La communauté internationale célèbre le 8 mars de chaque année, la Journée internationale des femmes. Cette célébration met en avant la lutte pour la promotion des droits des femmes en ce qui concerne la réduction des inégalités entre hommes et femmes. Au Burkina Faso, le cadre politique et législatif est favorable à cette lutte. La Constitution du 2 juin 1991 interdit toute forme de discrimination envers les femmes.
La politique nationale genre adoptée en 2009 promeut l’égalité des chances entre les hommes et les femmes dans le processus de développement. Elle analyse le genre sous l’angle des inégalités et des disparités entre hommes et femmes en examinant les différentes catégories sociales dans le but d’une plus grande justice sociale et d’un développement équitable.
Le Plan national de développement économique et social (PNDES) 2016-2020 aborde la question genre sous l’angle de la persistance des inégalités de genre, l’exclusion sociale, la participation politique des femmes, le faible niveau d’emploi et d’éducation des femmes et propose des solutions pour y remédier et met l’accent sur le développement du capital humain.
Malgré tout cet arsenal, les inégalités entre hommes et femmes sont criardes dans la société burkinabè, en général, et dans le secteur des mines spécifiquement.
Au ministère des Mines et des Carrières, sur un effectif total de 211 agents, 58 sont des femmes, représentant un taux de 27,49%. Ce nombre est en hausse par rapport aux années antérieures. En 2017, on a dénombré 53 femmes au ministère. Elles étaient 50 en 2016 et 49 en 2015.
En 2018, seulement 16% des cadres supérieurs du ministère des Mines étaient des femmes. Le pourcentage des femmes au niveau des cadres moyens était de 40%. C’est au niveau des agents d’exécution que l’on a dénombré plus de femmes, 51,43%. Elles représentaient 19,35% de l’effectif des agents d’appui en 2018. La situation n’est guère meilleure dans les autres structures de ce ministère. Au Bureau des mines et de la géologie du Burkina (BUMIGEB), sur un effectif total de 157 agents, on a dénombré 25 femmes, soit 15,92% de l’effectif. A l’Agence nationale d’encadrement des exploitations minières artisanales et semi-mécanisées (ANEEMAS), on compte seulement 7 femmes sur 45 agents, soit un pourcentage de femmes de 15,9%.
Dans les sociétés minières et les entreprises de fournitures de biens et services miniers, la présence des femmes n’est pas documentée et actualisée. La seule source est le rapport 2016 de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE) du Burkina qui a désagrégé les effectifs des emplois par sexe. Sur un effectif total de 6.263 personnes employées par les 16 compagnies minières industrielles sollicitées, 184 étaient des femmes en 2016, soit 2,93% de l’effectif total.
Les femmes ne sont pas des bénéficiaires directes des activités extractives.
Au niveau de l’affectation des revenus miniers, le Burkina Faso applique le principe de l’unicité de caisse de l’Etat qui veut que les ressources publiques dont celles provenant du secteur minier soient déposées au Trésor Public. Ces revenus font l’objet d’allocation par secteur. Il devient impossible de suivre la traçabilité des ressources issues du secteur pour dégager celles qui ont été transférées en faveur des femmes.
Pourtant, la nécessité de disposer de données sur l’utilisation des 20% de taxes superficiaires reversés aux collectivités et les revenus du Fonds minier de développement local (FMDL) en faveur des femmes devient une exigence.
Plusieurs obstacles concourent à approfondir les inégalités entre hommes et femmes dans ce secteur. Selon les résultats du projet pilote « Genre dans le secteur minier » de Publiez ce que vous payez, une des barrières est d’ordre social et culturel qui voit la femme comme un sexe faible. Mais de nombreuses femmes sont intéressées aux métiers de la mine mais elles font face à des contraintes. En effet, les projets miniers sont installés en milieu rural. Les travailleurs y passent de nombreux jours avant de revenir dans les foyers. Une telle exigence engendre des réticences de certaines familles.
Cette mauvaise conception a une répercussion sur l’équilibre familiale, sociale à long terme. Enfin, le secteur minier est contraignant pour les femmes enceintes et celles qui ont des nourrissons qui ne sont pas admis dans les projets miniers sur les sites miniers.
Au niveau de l’administration publique, la forte mobilité des agents publics constitue une grande difficulté.
Elie KABORE
AFEMIB : pour la prise en compte des besoins spécifiques sur les sites miniers
L’Association des femmes du secteur minier du Burkina Faso (AFEMIB) regroupe des femmes travaillant dans le secteur. Par le renforcement des capacités des femmes, elle cherche à répondre à leurs besoins spécifiques au plan socioéconomique. L’AFEMIB s’investit dans les sites miniers artisanaux pour la reconversion économique des femmes qui y travaillent dans des conditions difficiles. Elle a permis à plus de femmes d’acquérir des pièces d’état civil. Celles-ci ont pu contracter des microcrédits pour des activités génératrices de revenus.