L’Union nationale des producteurs de riz du Burkina (UNPR-B) et le Comité interprofessionnel du riz du Burkina (CIR-B) ont organisé un dialogue multi-acteurs sur la filière pour discuter des préoccupations des professionnels afin de dégager des pistes de solutions. Au menu des échanges de ce dialogue qui a eu lieu à Bobo-Dioulasso les 11 et 12 février derniers, la pérennisation des achats institutionnels au profit des acteurs de l’interprofession, son implication dans la mise en ouvre de la Stratégie nationale de développement de la riziculture (SNDR 2). La première journée a été dominée par les discussions sur les problèmes liés aux achats institutionnels et les rejets des livraisons pour non-conformité par l’organisme en charge du contrôle qualité. Si les rejets restent une préoccupation, pour le président de l’Interprofession, Georges Kienou, il y a que le marché du riz local est en train de leur échapper si rien n’est fait. De nouveaux acteurs, les commerçants, y ont trouvé une niche.
Deux jours d’échanges sur comment pérenniser les achats institutionnels des produits locaux, notamment, le riz. Quel est le problème à résoudre ?
Nous avons organisé ce dialogue multi-acteurs sur la problématique de la pérennisation des achats institutionnels parce qu’il ya des difficultés que nous souhaitons résoudre au bénéfice des maillons de la filière. Notre souhait est de voir effectivement les achats institutionnels profiter aux vrais acteurs. Aujourd’hui, pour avoir du riz local de bonne qualité, il faut se tourner vers les professionnels que nous sommes. Je veux dire que si ces achats institutionnels, dont le but est de soutenir la filière du riz burkinabè, ne passent pas par l’Interprofession, il y a un problème. On voit des commerçants se lever et prendre les marchés des cantines et l’exécutent.
Voulez-vous donc plus de coordination ?
Oui, l’Union nationale des producteurs de riz a été la première à faire ce plaidoyer pour l’écoulement de la production via les cantines scolaires, l’Armée et les Maisons d’arrêt. En 2016, la première opération que nous avions menée avec le gouvernement a été un succès. Nous avions alors couvert trois régions. C’est au vu de cela que le gouvernement a décentralisé l’opération.
Depuis un certain temps, la qualité du riz livré est remise en cause ou du moins fait l’objet de rejet, les gens ont tendance à indexer les producteurs alors que ce n’est pas toujours avéré que c’est nous les responsables. C’est pour cela que nous travaillons à ce que les marchés gérés par l’Interprofession soient exempts de reproches en termes de qualité, parce que ces vivres sont destinés à nos enfants.
Donc il y a des acteurs qui ne sont pas de l’Interprofession qui livrent du riz local…
Tout à fait. Notre objectif c’est que l’on nous (Interprofession) permette de gérer les marchés du riz local et que les commerçants s’occupent du gap à importer. Actuellement, on voit des libraires, des vendeurs de motos se transformer en livreurs de riz local. Très souvent, ce n’est pas du riz local qu’ils livrent aux cantines sous prétexte qu’il n’y en a pas sur le marché. Certains livrent du riz importé en indiquant que c’est du riz local. Or, ce n’est pas toujours vrai. L’idée, c’est de permettre aux professionnels de l’Interprofession de gérer cette production locale et qu’avant de permettre aux importateurs de commander, que les commanditaires s’assurent auprès le l’Interprofession que le riz local n’est plus disponible sur le marché. .
Quelles quantités avez-vous livrées jusque-là ?
En 2016, nous avons livré 9000 tonnes aux trois régions (région du Centre-Est, Centre-Nord et la région de l’Est). En 2017, nous avons chuté autour de 4000 tonnes, parce que quand le gouvernement a décentralisé (ouvert le marché), tout le monde est entré dans le jeu. Les Communes n’avaient pas toutes compris l’idée des conventions qu’elles pouvaient signer avec nous par rapport à l’option des appels d’offres. Donc nous n’avons pas eu beaucoup de marchés. Des Maires ont préféré contracter avec les commerçants. On dit que ce sont les affaires ; mais il ne faut pas oublier l’idée qui sous-tend la mise en place des achats institutionnels. Donc, ces deux jours nous ont permis de faire le tour des difficultés et de faire des propositions pour que les achats institutionnels ne nous échappent pas.
Par F.W
L’évolution des achats institutionnels
L’expérience d’achats institutionnels avec le MENA (seulement 3 mois au cours de l’année scolaire 2016-2017)
En Mars 2017, l’Etat décide de changer de stratégie, en responsabilisant les Mairies dans les achats de vivres au profit des cantines de leur Commune. Ce choix politique a induit une ouverture totale du marché qui a déclenché une concurrence pour l’obtention des marchés auprès des Mairies.
Une loi pour préserver le marché des produits locaux ?
C’est la proposition faite par les acteurs de l’Interprofession du riz. La mise en œuvre de l’arrêté du Premier ministre sur les achats institutionnels est considérée par les acteurs comme une grande avancée dans la promotion du consommons burkinabè. Mais les professionnels du secteur souhaitent sécuriser ce marché local par une loi, considérant que l’arrêté est une solution conjoncturelle. C’est ainsi qu’une étude a été déjà réalisée sur la question par le CIR-B avec l’appui de l’ONG Rikolto dans l’objectif de mettre en place une stratégie de plaidoyer visant à faire adopter une loi qui favorise les achats institutionnels des PASPHF (produits agro-sylvo-pastoraux et fauniques) du Burkina Faso.