ChroniqueTribune

Les relations internationales en 2020. Quels enjeux? – Par : Jawad Kerdoudi

L’expérience récente a montré qu’il est très difficile de faire des prévisions en matière de relations internationales. Cependant, en tenant compte de ce qui s’est passé en 2019, et hors de tout évènement imprévisible, on peut considérer que les évènements qui suivent vont jouer un grand rôle en 2020.

On peut placer, en premier lieu, l’élection présidentielle américaine qui aura lieu le 3 novembre 2020. Les Etats-Unis restent la première puissance mondiale, et le président américain joue un grand rôle à la fois sur le plan national et international. Certes, Donald Trump a été mis en accusation le 18 décembre 2019 par la Chambre des représentants qui s’est prononcée en faveur de la destitution par 230 voix contre 197.
Mais son procès aura lieu au Sénat en début de cette année 2020, où la majorité républicaine est solide et aucune voix dissidente ne se fait entendre. Donald Trump pourra donc gagner son procès et intensifier sa campagne que les démocrates abordent sans leader évident. On peut estimer qu’il gagnera vraisemblablement son élection avec tout ce que cela comporte pour les quatre prochaines années pour les Etats-Unis et pour le monde.

La saga Brexit, Gilets jaunes, manifestations… encore une année très chaude. (Ph. AFP)

Le second évènement qui aura une portée globale est le Brexit (sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne) qui sera officiel à partir du 31 janvier 2020. En effet, le Premier ministre britannique, Boris Johnson, a gagné confortablement les élections législatives du 12 décembre 2019, et obtenu un vote favorable sur l’accord de retrait qu’il avait négocié.
Mais le Brexit ne deviendra effectif qu’après une période de transition pour négocier la future relation entre l’île et le continent, comportant plusieurs accords de libre-échange, pêche, sécurité, défense. Il est prévu à la fin 2020 pour conclure les nouveaux traités. Le Brexit, lorsqu’il entrera en vigueur, donnera lieu à une nouvelle configuration des relations du Royaume-Uni avec l’Union européenne et le reste du monde.

L’année 2019 a été marquée par des soulèvements populaires qui ont eu lieu sur les quatre continents. En Afrique, ce fut le cas de l’Algérie et du Soudan, tandis que le Moyen-Orient s’est embrasé en Irak, Iran et Liban. En Europe, la France a connu les manifestations des «Gilets jaunes» et des opposants à la réforme de la retraite. Hong-Kong a eu la plus grave crise depuis sa rétrocession à la Chine, les candidats pro-démocratie ont remporté les élections locales.
Enfin, en Amérique latine, des manifestations ont eu lieu au Venezuela, Haïti, Chili, Bolivie, Colombie et Equateur. Certes, chaque cas est spécifique, mais les raisons de ces soulèvements sont politiques: lutte contre les dictatures, opposition aux gouvernements en place, réclamation de plus de démocratie, ou économiques et sociales: amélioration du pouvoir d’achat, lutte contre les inégalités sociales et territoriales. Ces soulèvements vont continuer en 2020 et ne cesseront que lorsque satisfaction sera donnée aux manifestants.

Le Proche-Orient restera bouillant en 2020 entre les conflits en Syrie et au Yémen, l’impasse dans le conflit israélo-palestinien, la contestation au Liban et en Irak, ou encore la rivalité exacerbée entre l’Arabie saoudite et l’Iran. Ce dernier pays se désengage de l’accord international de 2015 sur son programme nucléaire, en riposte au retrait de l’accord des Etats-Unis en 2018. Ce qui lui a valu des sanctions lourdes des Etats-Unis qui ont fait chuter ses exportations de pétrole de 80% en deux ans.

L’Iran est aussi accusé par les Etats-Unis d’avoir procédé à des attaques dans le Golfe et sur des installations pétrolières saoudiennes. L’élimination à Bagdad par les Américains, le 3 janvier 2020, du général iranien Qassem Soleimani risque d’entraîner une escalade qui pourrait mettre à feu toute la région du Moyen-Orient. Un autre point chaud en Afrique est la Libye qui vit une situation chaotique avec un pouvoir bicéphale et l’intervention des puissances étrangères dont la Turquie, qui a annoncé l’envoi de troupes au début de cette année en appui au gouvernement de Fayez El Serraj de Tripoli.
L’autre source d’inquiétude est l’urgence climatique mondiale du fait que juillet 2019 a été le mois le plus chaud mesuré dans le monde. Après l’accord encourageant de Paris sur le climat signé en 2015, la COP25 qui s’est tenue à Madrid du 2 au 15 décembre 2019 a eu des résultats décevants, du fait que les Etats n’ont pas réussi à se mettre d’accord pour rehausser leurs ambitions et pour définir les règles du marché du carbone. Tous les espoirs reposent maintenant sur la COP26 qui aura lieu à Glasgow en 2020. A noter la formidable mobilisation des jeunes en faveur de la conscience climatique symbolisée par la jeune suédoise Greta Thunberg.
Sur le plan de l’économie mondiale, la guerre commerciale entre les Etats-Unis et la Chine a mis à mal les échanges, a érodé l’investissement des entreprises et mis des emplois en danger. Selon l’OCDE, la croissance de l’économie mondiale n’a été que de 2,90% en 2019 avec une prévision de 3% pour 2020. Quant aux échanges de biens et services, la progression n’a été que de 1,1% en 2019, avec une prévision de 1,6% en 2020. D’où la nécessité de mettre fin le plus rapidement possible aux tensions commerciales, qui risquent d’entraîner des ruptures dans les réseaux d’approvisionnement, et d’exercer un effet de freinage sur la confiance, l’emploi et les revenus.

L’Economiste /Edition N°:5678
Le 17/01/2020


Pour éviter le pire…

Sans être exhaustive, cette chronique montre la complexité et la dangerosité des problèmes qui vont se poser aux relations internationales en 2020. Outre le Brexit ou encore l’élection présidentielle américaine, l’évènement le plus inquiétant est le risque de déflagration au Moyen-Orient suite à une guerre opposant les Etats-Unis à l’Iran. Partout dans le monde, les pressions sociales et l’activisme coordonné autour de questions telles que la protection de l’environnement, les droits politiques et de l’homme, les inégalités et la vie privée se sont intensifiées.
Non moins importante est la résolution des conflits qui persistent dans plusieurs régions du monde, la question climatique et les tensions commerciales internationales. Il faut espérer que des solutions puissent être trouvées le plus rapidement possible afin d’éviter le pire.

Commentaires

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page