Qui dit installation de mine industrielle dit aussi conséquences. L’exploitation des ressources minières engendre des répercussions sur l’environnement, la biodiversité mais aussi et surtout sur le milieu de vie des populations riveraines locales, souvent contraintes de déménager. Ces difficultés sont vécues par les populations de Bomboré, dans la Commune de Mogtédo. Une situation qui a poussé l’ONG ORCADE a organisé le 3 octobre à Ouagadougou, une conférence publique sur les impacts de la mine sur les populations. Une rencontre qui a regroupé, en plus des représentants des populations locales, les représentants de la mine, du ministère des Mines et des organisations de la société civile. Elle a été présidée par le Directeur exécutif de ORCADE, Jonas Hien, pour qui un tel cadre de discussion est «fort utile et nécessaire». Au cours de la conférence, une projection vidéo relatant les multiples plaintes et témoignages des populations locales a été faite.
Ces plaintes ont concerné la baisse de revenus due au fait qu’elles ne pouvaient plus ni pratiquer l’agriculture ni l’orpaillage, leurs principales sources de revenus. Il y a notamment, l’insuffisance des compensations des pertes subies. En plus de solliciter le minimum pour payer les scolarités de leurs enfants, certaines femmes ont attiré l’attention de Orezone sur le traitement des eaux qui seront polluées par les produits chimiques. Ces habitants dénoncent aussi les difficultés liées à leur réinstallation, car une partie de la population se déplace avec l’hôpital, laissant le reste de la population à leur sort. Ils ont aussi souligné l’usage abusif de la force publique et le manque de débouchés pour leurs petits commerces.
La défense de la société minière Orezone S.A
Orezone, par le biais de son représentant, le surintendant des relations avec les communautés de Orezone Bombore SA, Kossongona, Eric Kusi , a tenu à apporter quelques éléments de réponses aux préoccupations des populations. Selon ce dernier, la société minière Orezone, après avoir estimé la quantité d’or exploitable dans la mine, ne peut pas se permettre de laisser les orpailleurs prélever dans la zone concernée. Cependant, il a tenu à rassurer les populations que la mine consent à laisser les orpailleurs travailler dans la zone minière dans la seule condition que ces derniers s’organisent en association ou coopérative et obtiennent l’autorisation de l’Etat ; il a, par ailleurs, affirmé que cette disposition était une prescription de l’Etat burkinabè. Il a notamment, souligné que les femmes étaient autorisées à faire du vannage sur le site minier sans restriction. Après avoir affirmé que la société minière disposait d’un plan de réinstallation des populations, ce dernier a énuméré un certain nombre d’actions que Orezone a posées dans le cadre de ce plan, qu’il confesse insuffisant pour le moment. Il s’agit, notamment, des formations dans les activités rémunératrices telles que la fabrication de savon, le jardinage, la maçonnerie, la soudure.
Les populations appellent l’Etat à prendre ses responsabilités
En plus de la société minière Orezone, les plaintes et préoccupations des populations de Bomboré sont aussi adressées à l’Etat burkinabè. Selon les habitants de Mogtédo et de Bomboré, l’Etat burkinabè fait preuve d’une fuite de responsabilité, les laissant ainsi à leur triste sort.
Les responsables des associations et société civile ont, par ailleurs, dénoncé de nombreux insuffisances dans le suivi et contrôle de l’Etat et la non-mise en application des décrets 102 et 141 du Code minier. Selon Asseghna Anselme Somda, «le décret 141 du Code minier recommande une étude de faisabilité et la définition d’un plan d’ancrage à l’économie locale, avec tous ses effets d’entraînements et la mise en place d’un fonds de réhabilitation de l’environnement».
Les populations ont, par ailleurs, appelé le gouvernement et le ministère des Mines et des Carrières à prendre leurs responsabilités pour faire appliquer les textes avant que le scénario de Kalsaka se répète.
Rachid OUEDRAOGO (Collaborateur)
Les dispositions de l’article 102, chapitre 5 du Code minier
Article 102: Les titulaires de titre minier ou d’autorisation se conforment aux normes du droit du travail. Ceux-ci, leurs fournisseurs et leurs sous-traitants emploient en priorité, à des qualifications égales et sans distinction de sexes, des cadres burkinabè ayant les compétences requises pour la conduite efficace des opérations minières. L’entreprise soumet à l’administration des mines, un plan de formation des cadres locaux pour le remplacement progressif du personnel expatrié.
L’entreprise est tenue au respect de quotas progressifs d’emplois locaux selon les différents échelons de responsabilité. Un décret pris en Conseil des ministres établit la nomenclature des postes et les quotas d’emplois locaux requis suivant le cycle de vie de la mine.
L’autorité en charge des mines reçoit un rapport annuel de l’état d’exécution par les entreprises des exigences en matière de formation, d’emploi et de promotion du personnel local. Les contrats de travail des travailleurs non nationaux dans le secteur minier sont visés par l’administration du travail, dans les conditions précisées par arrêté conjoint des ministres chargés du travail et des mines.