Avec l’apparition de la Covid-19, les différents pays à travers le monde ont pris des mesures restrictives pour contenir la propagation de la maladie. Malheureusement, selon une étude de la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) réalisée en mars 2020, ces restrictions ont eu un fort impact sur l’économie burkinabè. Pire, mentionne le rapport, les mesures restrictives annoncées aussi par le gouvernement, liées au couvre-feu, à la fermeture des frontières et autres concernant les établissements accueillant du public ont impacté l’activité des entreprises et l’économie dans son ensemble.
L’étude qui a porté sur « les impacts de la maladie à Coronavirus sur l’économie burkinabè et les mesures de mitigation » révèle que ces conséquences négatives s’expliquent par la forte dépendance de l’économie burkinabè de l’extérieur avec l’Europe comme premier partenaire commercial en termes d’exportation (58 ,2% des exportations en 2019), suivie de l’Asie (12,8%) et la République populaire de Chine en tant que premier partenaire d’importation (12,2% des importations totales en 2019).
Du reste, comparativement aux deux premiers mois de 2020 à ceux de 2019, le volume des importations a baissé de 29% en 2020 par rapport à la même période de 2019. Aussi, les effets des mesures restrictives touchent directement ou indirectement certains secteurs d’activités, dont celui de l’approvisionnement en produits pharmaceutiques.
Les enquêteurs, qui ont produit l’étude, mentionnent qu’en raison de la fermeture des frontières et des rétentions/réquisitions des produits pharmaceutiques des pays producteurs au profit de leur propre population, le secteur médical et pharmaceutique connait également de fortes perturbations. Ce qui entraîne de fortes tensions sur la disponibilité et les prix de certains produits essentiels dans le cadre de la lutte contre la COVID-19. Ceux-ci disent constater sur le terrain, des ruptures de stocks de certains produits pharmaceutiques liées à une augmentation accrue de leur consommation.
Enfin, la distribution des produits de grande consommation a connu de grandes perturbations avec la fermeture des marchés et yaars. Le secteur agricole pourrait souffrir non seulement des difficultés d’approvisionnement en intrants et matériels mais aussi du ralentissement de la mise en œuvre des projets soutenus par des partenaires extérieurs.
Pour les enquêteurs, il n’y a pas de doute que la pandémie aura des conséquences dommageables sur l’économie nationale dans son ensemble et les entreprises en particulier. En effet, plusieurs entreprises qui étaient déjà sous tension en raison de la crise sécuritaire, pourraient vite se retrouver dans une situation compliquée où leur survie est même menacée.
Pour y faire face, les rédacteurs du rapport recommandent la prise des mesures urgentes à moyen et long terme, pour atténuer les effets de la pandémie sur l’économie et assurer la continuité de l’exploitation des entreprises. Les mesures urgentes, selon les enquêteurs, doivent porter sur les facilités de ravitaillement en produits finis ou matières premières, l’allègement des charges d’exploitation, etc. Au-delà des mesures urgentes, ils recommandent une réflexion approfondie qui devra permettre d’engager des mesures de moyen et long termes pour une réorientation industrielle et permettre à l’industrie locale de pourvoir aux besoins essentiels de consommation du pays.
Le secteur de l’artisanat a été fortement touché
En sus des répercussions du contexte sécuritaire depuis cinq ans, le secteur du tourisme pâtit des conséquences des mesures restrictives, comme en témoignent les chiffres. Sur un total de 1 800 membres, la moitié des membres de l’Association professionnelle des hôteliers et restaurateurs du Burkina Faso « APHRB » est à l’arrêt sur toute l’étendue du territoire. Il en est de même pour le secteur de l’artisanat, fortement dépendant de l’entrée de touristes étrangers et de la participation des acteurs aux foires commerciales. Tout comme le tourisme et l’artisanat, le secteur de l’hôtellerie et de la restauration connait des difficultés supplémentaires liées aux mesures restrictives édictées. o
Ambéternifa Crépin SOMDA
Encadré:
Les 7 principales recommandations
– La surveillance de la chaîne d’approvisionnement et de fluidification des corridors ;
– l’évaluation du stock de sécurité des produits essentiels ;
-la réorientation industrielle ;
– le soutien à l’économie ;
– la mise en place d’un système d’évaluation de la conformité des produits avant embarquement ;
-la promotion de la consommation des produits locaux ;
-l’exploitation des opportunités offertes par des dispositions communautaires et internationales. o
Source : Document CCI-BF (mars 2020)