Le Burkina Faso est confronté, depuis 2015, à des attaques répétées des terroristes.Ces attaques ont entraîné de milliers de déplacés et des centaines de morts. Du reste, la dernière en date est l’attaque meurtrière du convoi de la mine d’or de la société SEMAFO SA le 6 novembre 2019, sur l’axe Ouragou-Boungou dans la région de l’Est/province du Gourma, qui a fait 38 morts.
Cette nouvelle donne imposée au pays des Hommes intègres a amené le gouvernement en place à revoir ses priorités de dépenses. C’est ainsi que les dépenses allouées aux domaines de la défense et de la sécurité par le budget de l’Etat connaissent une hausse significative et ce, depuis 2016 (cf. L’Economiste du Faso du 28 octobre 2019).
Mais comment continuer à augmenter le budget de la défense et de la sécurité si les régies des recettes n’arrivent plus à faire correctement la collecte du fait que d’une part, les populations affectées se déplacent, toute chose qui se traduit par une perturbation des activités économiques, et d’autre part, la recrudescence de l’insécurité rend certaines zones difficiles d’accès aux régies de recettes avec pour corollaire, l’impossibilité de mobiliser des ressources pour financer les budgets publics.
Cette problématique des effets sécuritaires sur les budgets publics a amené le Centre d’information, de formation et d’études sur le budget (CIFOEB) à engager une réflexion inclusive à la faveur de la 11e Journée nationale de la bonne gouvernance économique et financière qui a eu lieu le 8 novembre 2019 à Ouagadougou. Pour les premiers responsables du CIFOEB, face à cette équation, tous les contribuables doivent consentir plus d’effort en vue de renforcer les équipements et assurer les primes de motivation des Forces de défense et de sécurité.
En attendant que cette requête se concrétise, le CIFOEB salue ce qu’il qualifie de mesures exceptionnelles prises par le gouvernement. Il s’agit de l’augmentation des prix du carburant à la pompe. A cela s’ajoutent les réaménagements budgétaires de plusieurs ministères et d’institutions. Ces réajustements, disent-ils, vont permettre au gouvernement d’engranger des bénéfices en vue d’apporter une réponse adéquate à l’insécurité.
Briser la glace du «tabou» sur les dépenses sécuritaires
Une chose est de «chiffonner» les budgets de certains secteurs de développement pour les réaffecter à la défense et à la sécurité et une autre est de s’assurer de la gestion transparente de ces allocations financières. Et ce, disent-ils, même si c’est dans la grande muette. Le CIFOEB souhaite désormais qu’on brise la glace du «tabou» qui a toujours entouré les dépenses concernant l’Armée. «S’il est vrai que les questions de défense et de sécurité sont des domaines réservés, il n’en demeure pas que les exigences de bonne gouvernance s’imposent à tous services publics et animateurs», laisse entendre le CIFOEB. Le centre exhorte les Burkinabè à faire une veille citoyenne sur les questions budgétaires, particulièrement dans le domaine de la défense et de la sécurité. Au gouvernement, le CIFOEB exige la redevabilité vis-à-vis des citoyens. Une redevabilité qui doit passer par la mise à disposition des citoyens, de documents budgétaires compréhensibles et accessibles à tous.
JB
Gouvernance économique: Fada, Dédougou et Bobo primés
A l’issue des travaux de la journée, trois Communes ont été primées dans le cadre de la bonne gouvernance économique et financière, sur les critères de respect des procédures d’élaboration, de transparence du budget et de participation du public. Il s’agit de la Commune de Fada N’Gourma, qui a remporté le premier prix, et des Communes de Bobo-Dioulasso et de Dédougou. Un mémorandum de recommandations a ensuite été remis au ministère de l’Economie, des Finances et du Développement, représenté par le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, Célestin Santéré Sanon.