Ibréima Ouédraogo est le Directeur régional de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles du Centre-Est. Avec lui, L’économiste du Faso fait le tour d’horizon du secteur agricole de la région et ses performances.
L’Economiste du Faso : Quel est le profil agricole de la région du Centre-Est ?
Ibréima Ouédraogo, Directeur régional de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles du Centre-Est: La région du Centre-Est est une zone à vocation agricole, avec la province du Koulpélogo comme bastion de la production agricole au niveau de la région. La région dispose d’un potentiel en bas-fonds aménagés et aménageables et compte une des plus grandes plaines irriguées du Burkina Faso, à savoir la plaine de Bagré.
La campagne humide s’achève, quel bilan provisoire peut-on faire?
La campagne 2019-2020 s’achève sur des sentiments de satisfaction, au regard des résultats prévisionnels provisoires de la campagne agricole issus de l’enquête permanente agricole. En effet, pour les céréales (maïs, riz, mil, sorgho rouge, sorgho blanc), nous enregistrons une production de 386.722 tonnes, soit 8% de la production nationale. Cette production est en légère hausse de 1,6% par rapport à la campagne écoulée, mais une hausse de 14,58% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Pour les cultures de rente (coton, arachide, sésame, soja), nous enregistrons une production de 111.163 tonnes, soit 8% de la production nationale. Cette production est en hausse de 15,7% par rapport à celle écoulée, mais une baisse de 5,3% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Enfin, pour les autres cultures vivrières (patate, niébé, vouandzou), une production de 47.178 tonnes est enregistrée, soit 6% de la production nationale. C’est une baisse de 4,4% par rapport à la campagne écoulée, mais une hausse de 9,1% par rapport à la moyenne des 5 dernières années.
Y a-t-il de nouvelles spéculations qui attirent les populations ?
Au niveau de la région du Centre-Est, la culture du riz a rejoint la tradition arachidière de la région. Cependant, de nouvelles spéculations telles que le soja et le manioc attirent les producteurs de la région. A titre d’exemple, pour la présente campagne, une production d’environ 5.000 tonnes est enregistrée, soit 11% de la production nationale.
Y a-t-il un risque d’insécurité alimentaire pour certaines zones?
Comme la campagne passée, la présente campagne agricole qui s’achève n’enregistre aucune zone à risque d’insécurité alimentaire dans la région du Centre-Est.
Quelles sont les difficultés qui ont miné cette campagne?
A l’instar d’autres régions du Burkina Faso, la campagne agricole qui s’achève a connu une installation timide dans la région du Centre-Est. L’installation véritable de la campagne agricole est intervenue au cours de la première décade de juillet 2019.
A cela s’ajoutent des séquences sèches au cours de la 1re décade d’août et de la 3e décade de septembre. Nous avons également enregistré des infestations de chenilles légionnaires d’automne sur près de 2.500 ha de sorgho et de maïs, avec un faible impact sur les cultures par rapport aux campagnes précédentes.
Des points de satisfaction ?
La bonne cadence de la mousson qui a favorisé une assez bonne répartition de la pluviométrie dans le temps et sur toute l’étendue du territoire de la région et l’application des paquets technologiques par les producteurs dans leurs exploitations.
On peut y ajouter également l’engagement des différents acteurs dans la mise en œuvre des activités de production agricole qui a favorisé l’atteinte des objectifs de production fixés en début de campagne agricole.
Interview réalisée par FW
Bagrépôle impacte-t-il la production de la région ? C’est la réponse que nous avons posé au DR de l’Agriculture dans la région du Centre-Est. Voici sa réponse:
«Bagrépôle intervient dans la zone d’utilité publique de Bagré. Depuis le démarrage du projet, des aménagements de nouveaux périmètres irrigués sont réalisés. A ce titre, environ 2.200 ha de nouveaux périmètres ont été réceptionnés en fin 2018 et près de 2.100 sont en cours d’aménagement.
Ces différents aménagements augmentent les terres aménagées avec maîtrise totale d’eau et devraient, à long terme, tripler la production agricole de la zone. A côté de ces aménagements de périmètres, des investissements structurants sont opérés en amont et en aval de la production pour améliorer la formation des acteurs, l’approvisionnement et la transformation des produits agricoles. Toutes ces actions contribuent à l’amélioration de la sécurité alimentaire, à la création d’emplois et la création de la richesse dans la région».