70,2%, tel est le taux régional d’accès à l’eau potable et à l’assainissement en 2019 dans la région du Centre-Ouest. Preuve, selon la Directrice régionale de l’Eau et de l’Assainissement du Centre-Ouest, Julienne Tiendrébéogo, de nombreux efforts ont été consentis par le gouvernement pour rendre l’eau potable accessible à tous. En effet, en 2016, ce taux était de 60,3%.
Aujourd’hui, affirme Julienne Tiendrébéogo, la plupart des villages de la région sont dotés de forages, soit plus d’une centaine de forages réalisée. Mieux, le gouvernement burkinabè a favorisé la vulgarisation et l’appropriation d’adductions d’eau potable simplifiée (AEPS). Celles-ci sont dotées d’un système électrique hybride (solaire et Sonabel) pour le pompage de l’eau du forage vers le château d’eau; ensuite, la distribution de l’eau se fait au niveau des bornes fontaines.
Le système de gestion qui a été retenu est le système par affermage où l’exploitant assure la production et la distribution de l’eau potable, l’entretien des équipements, la préservation du patrimoine et le renouvellement d’une partie des équipements. A ce jour, la région dispose de 10 AEPS (1 AEPS pour 3.500 habitants).
Le chef du village de Godé, Naaba Boulgou, a traduit toute sa reconnaissance à l’Etat burkinabè de permettre que sa communauté dispose de l’eau potable. La porte-parole des femmes, Lizéta Nébié, a traduit ses sentiments en ces mots: «Avant, nous les femmes allaient puiser l’eau au puits (situé à un jet de pierre de ladite AEPS réalisée en 2018), cette eau nous rendait malades, car pas potable. Mais avec la construction de l’AEPS, nous avons accès à l’eau potable au niveau des bornes fontaines. Notre vie a beaucoup changé».
Cette joie était visible sur le visage de Delphine Zongo, venue pour puiser l’eau à la borne fontaine. Elle révèle que le bidon d’eau coûte 10 FCFA et la barrique d’eau coûte 100 FCFA. Mais les plus heureux sont Urbain K. Nébié et sa famille de 12 membres, qui bénéficient d’un branchement privé. Madame Nébié dit être soulagée de ne plus parcourir des distances à la recherche de l’eau potable.
L’école Godé «A» de 418 élèves et 8 enseignants bénéficie aussi d’un branchement privé. «Les maladies hydriques ont baissé, entraînant une baisse du taux d’absence des élèves», affirme la directrice de l’école, Albertine Zan/Kaboré. Les 4 bornes fontaines de Godé sont réparties aux 5 900 habitants. A Godé, les bénéficiaires se plaignent de la cherté de l’eau qui est de 500FCFA/m3.
Selon Julienne Tiendrébéobo, cette préoccupation est en étude au niveau du ministère pour réduire la fracture entre le milieu urbain et rural. A Pinyiri (5 km de Koudougou), les habitants disposent d’un forage de gros débit (9m3/h) et 58,8 mètres de profondeur, réalisé en 2018. Dans les années à venir, la Direction régionale compte le transformer en une AEPS.
Boucle du Mouhoun : 149 AEPS/PA et de 4 300 forages communautaires
Si la région du Centre-Ouest est moins arrosée en eau que celle de la Boucle du Mouhoun, il n’en demeure pas moins que cette dernière est aussi confrontée à l’accès à l’eau potable. En effet, malgré le fleuve Mouhoun et le fleuve Sourou, le taux d’accès à l’eau potable est de 67,10% et le taux d’assainissement est encore faible avec un taux de 18,2%.
Au compte de ces indicateurs, la réalisation d’une AEPS à gros débit en 2017, à Souri, village situé à 5 km de Dédougou (sur l’axe Dédougou-Bobo-Dioulasso). Muni d’un système de pompage à groupe électrogène capable de fournir 30m3/h, elle permettra de desservir plus de 3 000 personnes à partir de 6 bornes fontaines et de 10 branchements privés.
D’une population estimée à 5 100 habitants, Souri possède un taux d’accès à l’eau potable de 83,8%. La réalisation de cette AEPS par l’Etat a coûté la somme de 95 737 990 FCFA. Selon Vincent Koudougou, agent de maîtrise à la DR/Mouhoun, la région dispose de 149 AEPS/PA et de 4300 forages communautaires.
A terme, dit-il, l’objectif est de réaliser des AEPS multiples à Bagassi, Pompoï et Kouka au profit de la population. Les habitants de Tikan, village situé à 40 km de Dédougou (sur l’axe Koudougou-Dédougou), bénéficient d’une AEPS.
Boucle du Mouhoun, un taux d’assainissement encore faible
Mais le gros défi dans la région de la Boucle du Mouhoun demeure sans conteste l’accès à l’assainissement. Et Vincent Koudougou de confesser que la situation était préoccupante, mais que depuis quelques années, de nombreux efforts ont été consentis par le ministère de l’Eau et de l’Assainissement. C’est ainsi que le taux régional est passé de 1,1% en 2010 à 18,2% en 2018. Cette hausse a été obtenue grâce à l’initiative «La nuit de l’assainissement» où la région a enregistré 5.238 souscripteurs. Certains leaders de la région ont pris l’engagement de porter les chiffres à 10.000 latrines. Grâce à cette initiative, le sexagénaire, Joyeux Dao, et sa famille, disposent désormais de latrines. «Avec cette réalisation, fini la défécation à l’air libre, source de tous les dangers, mais surtout cela va nous prémunir des maladies hydriques. Aujourd’hui, les latrines me procurent dignité, sécurité et santé». A notre passage, le village de Sokroua (Commune de Safané) disposait de 25 latrines entièrement achevées en 2019, sur 55 prévues.
Hauts-Bassins: 3.200 latrines familiales en 2017
Hauts-Bassins, une région de paradoxe. Et pourtant, considérée comme «le château d’eau du Burkina», elle enregistre toutefois un manque criard d’eau potable. D’après le Directeur régional de l’Eau et de l’Assainissement des Hauts-Bassins, Wendemin Cyprien Tizambo, cette situation est due au fait que «pendant longtemps, on a considéré que la région disposait d’eau en abondance» et que le besoin était beaucoup plus pressant ailleurs. Un retard qui est en train d’être rattrapé, avec la réalisation de milliers de forages. Parmi ces réalisations, on note la construction de l’AEPS de Zangoma (Commune rurale de Pandéma). Réalisée en 2015, elle alimente 7 bornes fontaines et 30 branchements privés. La perspective est en train de transformer cette AEPS en multi village au profit des habitants de Séguéré et de Colma. Le quartier Flakin du village de Badara, qui disposait d’un puits, bénéficie aujourd’hui d’un forage communautaire réalisé en 2018.
Selon Wendemin Cyprien Tizambo, la Direction subventionne la construction des latrines familiales (écoles, temples, églises, mosquées, infrastructures marchandes…). C’est dans cette logique que 35 écoles primaires, grâce au projet BID/UEMOA, ont bénéficié de 24 latrines. Le taux d’accès à l’eau qui était de 49% en 2015 est passé à 55% en 2018. Pendant ce temps, le taux d’accès à l’assainissement est passé de 12% en 2015 à 22,5% en 2018. Dans la région, l’Etat burkinabè a injecté la somme de 1 milliard 500 millions FCFA en 2017 et 250 millions en 2019. Wendemin Cyprien Tizambo plaide pour une mobilisation conséquente des ressources financières et l’apport des partenaires techniques et financiers pour l’atteinte des ODD qui visent un accès universel et équitable à l’eau potable, à l’hygiène et à l’assainissement d’ici à 2030, en particulier, pour les populations vulnérables.
Ambèternifa Crépin SOMDA