Le Burkina Faso a reçu au titre de l’Aide publique au développement (APD), en 2018, la somme de 1.489 millions de dollars US, équivalant à 828 milliards FCFA. Le montant reçu en 2018 est en hausse de 30,7% par rapport à 2017, «traduisant l’engagement des partenaires techniques et financiers à accompagner le gouvernement dans le financement des actions de développement», rapporte le Rapport 2018 de la Direction générale de la coopération (DGCOOP) sur la coopération pour le développement, intitulé: «Busan: 8 ans après. État des lieux et perspectives pour le Burkina Faso».
L’APD 2018 bat des records. La hausse exceptionnelle de 30,7% constatée entre 2018 et 2017 «s’explique notamment par la concrétisation des engagements pris par les partenaires à l’occasion de la conférence de Paris de décembre 2016, sur le financement du PNDES», peut-on lire dans le rapport 2018 de la DGCOOP. En outre, les mesures prises par le gouvernement pour alléger les procédures d’exécution des marchés publics et les efforts consentis par l’ensemble des acteurs de la chaîne des dépenses publiques dans la mise en œuvre des projets et programmes de développement ont également favorisé la hausse des décaissements en 2018. L’ensemble de cette aide reçue en 2018 se caractérise par la prédominance de l’aide multilatérale (67,2%) par rapport à l’aide bilatérale (28,7%) et à la contribution des ONG (4,1%). Sur les 14 secteurs de planification définis par le Plan national de développement économique et social (PNDES), 5 secteurs ont absorbé à eux seuls 53,8% de l’APD en 2018. Il s’agit des secteurs de la santé (12,3%), de la production agro-sylvo-pastorale (11,7%), des infrastructures de transport, de communication et d’habitat (11,1%), de l’environnement, eau et assainissement (9,4%) et du travail, emploi et protection sociale (9,2%).
Quant aux autres secteurs, ils ont bénéficié de 33,3% du volume de l’APD totale de 2018. Parmi ces derniers, figurent les secteurs «Éducation et formation» (9%), «Gouvernance administrative et locale» (8,2%), «Transformations industrielles et artisanales» (7,2%), «Gouvernance économique» (6,4%) et «Commerce et services marchands» (1,9%). Tout comme en 2017, les secteurs «Justice et droits humains», «Recherche et innovation», «Défense et sécurité», «Culture, sports et loisirs» ont reçu, en 2018, moins de 1% de l’APD.
L’APD 2018 se compose en grande partie de dons
D’un montant d’environ 596,5 milliards FCFA, ils représentent 72% de APD, contre 28% de prêts, soit environ 231 milliards FCFA. Les dons reçus en 2018 sont en hausse de 25,1% par rapport à 2017.
Le Burkina Faso privilégie les dons parce qu’ils sont des ressources les mieux adaptées au financement des projets sociaux et à la réduction de la pauvreté. Ce choix est en conformité avec la situation de vulnérabilité du pays.
Les 596,5 milliards FCFA de dons reçus en 2018 proviennent de 10 principaux bailleurs que sont l’Union européenne, la Banque mondiale, les Etats-Unis, le Système des Nations-Unies, la Banque africaine de développement (BAD), la France, l’Allemagne, le Danemark, le Canada, et le Fonds mondial. (NDLR : Lire graphique).
Les dons reçus ont servi au financement de projets dont les cinq principaux sont: le Projet d’urgence de financement des dépenses récurrentes financé par la Banque mondiale pour un montant de 95 millions de dollars US, le Projet plan stratégique de pays intérimaire 2018 financé par le PAM pour un montant de 45,48 millions de dollars US, le Projet Palu-RSS pour un montant de 33,85 millions de dollars US financé par le Fonds mondial, le Programme de santé (paludisme, planification familiale, lutte contre le VIH-Sida, maladies tropicales négligées, nutrition, hygiène et assainissement…), financé par l’USAID pour un montant de 30,30 millions de dollars US et le Projet Contrat de bonne gouvernance et de développement financé par l’Union européenne pour un montant de 32,99 millions de dollars US. Les prêts reçus par le Burkina Faso en 2018, d’un montant d’environ 231 milliards FCFA, sont en hausse de 47,6% par rapport à 2017.
La majorité des prêts émanent des partenaires multilatéraux pour 87,8% des prêts, tandis que les bilatéraux ont contribué à hauteur de 12,2%. Les 10 principaux partenaires ayant accordé des prêts ont pour noms la Banque mondiale, la BAD/FAD, la Banque islamique de développement (BID), la France, la Banque ouest- africaine de développement (BOAD), le Fonds monétaire international (FMI), le Danemark, le Banque d’investissement et de développement de la CEDEAO (BIDC) et le Fonds OPEP. Les principaux décaissements effectués sur les prêts en 2018 ont servi au financement de projets ayant un fort potentiel de contribution à la croissance économique que sont le Programme Appui budgétaire général financé par la Banque mondiale pour un montant de 50,73 millions de dollars US; le Programme Facilité élargie de crédit financé par le FMI pour un montant de 25,16 millions de dollars US, le Projet Ligne de crédit Coris Bank International financé par la BAD/FAD pour un montant de 24,6 millions de dollars US, le Projet d’infrastructures aéroport de Donsin financé par la Banque mondiale pour un montant de 18,04 millions de dollars US et le Projet d’appui au secteur de l’électricité financé par la Banque mondiale pour un montant de 22,46 millions de dollars US.
La coopération au développement, en 2018, s’est déroulée dans un contexte national difficile marqué par la persistance des attaques terroristes, les mouvements sociaux et les revendications syndicales. Malgré ce contexte, le taux de croissance a affiché 6,8% en 2018, contre 6,3% en 2017, 5,9% en 2016 et 3,9% en 2015.
Elie KABORE
La contribution des ONG
En 2018, on dénombrait 300 ONG et Associations de développement (ONG/AD) ayant signé une convention d’établissement ou un agrément avec le Burkina Faso. Poursuivant des objectifs variés (aide d’urgence, financement de programmes de développement, sensibilisation, etc.), elles interviennent dans plusieurs secteurs d’activité tels que l’agriculture, l’hydraulique villageoise, la santé, l’éducation, le microcrédit. Toutes les régions du Burkina sont concernées par ces interventions avec toutefois une concentration des ONG dans les régions du Centre et du Centre-Nord.
Les ressources des ONG proviennent aussi bien d’organismes publics ayant ou non des programmes de coopération avec le Burkina Faso (partenaires bilatéraux et multilatéraux) que d’organismes privés (Fondations, sociétés, ONG, particuliers…). Pour 2018, seules 08 ONG sur les 17 ciblées ont fourni la situation de leurs décaissements.
Le volume des décaissements de chacune d’elles indique que ONG Compassion international, Oxfam et Plan international ont apporté les plus grosses contributions avec respectivement, 41,01%, 22,17% et 19,84% du montant total décaissé par l’ensemble des ONG.
Avec 225 milliards FCFA, la Banque mondiale est le plus grand contributeur
Quels sont les donateurs de l’APD 2018? Le principal donateur de l’APD en 2018 est la Banque mondiale. Avec un montant de 225 milliards FCFA en 2018, contre 110 milliards FCFA en 2017, la Banque mondiale reste le premier contributeur de l’APD au Burkina Faso. Sa part contributive à l’APD est en progrès, passant de 17,3% en 2017 à 27,2% en 2018. Cette augmentation s’explique principalement par le décaissement lié au projet d’urgence de financement des dépenses récurrentes d’un montant de 52 milliards FCFA. La deuxième place est occupée par l’Union européenne, avec un montant de 131,4 milliards FCFA, contre 107 milliards FCFA en 2017, soit une augmentation de 22,0%. Cependant, sa part contributive a légèrement baissé, passant de 17,0% en 2017 à 15,9% en 2018. Suivent la BAD/FAD (6,9%), les USA (6,3%), le SNU (5,7%), la France (5,5%), le Danemark (3,7%), la BID (3,4%), l’Allemagne (3,0%) et le Canada (2,7%). La contribution de ces dix bailleurs représente 80,3% de l’APD totale. Comparée à la liste de 2017, on note l’entrée de 02 nouveaux partenaires dans le classement des 10 principaux bailleurs. Il s’agit de la BID et du Canada. Par contre, le Japon et la BOAD ont quitté le classement.
La contribution de la France représente 5,5% de l’APD
Parmi les 10 principaux pourvoyeurs de fonds en 2018, la France, avec une contribution d’environ 45,5 milliards FCFA, se classe à la 6e place, après la Banque mondiale, l’Union européenne, la BAD, les Etats-Unis, le Système des Nations-Unies. La contribution de la France représente environ 5,5% de l’APD totale reçue par le Burkina Faso en 2018. Cette contribution est comptabilisée dans l’aide bilatérale. En 2018, la somme de 237,5 milliards FCFA a été reçue par ce truchement. Dans ce lot, la France arrive en deuxième position, après les Etats-Unis.
L’aide publique, d’une manière générale, se répartit en dons et en prêts. Les 45,5 milliards FCFA de l’APD totale reçue de la France en 2018 se répartissent également en dons et en prêts. En termes de prêts, la France a octroyé au Burkina, en 2018, la somme de 30,35 milliards FCFA représentant 44,72% de la contribution totale de la France au cours de l’année. Cette contribution française représenterait 8,78% de l’ensemble des prêts reçus par le Burkina Faso en 2018. La France se positionne comme le 4e préteur du Burkina, après la Banque mondiale, la BAD, le BID.
En termes de dons, la France a contribué à hauteur de 25,24 milliards FCFA en 2018, soit 55,47% de la totalité de la contribution française en 2018. Cette contrepartie représenterait 4,23% de l’ensemble des dons reçus par le Burkina Faso en 2018.