maurice Yaméogo, de Ouezzin Coulibaly, de Nazi Boni, de Dimdolsom, de Thomas Sankara… », Abdoul Karim Sango, ministre de la Culture, des Arts et du Tourisme.