Le 17 décembre 2019, s’est tenue dans les locaux de l’Agence principale de la BCEAO, la rencontre de concertation entre le Directeur national, Charles Luanga Ki-Zerbo, et les Directeurs généraux des établissements de crédit au titre du 4e trimestre de l’année.
Cette rencontre, la dernière de l’année 2019, a permis à l’APBEF-B et à la BCEAO d’examiner l’état de la mise en œuvre du dispositif de soutien au financement des PME/PMI. Des statistiques sont-elles disponibles? Ont demandé les journalistes présents à la conférence de presse tenue juste après la concertation.
A cette question, le Directeur national de la BCEAO a déclaré être «mécontent de l’état de la mise en œuvre». Et de poursuivre que beaucoup de temps a été consacré à la mise en place du dispositif pour encadrer et réglementer le financement des PME/PMI au niveau des établissements bancaires. Et au vu de la lenteur du dispositif, une enquête est en cours pour recenser tous les dispositifs présents au Burkina Faso, pour soutenir les PME/PMI. «Normalement, en début d’année prochaine, nous serions à même de vous donner des statistiques sur l’état de la mise en œuvre du dispositif».
La réunion trimestrielle a aussi été l’occasion pour le Directeur national de la BCEAO de divulguer les décisions du Conseil des ministres de l’Union tenu le 27septemnbre 2019 et du comité de politique monétaire (CPM) réuni les 4 septembre et 4 décembre 2019.
«Comme nous sommes en fin d’année, nous avons essayé de regarder les perspectives qui ressortent des cadrages macroéconomiques. D’abord, pour les réalisations de 2019, au niveau des Etats de l’Union, la croissance est au rendez-vous. Ainsi, l’ensemble de l’Union espère une croissance de 6,6%, dont une croissance à 6,4% pour le Burkina qui se situe dans la moyenne haute des pays de l’UEMOA».
Pour l’année 2019, c’était également un rendez-vous important pour la convergence communautaire, dont l’échéance est à fin 2019. Il est à noter que la plupart des Etats de l’Union ont fait des efforts importants, notamment, sur un aspect essentiel, à savoir le déficit budgétaire. «Autant, il y a un an, le déficit était élevé par rapport aux critères de convergence, autant les estimations montrent que grâce aux efforts des Etats en matière de collecte de recettes fiscales et de maîtrise dans un certain nombre de dépenses, il y a une tendance assez marquée vers le respect de ces critères importants», s’en félicite le Directeur national.
Pour 2020 et 2021, Charles Luanga Ki-Zerbo a déclaré que «pour le Burkina, la croissance projetée est de 6% du PIB. Evidemment, quand on fait ces exercices de cadrage, on examine certains risques qui peuvent rendre un peu difficile l’atteinte des résultats. Le risque auquel tout le monde pense est le risque sécuritaire, qui peut avoir des conséquences sur certains secteurs économiques, sur les finances publiques. Mais les enjeux sont bien connus, de même que les attentes des populations, donc on est convaincu qu’avec les efforts de solidarité régionale qui se mettent en place, les choses vont en s’améliorant».
Inclusion financière et interopérabilité des services financiers numériques
«En ce qui concerne la BCEAO, nous avons tenu à sensibiliser la profession bancaire sur les projets importants qui nous attendent en 2020», explique le Directeur national. Deux projets importants avec des impacts directs sur la population. Il s’agit de l’inclusion financière. Vous savez qu’il y a un projet régional d’inclusion financière qui est en cours de développement avec des stratégies nationales qui doivent appuyer la stratégie régionale.
Un des acquis importants qui a été mis en avant cette année, c’est la mise en place d’un programme régional d’éducation financière ciblée vers les jeunes, les femmes, etc.
Un autre projet qui aura sans nul doute un impact direct sur les populations et qui rentre dans l’inclusion financière, c’est l’interopérabilité des services financiers numériques. «En gros, il s’agit de la capacité de faire des transactions qui s’appuient sur des procédures technologiques entre les comptes de banques, les microfinances, les comptes des monnaies électroniques, d’un compte à l’autre. C’est un projet qui sera opérationnel en 2020», confirme M. Ki-Zerbo.
Système bancaire et risques sécuritaires
Le système bancaire connait une progression de 10% des ressources, 13% des emplois. Une maîtrise du risque et aujourd’hui, les banques se satisfont à tout ce qui est cadre règlementaire de la banque centrale. Malgré l’environnement de risque lié à l’insécurité, l’activité bancaire se présente de manière harmonieuse.
Quel est l’impact des risques sécuritaires pour les banques implantées dans certaines régions du pays ? A cette question, le président de l’APBEF-B a cité un nombre de conséquences directes pour les banques. Il s’agit du manque à gagner. L’insécurité agit sur la mobilisation de l’épargne et aussi sur les investissements économiques. «Une étude nationale est en cours pour mesurer l’impact de l’insécurité pour les banques», a affirmé Martial Goeh-Akue, par ailleurs Directeur général de Orabank Burkina Faso.
NK
Obligation de publication des conditions de banque et des bilans
Dans le Guide du banquier de l’UEMOA, il y est stipulé dans le Chapitre V – Comptabilité et information de la Banque centrale et de la Commission bancaire en son article 40 que «les comptes annuels de chaque banque ou de chaque établissement financier sont publiés au Journal officiel à la diligence de la Banque centrale». Une obligation qui existe mais qui n’est pas encore pratiquée. Lors de la 4e rencontre de concertation entre la BCEAO et l’APBEF-B, le Directeur national, Charles Luanga Ki-Zerbo, a rappelé l’existence de cette disposition règlementaire à l’établissement financier de crédit. «Elle est peu connue mais, c’est une disposition qui permet au client de connaitre sa banque, et à la banque d’être transparente, et elle permet aussi de jouer sur la concurrence interbancaire». 3030