Las d’attendre la reprise du travail sur le site minier d’Inata, les ex-travailleurs de la Société des mines de Belahouro (SMB) qui exploite le site avaient saisi la Justice en 2017. Après plusieurs reports, c’est finalement le 12 juin 2019 que le dossier a été retenu au Tribunal de travail de Ouagadougou. Le délibéré est attendu pour le 16 octobre 2019. Une victoire d’étape pour ces ex-travailleurs dont les déboires ont commencé en 2014.
Avec des réserves estimées à 22,5 tonnes d’or, Inata est entrée en production le 23 février 2010 pour une durée de vie initiale de 10 ans. Cette durée a été prolongée de 3 ans.
Mais, la société rencontrera dès sa deuxième année de production, des difficultés, occasionnant une baisse de sa production. De 4,2 tonnes d’or produites en 2010, la production a atteint 5,05 tonnes en 2011, avant de chuter à 3,58 tonnes en 2013 puis à 2,74 tonnes en 2014.
Une baisse qui va se poursuivre en 2015 et en 2016 avec respectivement des productions estimées à 2,30 et 2,25 tonnes. Selon les responsables de la mine en son temps, ces difficultés s’expliqueraient pour des raisons physiques et géologiques. En effet, le minerai rencontré présenterait une caractéristique qui ne facilite pas l’extraction de l’or. Il a fallu investir dans d’autres procédés pour extraire le maximum d’or. La société Avocet Mining a pris des mesures d’austérité qui ont touché les travailleurs. Ceux-ci ont donc usé de leurs droits pour revendiquer de meilleures conditions de vie et de travail. La grève de 2014 entrait dans ce cadre. A l’issue de ce mouvement, le directeur de la Mine à l’époque, Seydou Idé, avait estimé à environ 7 milliards FCFA, la perte enregistrée.
Il a avancé ce montant pour justifier le licenciement de 300 travailleurs courant décembre 2014. Les travailleurs licenciés ont saisi la Justice qui leur a donné raison. Ils ont saisi 47 kg d’or que la Mine s’apprêtait à exporter en octobre 2016. En décembre 2016, une autre grève a entraîné la mise en chômage technique de plus de 600 employés en mai 2017. Un chômage technique qui se transformera en licenciement.
Informé des difficultés de la Mine, le gouvernement a commandé un rapport qui a été rendu en octobre 2017. Le rapport estime à 35 milliards F CFA, les créances d’Inata. Sur ces créances, 80% revenaient à 6 grandes entreprises de la place, et les 20% à 200 petites entreprises. La société reste redevable à l’Etat burkinabè en termes de taxes et d’impôts non payés de près de 2,5 milliards F CFA et des droits des travailleurs licenciés en 2014 et en mai 2017. Le gouvernement a encouragé Avocet Mining à vendre la société afin d’éviter la liquidation judiciaire. Après un processus qui a débuté en décembre 2018, Avocet informe que le Groupe Balaji a conclu, le 8 février 2018, l’achat d’Avocet Mining pour une contrepartie totale de 5 millions USD, soit environ 2,750 milliards FCFA.
Les travailleurs s’attendaient à une reprise des activités avec le nouveau repreneur, mais Baladji n’a jamais pu redémarrer les activités de la mine. Pourtant, à l’achat du permis d’Inata, le Groupe Balaji, déjà présent au Burkina sur le site de Kalsaka, annonçait son intention d’investir 26 millions de dollars (environ 13 milliards FCFA) pour la reprise de la production d’Inata.
Ils sont près de 1.000 personnes dont les emplois ont été suspendus sans paiement préalable des droits. Depuis 26 mois, ils sont sans salaire et sans mesures d›accompagnement. Les négociations entre les parties n’ont jamais abouti. La preuve, la tentative de conciliation a abouti à un désaccord le 15 février 2018. Aussi, la Mine refuserait d’exécuter une décision arbitrale prise en mars 2015 relative aux heures supplémentaires et jours fériés et non travaillés non payés.
Las d’attendre, ils se sont constitués en collectif des ex-employés de la Société des mines de Belahouro (SMB) pour mieux défendre leurs intérêts en saisissant le Tribunal de travail de Ouagadougou.
Ces ex-travailleurs réclameraient environ 12 milliards F CFA, comprenant des arriérés de salaires depuis novembre 2017. Cette somme prend également en compte la liquidation de tous les droits des travailleurs, les cotisations à la Caisse nationale de sécurité sociale pour la période concernée, le calcul et le paiement des rappels sur les avancements. Le collectif exige le règlement des conflits individuels entre certains travailleurs et le Groupe Baladji. Il exige le remboursement des frais médicaux et les frais de missions durant la période de chômage technique, etc.
Elie KABORE
Inata intéresse-t-il réellement le Groupe Balaji ?
Le Groupe Balaji a racheté la mine d’Inata au moment où Avocet détenait un permis d’exploitation valable jusqu’en 2027. Mais les réserves d’Inata sont presqu’épuisées. Il ne reste plus que 02 années d’exploitation. Pourquoi avoir payé Inata ? Selon nos informations, en plus d’Inata, l’achat a concerné 08 permis d’exploration dans les alentours de Belahouro, dont le permis de Souma qui présente une bonne teneur. Il nous revient que ces permis d’exploration sont arrivés à expiration et des sociétés seraient intéressées pour leur reprise. Une situation que les ex-travailleurs suivent de près, parce qu’une des sociétés parmi celles qui s’intéressent le plus serait, selon eux, en lien avec Balaji.