«Pour la construction de logements sociaux, je m’engage d’ici 2020 à faire de l’accès au logement un droit effectif», déclarait Roch Marc Christian Kaboré, candidat à la présidentielle de novembre 2015. Un engagement qui a pris corps par la suite, avec la mise en place du Programme national de construction de logements (PNCL), communément appelé 40.000 logements.
Que devient cette promesse du président et où en est-on avec les résultats du PNCL?
Le chef du département de l’Habitat et de l’Urbanisme, Maurice Bonanet, avouait, le 16 janvier 2020 à Koudougou, lors d’une visite sur le chantier de construction de logements, «n’avoir pas atteint les performances fixées». Quoi qu’il en soit, il a rassuré qu’il était en train d’être exécuté sur le terrain et que le pari sera tenu.
En effet, selon des indiscrétions au niveau du ministère de l’Habitat et de l’Urbanisme, le PNCL enregistre des résultats. Le plus palpable est le chiffre de 1.200 logements déjà commercialisés à Ouagadougou. Autres faits notables, 100 logements déjà réalisés à Banfora et le démarrage effectif de 100 autres de la deuxième tranche. 50 logements déjà réalisés à Ziniaré, et la réalisation en cours de 100 autres logements, dans la même localité.
Des conventions déjà signées pour 2020
En dehors de ces villes, on enregistre pour Gaoua (475 logements), Manga (500 logements, 200 logements des « Forces vives » et 300 logements sociaux et économiques), Tenkodogo (100 logements sociaux et économiques dont 50 réceptionnés, environ 600 logements des Forces vives) dans le cadre de la célébration du 11-Décembre dans ces localités respectives. Sans oublier la construction des 300 logements à Koudougou.
En termes de perspectives, le ministère de l’Habitat s’engage pour 2020 à mobiliser plus de 80% des 2.000 hectares nécessaires à la réalisation de l’ensemble des logements dans le cadre du programme. Il y a aussi le lancement, dans les prochains jours, de la construction de logements à Ouahigouya (300), Dédougou (200), Fada N’Gourma (300), Bobo-Dioulasso (900).
La ville de Ouagadougou et ses périphéries ne sera pas en reste dans le cadre du PNCL cette année. Le MHU a prévu le lancement de la construction de logements avec les promoteurs nationaux à Komsilga (1.000), Loumbila (500), Saaba (1000) et Koubri (3000). Les conventions y relatives ont déjà été signées.
Les textes sur le foncier, goulot d’étranglement au PNCL
Nous sommes loin des 40.000 logements promis pour 2020. Quelles sont les difficultés rencontrées sur le terrain dans la mise en œuvre de ce programme. A en croire Maurice Bonanet, c’est l’encadrement juridique, à savoir les textes qui règlementent le foncier qui a ralenti le programme dans la mobilisation du foncier, dans la mesure où il y a trois propriétaires que sont l’Etat, les collectivités et les propriétaires terriens.
«Nous sommes arrivés parfois à des situations où nous avons bouclé le problème de terrain avec les propriétaires terriens ou avec les collectivités, et à la dernière minute, des contestataires viennent remettre en cause, obligeant le changement de site», a-t-il expliqué aux journalistes présents à la visite de chantiers à Koudougou.
Selon les chiffres de l’étude menée en 2017 dans le cadre de la Politique nationale de l’habitat et du développement urbain (PNHDU), 66,4% des ménages du Burkina Faso ont des revenus mensuels estimés à moins de 75.000 FCFA.
Ces derniers ne peuvent mobiliser que 2.781.406 FCFA sur 15 ans au taux communément pratiqué par les banques pour l’habitat (7%) et en respectant la quotité cessible. Le fait donc que les établissements financiers n’accordent que des crédits à court terme pour le logement (7ans), constitue également un goulot d’étranglement, selon le ministre Bonanet.
Pour résorber ce problème, le premier responsable du MHU a laissé entendre qu’une rencontre sera organisée entre le Premier ministre et les banquiers afin qu’ils acceptent d’établir des crédits au logement sur 15 ans.
NK
Le Programme national de construction de logements en bref (PNCL)
Le Programme s’est fixé comme objectif principal de produire 40.000 logements par la mise en place de mécanismes appropriés. Il se décline en 3 composantes.
La première est axée sur l’amélioration du cadre règlementaire et institutionnel. Cette composante permettra donc de favoriser la mise en place de mécanismes de production de logements.
La composante 2, assistance à l’auto-construction des ménages à revenus faibles, s’adresse prioritairement à des ménages propriétaires de parcelles.
La dernière composante, amélioration de l’offre de logements, est conçue sur le principe de la construction de logements «clés en main» pour inscrire dans les pratiques, l’accès direct au logement au lieu de l’attribution de parcelles qui alimente gravement la spéculation et ne permet pas de régler le déficit en logement.
Le PNCL aborde cette composante en 3 sous-composantes:
La construction de cités dans toutes les Communes autres que Ouaga et Bobo pour permettre d’accompagner la construction de ces localités et améliorer leur cadre bâti. Cela porte sur 10.000 logements et la répartition qui suit est proposée par type de localité: 15 logements par Commune rurale, 50 logements par Commune urbaine, 250 logements pour chaque capitale régionale (autre que Ouaga et Bobo).
La construction de cités mixtes de logement par le PPP dans les deux principales villes. Pour cette sous-composante, il est prévu la création de nouveaux noyaux urbains à l’extérieur des agglomérations de Ouaga et de Bobo pour donner la possibilité d’ouvrir de nouveaux horizons favorables à la résorption durable du problème de logement desdites villes et bloquer leur extension démesurée. La SONATUR est identifiée pour les aménagements primaires (voirie, assainissement et autres réseaux primaires). Sur ces terrains aménagés, les partenaires privés bénéficieront de blocs de terrains par modules de 30 à 60 ha pour construire des logements en respectant la répartition qui suit : 40% de logements sociaux, 30% de logements économiques, et 30% de logements de standing. Il est prévu pour cette sous-composante, un total de 15.000 logements.
La construction d’immeubles collectifs de logement prioritairement dans les deux principales villes. Cette sous-composante vise à densifier lesdites villes et à promouvoir le logement collectif. Il sera identifié des niches foncières à l’intérieur des trames où des ensembles d’immeubles seront construits prioritairement pour les jeunes ménages ainsi que la diaspora. Cette sous-composante porte sur la réalisation de 5.000 appartements.