Du 26 au 28 mars 2020, les centrales d’achats de médicaments essentiels de 22 pays africains se retrouveront à Ouagadougou, dans le cadre de la 22e Assemblée générale de leur association, l’ACAME.
C’est une première pour le Burkina qui accueille cet évènement depuis sa création ; et pour cause, le pays accueille le siège et le Secrétariat technique de l’association panafricaine. Cette 22e session qui se prépare a fait l’objet d’une présentation aux médias le 27 février dernier. Le président de l’ACAME, le Pr Ange Désiré Yapi, a déroulé les grandes lignes de l’Assemblée générale qui se tient autour du thème «Rôles et missions des centrales d’achats de médicaments essentiels pour une couverture sanitaire universelle réussie». C’est une préoccupation des pays africains qui se sont engagés à faire de la couverture sanitaire universelle une réalité d’ici 2030. D’ailleurs, l’Assemblée générale est placée sous le très haut patronage du président du Faso.
La Couverture sanitaire universelle (CSU) repose sur deux piliers : l’accessibilité physique et financière des populations aux services de santé essentiels. Dans ce cadre, explique le Pr Yapi, « certains gouvernements des pays membres de l’ACAME ont démarré la couverture maladie universelle, entraînant une forte augmentation de la demande en médicaments. Dès lors, il apparait nécessaire, voire primordial pour les centrales nationales d’achats de rendre disponibles et financièrement accessibles des médicaments de bonne qualité ». En cela, explicite le président de l’ACAME, les centrales d’achats sont
un pilier de la prise en charge des populations, car après le diagnostic qui repose sur un plateau technique adapté, 90 % de la prise en charge repose sur le traitement médicamenteux.
C’est ce défi de la disponibilité des médicaments et de leur accessibilité financière que doivent relever les membres de l’ACAME, à travers les communications scientifiques, les partages d’expériences et de bonnes pratiques. Les hôtes du Burkina auront également l’occasion de visiter les infrastructures de la CAMEG.
Cette conférence de presse a été l’occasion pour les journalistes de soulever quelques préoccupations relativement à la question des faux médicaments et l’état des lieux de la production de médicaments localement.
Sur les faux médicaments, les explications du Pr Yapi ont été sans ambigüité. Les centrales d’achats ont un système d’assurance qualité qui garantit la qualité des médicaments et qui implique les laboratoires nationaux pour contrôler la qualité des médicaments achetés ainsi qu’un système de veille qui permette de relever les incidents et de les traiter.
Cette garantie de la qualité repose également, selon lui, sur la qualité des fournisseurs. Ceux-ci font l’objet de requalification OMS et seuls les fournisseurs présents sur cette liste peuvent soumissionner aux appels d’offres. Le circuit des centrales d’achat est donc sain. Les faux médicaments, dira le conférencier, ont un autre circuit qui ne présente pas les mêmes garanties de sécurité. Pour lui, il faut aller très rapidement à l’assurance maladie universelle, qui garantit une prise en charge des médicaments aux malades dans le circuit officiel, voire à moindre coût. Relativement à la production de médicaments sur le continent. Les pays d’Afrique du Nord tels que la Tunisie et l’Algérie couvriraient une bonne partie de leur besoin. En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire disposerait de 6 unités de production, le Sénégal en possède également. Le Burkina est dans la course et pourrait en disposer également d’ici à l’année prochaine. Pour le président de l’ACAME, la production locale est un élément stratégique.
Mais en attendant que ce segment se développe, l’ACAME utilise son réseau de 22 membres pour des opérations de dépannage en cas de ruptures de stocks ou de surstocks et procède à l’élaboration de procédures communes pour améliorer les performances de ses membres.
JB
ACAME, bref aperçu
L’ACAME est une association qui regroupe les centrales d’achats de médicaments essentiels de 22 pays d’Afrique. Elle a été créée le 19 juillet 1996, sous la forme juridique d’ASBL enregistrée au Burkina Faso. En 2017, l’ACAME a adopté son premier Plan stratégique pour la période 2017-2021. Depuis janvier 2018, elle est devenue un acteur non étatique de l’OMS. En juillet 2018, l’ACAME a signé son accord de siège avec le gouvernement du Burkina Faso. Un accord qui fait du siège de l’association à Ouagadougou au Burkina Faso.
L’ACAME s’appuie sur 4 axes prioritaires qui sont :
La mise en place de système qualité conforme aux référentiels internationaux ;
L’amélioration de la performance logistique en termes d’achats, de stockage et de distribution ;
L’usage rationnel du médicament ;
La promotion de la production locale.