Le 27 mai 2020, à travers un webinaire, L’Economiste du Faso a assisté à la présentation des résultats financiers 2019 des 6 Bank of Africa (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Mali, Niger, et Sénégal), cotées à la BRVM. Retour sur les faits marquants des BOA de la zone UEMOA.
Le Groupe Bank of Africa se porte bien. En 2019, le Groupe a lancé deux nouveaux produits digitaux (MyBoa). Il s’agit d’application de Mobile banking, essentiellement destinée à la clientèle entreprise afin de prendre en charge la majeure partie de leurs transactions quotidiennes à distance.
L’année écoulée a aussi été marquée par la mise à disposition des clients de plusieurs nouvelles fonctionnalités et par la signature d’un protocole d’accord de partenariat avec WEMA Bank, banque nigérienne, pour une collaboration commerciale, dont l’objectif est de capter les flux entre le Nigeria et les pays d’implantation du Groupe BOA. Ce Webinaire a aussi été l’occasion de faire le point sur chacune des 6 banques du Groupe.
1re banque du Bénin en termes de crédits et de dépôts
En termes de performances financières, la marge bancaire de BOA Bénin progresse plus rapidement que les encours de crédits moyens, conséquence d’une meilleure rentabilité. Grâce à la quasi-stabilité des charges générales d’exploitation, le résultat brut d’exploitation progresse de près de 11% et le coefficient d’exploitation s’améliore à 54,8%. De ces résultats, on enregistre un léger recul des commissions, imputable aux opérations de change, en baisse à cause de la fermeture des frontières avec le Nigeria. Malgré tout, la filiale du Groupe au Bénin enregistre un résultat net en croissance de 18% et qui s’établit à 15 milliards F CFA.
Au niveau des performances commerciales, la BOA-Bénin se targue d’être la 1re banque du pays en termes de crédits et de dépôts, avec 50 agences dont une ouverte en 2019.
On note une hausse de 27% de la part de marché, en termes de crédits, et de 29% en termes de dépôts.
BOA-Mali affiche une perte de 6,9 Mds F CFA
Pour sauver BOA-Mali, le Groupe Bank of Africa a mis en place un plan de remédiation. En 2019, la filiale malienne de BOA a connu un contexte de dégradation importante du portefeuille de crédits. Elle a aussi fait face à des difficultés grandissantes de certains clients, dont les conséquences sont aggravées par un niveau de concentration élevé du portefeuille. Face à cela est né le plan de remédiation dont les principaux axes sont : le changement et la réduction des effectifs de la Direction générale ; le plan de réduction des charges (lancé en fin 2018), les mesures d’allègement du bilan, le plan d’assainissement du portefeuille accompagné d’une baisse notable des financements aux Corporate et une plus forte exposition aux Bons du Trésor, ainsi qu’un plan de restructuration des fonds propres. Malgré cela, BOA-Mali s’affiche comme la 4e banque en termes de crédits et de dépôts, avec 54 points de ventes (agences et bureaux).
En 2019, BOA-Mali a enregistré une performance en-deçà du marché dans un contexte d’octroi prudent. La banque a aussi accusé une hausse des encours de 2,9%, malgré les fermetures de bureaux/points de vente, reflet de l’amélioration de la productivité du réseau. En termes de dépôts, on note qu’elle ne possède que 11,3% de part de marché, un repli suite au retrait d’importants clients. L’augmentation du nombre de comptes (+9%) a entraîné une dilution à 17% des 10 plus gros déposants.
Par conséquent, les performances financières montrent que le produit net bancaire est en croissance de 7,8%. Le plan de réduction des charges générales d’exploitation continue à porter ses fruits, avec une amélioration du coefficient d’exploitation à 71%. Ainsi, le résultat brut d’exploitation ressort en hausse de 46,6%. Les bonnes performances de la banque ont été annihilées par le niveau de provisions pour risque exceptionnellement élevé (17 Mds F CFA de créances déclassées, dont 75% sur 5 dossiers), en dépit de meilleures performances de recouvrement que l’année précédente. Aussi, BOA-Mali affiche une perte de 6,9 Mds F CFA.
Au Burkina Faso, BOA est 2e en termes de crédits et 3e en dépôts
Avec un réseau de 52 agences, BOA-Burkina Faso affiche des performances commerciales en augmentation. + 17% de part de marché au niveau des crédits et une croissance modérée à +2,8% dans un secteur en progression soutenue.
Petit bémol, l’impact de la banque agricole, nouvel acteur dans le secteur, a entraîné un ralentissement de la croissance de la banque en 2019. Que cela importe, BOA-BF enregistre une hausse de 17% de part de marché en termes de dépôts.
Du côté des performances financières, on note une progression relativement faible de la marge bancaire due aux revenus en baisse des titres de placement (-5%), suite à la baisse des encours moyens, alors que la marge d’intérêts clients augmente (+12%). Elle est palliée par la performance notable des commissions et opérations financières, imputable à un revenu exceptionnel sur opération financière et dans une moindre mesure, aux frais de dossiers et de tenue de compte.
Ainsi, en 2019, le Produit net bancaire de la banque ressort en croissance de 7,8% ; le coefficient d’exploitation s’améliore à 44,9% ; le Résultat brut d’exploitation, quant à lui, progresse de près de 13% et le coût du risque reste maîtrisé à 0,4% des encours moyens, malgré une forte augmentation due à des passages en perte et un volume de reprises inférieur à celui de 2018. Il en ressort un résultat net à 18,5 Mds FCFA, en hausse de +7%.
4% de part de marché en plus pour BOA-Côte d’Ivoire
En République de Côte d’Ivoire, la Bank of Africa est classée au 8e rang, avec 4% de part de marché en termes de crédits et de dépôts et un réseau fort de 40 agences. Les performances commerciales affichent une faible croissance des dépôts due à d’importants transferts effectués en fin d’année. Et une hausse de 6% du nombre de comptes induisant une baisse du niveau de concentration à 20% (contre 23% en 2018).
Au niveau des performances financières, l’on constate, pour 2019, une faible progression de la marge bancaire, portée par les revenus de titres de placement ; une forte hausse des commissions de 19,2% (dont commissions exceptionnelles sur opérations de placement) permettant de compenser la faible croissance des revenus d’intérêts. Ainsi, le PNB croît de 7,7%. De plus, grâce à une bonne maîtrise des charges, le coefficient d’exploitation s’améliore à 55,2% et le résultat brut d’exploitation ressort en hausse de 12%. Le coût du risque augmente légèrement mais demeure toutefois à un niveau maîtrisé à 0,47% des encours de crédits, entraînant un résultat net en croissance de 23% à 14,4 Mds F CFA.
1re banque du Niger en termes de crédits et 2e en dépôts
Les 30 agences de BOA-Niger ont enregistré une performance légèrement supérieure à celle du secteur dans le pays. La part de marché en crédits est de 18%, légèrement supérieure à celle du secteur. La banque a aussi enregistré une légère augmentation du poids des PME (15% du portefeuille contre 14% en 2018 et 12% en 2017) dans le cadre de la transformation bilancielle de la banque. En termes de dépôts, elle a 19% de part de marché.
En termes de performances financières, on remarque que le Produit net bancaire ressort en croissance de 13,7%. Le Résultat brut d’exploitation (RBE) progresse de 11,3%, et le coût du risque se maintient aux alentours de 0,5% des encours de crédits, avec un taux de couverture en amélioration à 88%, grâce aux dispositifs de recouvrement. Le résultat net ressort à 8,5 Mds F CFA, en hausse de 11%.
5e banque en termes de crédits et 4e en termes de dépôts
Si au Sénégal, la Bank of Africa arrive 5e en termes de crédits, en termes de performances commerciales, la banque possède 5,5% de part de marché en termes de crédits. Comparé au secteur bancaire du pays, il s’agit d’une belle performance, car légèrement supérieure à celle du secteur. La part de marché en termes de dépôts a aussi augmenté et se situe à 6,4%, soit une forte progression (+17,8%) nettement supérieure au secteur.
Le produit net bancaire de BOA-Sénégal a connu une croissance de 20,7%. Poursuivant cette bonne performance financière, le coefficient d’exploitation s’améliore à 58,9%, malgré une hausse des charges générales d’exploitation de 1,6 Mds F CFA. Aussi, le résultat brut d’exploitation enregistre une forte progression de 40%. Et même si le coût du risque augmente fortement du fait d’importantes reprises (9 Mds XOF) en 2018, il demeure maîtrisé à 0,88% des encours de crédits, avec un taux de couverture en amélioration à 56% (contre 44% en 2018). Le résultat net ressort à 9,1 Mds XOF, en hausse de 7,1%.
NK
Encadré:
Le Groupe BOA à la BRVM
Quelles sont les performances des 6 banques de la zone UEMOA du Groupe ?
BOA-Sénégal a été sanctionnée malgré une bonne performance et des ratios financiers solides. Résultat, le Dividende brut a été fixé de 179 F CFA par action. En termes de volume d’échanges mensuel moyen, en 2019, 41.548 titres ont été échangés, contre 38.425 titres en 2018.
Bien qu’affichant des résultats et dividendes en progression continue ainsi que des niveaux de rentabilité élevés, le titre BOA-Niger a perdu 13% de sa valeur en 2019. Le montant du dividende brut a été voté en AGO à 462 F CFA. Volume d’échanges mensuel moyen en 2019 : 14.867 titres, contre 36.423 titres en 2018
BOA-Mali a été logiquement sanctionnée par le marché. Notons que le budget 2020 de BOA- Mali (avant la crise COVID-19) prévoit un retour bénéficiaire dès 2020. Malgré tout, le volume d’échanges mensuel moyen en 2019 s’établit ainsi qu’il suit : 43.147 titres contre 25.129 titres en 2018.
Malgré des résultats en croissance constante et des niveaux de rentabilité élevés, le titre BOA- Côte d’Ivoire a accusé à nouveau une baisse en 2019, avec un dividende brut de 350 F CFA. Le volume d’échanges mensuel moyen en 2019 s’établit ainsi qu’il suit : 31.137 titres contre 44.315 titres en 2018.
Au Burkina Faso, le cours BOA-BF a été fortement sanctionné, à l’instar de l’année précédente, malgré la solidité financière de BOA-Burkina Faso et ses performances durables. Ceci induisant une baisse du Dividende brut de 423 F CFA par action. Le volume d’échanges mensuel moyen en 2019 s’établit ainsi qu’il suit : 23.880 titres contre 27.296 titres en 2018.
Performance boursière non corrélée avec les résultats de la banque. Le titre BOA-Bénin s’est déprécié de 14% malgré les fondamentaux solides et durables de la banque, avec un Dividende brut de 459 F CFA par action. Le volume d’échanges mensuel moyen en 2019 s’établit ainsi qu’il suit: 20.876 titres contre 28.590 titres en 2018.