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Fourniture des cantines scolaires. Ça coince

L’objectif du premier des trois dialogues multi-acteurs prévus dans le cadre du projet RIKOLTO-CFSI/FF organisé par l’Union nationale des producteurs de riz et le Comité interprofessionnel du riz du Burkina (UNPR-B) était d’échanger et de proposer des pistes sur comment «favoriser la commercialisation et la pérennisation des achats institutionnels des produits agricoles locaux en cours de développement depuis 2016 au Burkina Faso».
Pour ce faire, tous les maillons de la filière étaient représentés à Bobo-Dioulasso, les 10 et 11 février 2020, pour cet exercice qui s’est avéré quelquefois houleux. La raison: le diagnostic du modèle des achats institutionnels actuel est miné par une crise de confiance entre les acteurs. Les Maires des Communes bénéficiaires ont dit leur colère face au blocage de la livraison des vivres. Essentiellement du riz, du niébé et de l’huile. Ils subissent la pression des écoles depuis la rentrée des classes, c’est-à- dire depuis le mois d’octobre 2019.

Les Maires en travaux de groupe. (DR)

Le Maire de Tougan estime que les élus locaux sont devenus des boucs émissaires : «Nous ne sommes pas responsables du processus, ce que nous voulons, ce sont les vivres à bonne date». Même son de cloche chez son homologue de Mangodara: «Nous sommes pris en otages. Comment comprendre que l’on commence le deuxième trimestre sans vivres pour les enfants», interroge-t-il. Le sentiment général chez les Maires, lors des échanges, c’est qu’il y a anguille sous roche et que l’on tenterait d’une façon détournée, de leur enlever la gestion des marchés des cantines.
Du côté de l’UNPR-B, le président, Georges Kienou, interpellé sur la non-livraison des vivres, se lance dans une explication qui révèle que la faîtière ne maîtrise plus vraiment le calendrier de livraison à bonne date. Il confirme que depuis deux mois, voire trois, les commandes sont prépositionnées dans les écoles, attendant le blanc-seing du certificateur, Tecal Sate. Cet organisme a obtenu le marché du contrôle de la qualité des vivres pour les cantines scolaires auprès du MENAPLN.
Mais cette année, les rejets sont récurrents et commencent à irriter plus d’un producteur ; et pire, les motifs des rejets semblent contestables, selon les acteurs de la filière. Parmi ceux qui sont le plus critiqués: le temps mis pour le contrôle, le taux de brisures pour le riz et le pourcentage de grains noirs pour le haricot (2%).
Il a été proposé de revoir les seuils, dans la mesure où l’incidence sanitaire de ces critères ne serait pas avérée. Autre reproche fait à l’expert, le fait de bloquer toutes les denrées alors qu’une seule fait l’objet de rejet.
Les responsables de Tecal Sate étaient absents malheureusement à ce dialogue multi-acteurs, mais les échos de la salle leur sont parvenus. Au point où un message de leur part invitant tous les Maires présents dans la salle à prendre attache avec ses services pour de plus amples informations. Certains Maires se sont exécutés et ont rapporté à l’assistance que d’après Tecal Sate, les informations sont transmises régulièrement au point focal de l’UNPR-B. Il y aurait donc un problème de remontée de l’information.
Le haricot est plus concerné par les nombreux rejets. Pour le riz, au-délà de 0,5% d’impureté, il est réjeté. D’après l’expert, une dizaine de Mairies sur 26 a déjà son OK.
Sur le blocage de toute la livraison alors qu’une seule denrée ne serait pas aux normes, le président de l’interprofession a informé les participants que l’expert en contrôle qualité avait souhaité qu’elle lui écrive afin qu’il puisse examiner cette requête.

FW


Les suggestions pour pérenniser les achats institutionnels

Un des objectifs spécifiques du dialogue multi-acteurs de la filière riz tenu à Bobo-Dioulasso était de permettre aux acteurs de la filière riz d’échanger autour de l’arrêté du Premier ministère relatif aux achats institutionnels des produits locaux afin d’identifier les voies et moyens pouvant favoriser sa pérennisation. Cet exercice a été fait et il en a découlé des suggestions et des recommandations pouvant favoriser la pérennisation des achats institutionnels au Burkina Faso. Parmi elles, on peut retenir :
– La modification du taux de brisure du riz ;
– Elargir le nombre de cabinets d’expertise pour mieux couvrir le territoire afin de réduire les délais d’attente
– Aller vers l’homologation des transformateurs
– Segmenter des marchés du riz et du niébé
– Exprimer les besoins à temps
– Prospecter les voies d’une agriculture contractuelle pour contourner les difficultés de financement.

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