Economie

Biens et services miniers: entre 800 et 1.000 milliards FCFA l’an pour des entreprises burkinabè

En marge de la tenue de la Semaine nationale de la santé-sécurité minière, le président de la Chambre des mines du Burkina, Tidiane Barry, a accordé une interview à L’Economiste du Faso.
Il explique ici les raisons de l’organisation de cette Semaine et aborde la question de la contribution des mines au développement du pays.

L’Economiste du Faso : Parlez-nous de la Semaine nationale de la santé-sécurité minière ?
Tidiane Barry : Comme vous le savez, chaque année, la Journée mondiale de la santé- sécurité a été instituée par l’Organisation internationale du travail (OIT) qui a lieu tous les 28 avril. Au vu de l’importance de la thématique de la santé-sécurité au niveau du secteur minier, la Chambre des mines du Burkina (CMB), qui est la faîtière des sociétés minières burkinabè, a trouvé important de marquer sa contribution en instituant donc cette Semaine dont la première édition aura lieu du 25 juin au 28 juin 2019 à Ouagadougou.
L’objectif est de créer un cadre d’échanges et de partage d’expériences sur les bonnes pratiques et de préventions et de gestion en matière de sécurité au travail dans l’industrie minière. Nous souhaitons qu’à travers ce prisme donné par les sociétés minières, les autres secteurs d’activités puissent s’inspirer de cet exemple.

Pourquoi les sociétés minières mettent-elles un accent particulier sur la santé- sécurité ?
C’est tout simplement parce que la santé-sécurité est au centre des activités minières. Vous n’ignorez pas que dans les sociétés minières, les équipements utilisés sont lourds et spécifiques, avec manipulation des produits chimiques et des fosses qui peuvent être profondes, et surtout le nombre d’employés qui y exercent, tout cela mis ensemble fait que la santé-sécurité devient une préoccupation afin d’éviter tout risque d’accident ou d’incident. Pour nous, la santé-sécurité est une valeur, il est inconcevable que quelqu’un vienne pour gagner son pain et repart de chez nous avec des séquelles de travail. Ceci n’est pas tolérable et tout doit être mis en place pour éviter que l’irréparable se produise.

Quelles seront les grandes articulations de cette Semaine nationale de la santé-sécurité minière ?
D’abord, on aura une table ronde le 25 juin 2019 qui va permettre aux différents experts en santé-sécurité d’échanger, de partager des expériences et d’aborder des thématiques précises. Après, il va s’en suivre deux jours de formation qui sont accessibles au public et vont permettre d’aborder plusieurs thèmes en santé-sécurité, l’hygiène industrielle, les techniques d’enquêtes et d’analyse des accidents, la protection des machines… Il est également prévu des expositions des différentes compagnies minières sur ce qu’elles ont à montrer comme innovation en matière de santé-sécurité et des fournisseurs qui s’intéressent aux questions de santé-sécurité. Une des activités phares, c’est le don de sang qui sera initié pour marquer la Journée mondiale de don de sang qui a lieu chaque 14 juin. Pour nous, c’est une question de la protection de la vie humaine et c’est une question qui préoccupe l’industrie minière.

Comment mesure-t-on la contribution du secteur minier au développement du pays, y compris les collectivités ?
La contribution directe du secteur minier doit être perçue à deux niveaux. D’abord, de façon directe à travers sa contribution tous les ans au budget de l’Etat. Aujourd’hui, vous savez que le secteur minier est le secteur qui pourvoit le plus aux recettes du Burkina Faso. Les chiffres avoisinent 266 milliards FCFA par an. Au-delà de ces retombées directes, il y a tout un ensemble de retombées indirectes qui sont d’ailleurs plus importantes que celles directes. Il s’agit de tous ces emplois directs et indirects créés par les mines et bien rémunérés. Autour de chaque travailleur du secteur minier, il faut compter à peu près entre 7 et 10 personnes qui bénéficient, de façon indirecte, des revenus de ce travailleur. Ensuite, il y a tout ce que ce secteur apporte au tissu économique du pays à travers toutes les entreprises sous-traitantes et les fournisseurs de biens et services. Il faut aussi ajouter l’apport des sociétés minières par rapport à la dimension de responsabilité sociale (RSE) et particulièrement, celle des activités de développement durable.

Quels sont les emplois où on trouve le plus de Burkinabè ?
Au niveau des mines industrielles, plus de 90% des employés en moyenne de chaque mine sont des nationaux. Et moins de 10% d’employés expatriés. Ces expatriés sont l’objet d’une stratégie de développement, de renforcement des capacités humaines nationales qui, à un moment donné, seront remplacés par les nationaux et cela se fait de façon progressive, selon la réalité des opérations minières et selon les compétences disponibles. Ce qui est essentiel et important, c’est qu’il y a un véritable plan de relève de chaque société minière pour que ce processus de transfert des compétences aux nationaux se passe bien. A ce jour, nous comptons plus de 10.000 employés directs, soit 96% des nationaux.

Le secteur minier est consommateur de biens et de services. Avez-vous une idée des sommes investies chaque année par les sociétés minières ?
Les biens et services faits par des entreprises de droit burkinabè au profit de l’ensemble du secteur minier sont estimés entre 800 et 1.000 milliards FCFA par an.

Est-ce que des entreprises burkinabè arrivent à décrocher des contrats avec les sociétés minières ?
Oui, bien sûr. Les chiffres que je viens de vous donner démontrent que ce sont des entreprises nationales qui arrivent à s’intégrer dans la chaîne d’approvisionnement des sociétés minières. Maintenant, nous sommes dans un monde de compétitivité et l’objectif est de permettre qu’il y ait un renforcement des capacités des entreprises nationales à pouvoir servir le secteur minier et également un accompagnement au niveau de la législation de la règlementation pour que des mesures de compétitivité soient prises à leur endroit. Actuellement, on a de bons exemples d’entreprises nationales qui s’intègrent parfaitement. Mais il faut que ces exemples se multiplient et que de plus en plus, ces entreprises puissent exceller dans des domaines plus techniques et ayant une expertise plus approfondie. Car, il y a une différence entre fournir des produits alimentaires et équipements miniers. Je reste persuadé que si le secteur minier continue à se développer, de facto, cette intégration des entreprises nationales va se faire, pas seulement pour des raisons de responsabilité sociale, mais économiques pour les mines. Il est plus avantageux d’avoir à proximité la disponibilité du produit, à des coûts compétitifs que d’allonger sa chaîne d’approvisionnement en allant très loin pour chercher le même produit.

Quels sont les secteurs d’activités où excellent le plus ces entreprises nationales ?
Les biens et services, location d’engins, le transport du minerai, la fourniture de certains produits assez complexes (produits chimiques), les services de consultation (environnement). Il y a une bonne progression à ce niveau et vraiment pas de chasse gardée, tous les secteurs sont ouverts, pourvu que l’entreprise en ait les capacités pour pourvoir livrer la marchandise.

Quelles sont les difficultés qui empêchent les entreprises nationales d’avoir des contrats avec les sociétés minières ?
Il est vrai que toutes les entreprises nationales ne peuvent pas servir les mines. Il n’y a pas de favoritisme, les critères sont simples, c’est la capacité financière, matérielle et la disponibilité du produit en temps voulu par la Mine demanderesse.

Un dernier mot ?
La Semaine nationale de la santé-sécurité minière est une première édition et nous souhaitons que cette édition marque une forme de prise de conscience sur les questions de santé-sécurité, non seulement au niveau minier, mais dans tous les domaines d’activités au Burkina Faso.

Propos recueillis par Ambèternifa Crépin SOMDA

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