Tous les mois, l’Institut national des statistiques et de la démographie (INSD) du Burkina Faso publie l’Indice harmonisé des prix à la consommation. Celui du mois d’octobre 2019 a été publié le 15 novembre 2019. Le niveau pour cette période se situe à 102,02, soit une hausse de 0,5% par rapport à septembre 2019. En octobre 2018, l’Indice harmonisé des prix à la consommation affichait une baisse de 1,2%.
La hausse du niveau général des prix en octobre 2019 est consécutive à la hausse des prix dans les fonctions «Produits alimentaires et boissons non alcoolisées», «Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles», «Transports», «Enseignement» en dépit de la baisse de prix au niveau de la fonction «Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants».
La hausse des prix de la fonction «Produits alimentaires et boissons non alcoolisées» résulte surtout de la hausse du prix des céréales non transformées comme le sorgho blanc et le petit mil et des légumes comme l’ail frais et le soumbala. La montée simultanée des prix du bois de chauffe arbre de brousse et du charbon est responsable de la tendance haussière des prix dans la fonction « Logement, eau, gaz, électricité et autres combustibles». La mesure gouvernementale qui consiste à augmenter les prix des hydrocarbures à eu pour conséquence, une hausse des prix du gas-oil et de l’essence super, induisant la hausse des prix dans la fonction «Transport».
En cette rentrée scolaire, on note une augmentation des frais de scolarité, induisant une hausse des prix dans la fonction « Enseignement ».
Le recul des prix dans la fonction «Boissons alcoolisées, tabac et stupéfiants» est lié à une baisse des prix de la bière traditionnelle (dolo) et de la noix de cola. Dans cette fonction, on note tout de même une hausse des prix du tabac local à chiquer.
Comment se sont comportés les prix à la consommation dans l’UEMOA?
Pour y répondre, basons-nous sur le rapport sur l’évolution globale des prix, publié par la BCEAO en début novembre 2019. Il y ressort que le niveau général des prix à la consommation a connu une hausse de 1,2% en 2018, après celle de 1,1% en 2017. Et qui dit augmentation du niveau général de prix, dit aussi diminution du pouvoir d’achat.
«Cette évolution s’explique principalement par une remontée progressive des prix à la pompe des carburants dans la plupart des pays de l’Union, notamment au Bénin, au Burkina, en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo, entamée depuis fin 2016, ainsi que le renchérissement des céréales locales dans certains pays de l’Union», explique la BCEAO dans son document.
En épluchant plus le rapport, on constate que le niveau des prix a connu une progression en dents de scie. On note ainsi 1,9% en février et 0,8% en décembre 2018.
Les tensions enregistrées en début d’année résultent principalement de la progression des prix des céréales dans certains pays sahéliens (Burkina, Mali, Niger), en lien avec le repli de la production au Burkina et au Niger. Une tendance qui a été couplée avec la hausse des exportations vers le Nigeria et le Ghana. Elle résulte également du renchérissement des produits de la pêche au Sénégal, en rapport avec la baisse de l’offre.
Quant à la baisse du niveau général des prix enregistré en décembre par rapport à celui de début d’année, elle est imprimée essentiellement par les fonctions «Alimentation» et «Logement». Ce sont les composantes qui permettent de mesurer l’évolution moyenne des prix d’un bien ou d’un panier de biens.
Ainsi, dans la composante «Alimentation», entre en ligne l’amélioration de l’offre de tubercules et plantains dans les pays côtiers, notamment en Côte d’Ivoire et au Togo, conjuguée à une baisse des prix des céréales dans les pays sahéliens enclavés (Mali et Niger notamment), dans un contexte où la production a été supérieure à la moyenne quinquennale. S’agissant de la rubrique «Logement», son évolution s’explique par des effets de base observés en décembre 2017 en Côte d’Ivoire, où un renchérissement des loyers avait été enregistré.
Tensions sur les prix des céréales locales
L’inflation en 2018 est imputable aux composantes «Alimentaires», «Transports» et «Communication». Pour la première fonction, à savoir l’alimentaire, la BCEAO a noté des tensions sur les prix des céréales locales dans certains pays au premier semestre 2018. Ainsi, la production céréalière de la campagne agricole 2017/2018 a connu une faible progression (+2,8%) par rapport à celle de la campagne 2016/2017 (+6,6%). Une baisse a été notée au Burkina (-11%), en Guinée-Bissau (-7%) et au Niger (-0,2%). «Compte tenu de cette évolution moins favorable de la production, des pressions sur les prix des céréales ont été notées dans la plupart des pays, notamment au Burkina, en Guinée-Bissau, au Mali et au Togo», précise la Banque centrale.
NK
L’IHPC en bref
L’Indice harmonisé des prix à la consommation (IHPC) a pour couverture géographique 5 localités et pour population de référence, l’ensemble des ménages de ces 5 localités. Le panier de la ménagère comprend 722 variétés suivies dans 2.137 points d’observation. Plus de 18.383 relevés de prix sont effectués chaque mois par les enquêteurs de l’INSD. La période de base de l’IHPC est l’année 2014 et les pondérations de l’Indice proviennent d’une enquête sur les dépenses des ménages réalisée en 2010.
Les projections de la BCEAO
Les projections du niveau général des prix s’appuient sur les perspectives d’évolution de l’environnement international et de la conjoncture économique interne. Ainsi, il est attendu une décélération de l’activité économique internationale en 2019, suivie d’une légère remontée en 2020. Selon les projections du FMI du mois d’octobre 2019, le taux de croissance de l’activité mondiale se situerait à 3% en 2019, son plus bas niveau depuis 2008- 2009, avant de remonter à 3,4% en 2020. Les hypothèses de projection tablent sur une baisse des cours mondiaux des produits pétroliers en 2019, suivie d’une stabilité en 2020. Le cours moyen du pétrole brut (WTI) passerait de 65 dollars en 2018 à 57 dollars en 2019 et en 2020.
Au niveau interne, pour la production céréalière dans l’Union, il est retenu une hypothèse de hausse de 5% pour la campagne 2019/2020, après une progression de 9% au cours de la campagne précédente. «Tenant compte de ces hypothèses, le taux d’inflation en moyenne pour l’ensemble de l’Union se situerait à -0,8% en 2019 et 1,1% en 2020», affirme la BCEAO dans son document.
Elle explique la baisse des prix en 2019 par le bon approvisionnement des marchés induit par la hausse de la production de la campagne agricole précédente. Les ventes à prix modérés par les organismes publics et les distributions gratuites par les structures humanitaires dans certaines régions du Sahel contribueraient également à accentuer la dynamique baissière. La remontée de l’inflation en 2020 résulterait du redressement attendu des cours des produits alimentaires.
En résumé, selon la Banque centrale, le taux d’inflation s’est maintenu sur une trajectoire haussière en 2018, en rapport principalement avec le raffermissement des cours mondiaux des produits pétroliers ainsi que le renchérissement des céréales locales dans certains Etats. Les projections tablent sur une baisse du taux d’inflation en 2019, suivie d’une hausse en 2020, dans un contexte de hausse des cours mondiaux des produits alimentaires ainsi que du rebond des prix des céréales locales, notamment dans les pays sahéliens enclavés.