Les recettes budgétaires pour l’année 2020 ont été arrêtées à 2.233,316 milliards FCFA dans la loi de finances 2020 adoptée par l’Assemblée nationale le 05 décembre 2019. Elles sont en nette hausse par rapport à 2019. Où et comment le gouvernement compte-t-il mobiliser cette somme record ?
Dans la loi de finances initiale 2019, les prévisions de recettes étaient fixées à 1.954,564 milliards FCFA. Elles sont passées à 2.107,942 dans la loi de finances rectificative 2019.On note une augmentation des recettes de 153,378 milliards FCFA entre les 02 lois en 2019. Cette hausse s’expliquerait essentiellement par le versement des recettes exceptionnelles de 120 milliards FCFA par 02 sociétés de téléphonie mobile pour l’acquisition de la 4G, dont 80 milliards FCFA pour l’ONATEL et 40 milliard FCFA pour Orange. Si ONATEL a versé la totalité de ce qu’elle doit, Orange a fait une avance et compte verser une vingtaine de milliards FCFA, respectivement, en 2020 et 2021. Le Burkina ne peut donc plus compter sur ces recettes dites exceptionnelles.
Pourtant, on constate que la différence entre les recettes 2020 et celles révisées en 2019 serait de 125 milliards FCFA.
Le gouvernement semble optimiste mais doit garder à l’esprit que l’insécurité a ralenti l’activité économique dans certaines zones du Burkina Faso. La mine de SEMAFO Boungou qui a suspendu ses activités peu avant l’adoption de la loi de finances 2020 n’a pas déterminé la date de reprise. Plusieurs sociétés de recherche ont également suspendu leurs activités. Ces suspensions auront un effet sur le paiement de certains impôts et taxes comme la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) sur certains produits collectée et reversée, l’impôt sur les sociétés, les dividendes à verser à l’Etat, etc.
Le Burkina peut compter sur les nouvelles mines qui entreront en production en 2020, Teranga Gold, Orezone et Sanbrado, tout en espérant que la situation sécuritaire n’impacte pas sur les activités de celles déjà en exploitation.
Pour la mobilisation des 2.233,316 milliards FCFA, le gouvernement compte surtout sur ses recettes internes. Ses régies de recettes que sont la Direction générale des Impôts (DGI, la Direction générale des Douanes (DGD) et la Direction générale du Trésor et de la Comptabilité publique (DGTCP) ont la lourde charge de recouvrer 1.894,780 milliards FCFA, représentant les recettes ordinaires, soit 84,84% des recettes totales.
En effet, il est attendu de la DGI en 2020, la somme de 966,876 milliards FCFA. Cette somme est en hausse de 12,56% par rapport au budget initial 2019. Le gouvernement compte, pour ce faire, sur les possibilités d’amélioration des recettes dans le domaine de la téléphonie mobile et de l’imposition de l’ensemble des revenus des agents de la Fonction publique(Impôt unique sur les traitements et salaires) dont la prévision de recettes serait de 3 milliards FCFA.
La DGD doit mobiliser 750,706 milliards FCFA. Un montant en hausse de 13,75% par rapport au budget initial 2019.
Quant à la DGTCP, il est attendu d’elle, 227,197 milliards FCFA de recettes. Elles sont en hausse de 27,64% par rapport à 2019. Cette hausse s’expliquerait par une ouverture de crédit de 4 milliards FCFA pour prendre l’accroissement moyen attendu des recettes minières recouvrées.
A côté de ces 03 régies de recettes, le budget 2020 compte sur 338,536 milliards FCFA que doit mobiliser la Direction générale de la Coopération (DGCOOP) au titre des recettes extraordinaires. Elles sont en hausse de 31,44%, comparativement à 2019.
Elie KABORE
Loi de programmation militaire: les difficultés de la mise en œuvre
Pour faire face à la menace terroriste, le Burkina Faso a adopté, en 2017, la loi de programmation militaire (Loi n°055-2017/AN portant loi de programmation militaire quinquennale 2018-2022) dont le budget s’élève à 725,25 milliards FCFA.
En prélude à l’adoption de la loi de finances 2020, les députés ont posé la question au gouvernement : « Quelles sont les difficultés que le gouvernement rencontre dans la mise en œuvre de la loi de programmation militaire ? »
Dans sa réponse, le gouvernement a fait savoir que le budget de l’Etat se fait toujours dans un contexte de besoins énormes face à des ressources assez limitées, d’où la nécessité de définir des priorités afin d’assurer le minimum à tous les secteurs pour la mise en œuvre des différentes politiques publiques.
Ainsi, malgré la volonté du gouvernement d’accompagner conséquemment le ministère de la Défense, le financement des tranches annuelles de cette loi ne semble pas soutenable, au regard de la contrainte budgétaire. Néanmoins, le gouvernement a fait de ce département, l’une de ses priorités depuis 2018. Ainsi, les allocations budgétaires sont passées de 6,13% du budget sur les ressources propres en 2017 à 9,19% en 2018, 13,53% en 2019 et 11,89% en 2020.
En rappel, le budget de la Défense était de 111,725 milliards FCFA en 2017. Il est passé à 169,94milliards FCFA en 2018 et à 209,726milliards FCFA en 2019. Pour l’année 2020, le budget a été une fois de plus revu à la hausse et affiche 219,374 milliards FCFA.