A l’issue de la campagne agricole 2018 -2019, la production totale courante des cultures céréalières du Burkina Faso est estimée à 5.180.702 tonnes. Cette production est en hausse de 27,50% par rapport à la dernière campagne agricole et en hausse de 16,90% par rapport à la moyenne des cinq dernières années. En dépit de cette apparente progression, le spectre de l’insécurité alimentaire plane sur la terre des Hommes intègres. Le Comité de prévision de la situation alimentaire et nutritionnelle (CPSA) a mené une étude sur la question dont les résultats ont été présentés.
Le bilan alimentaire définitif de la campagne 2018/2019 montre que les besoins en produits végétaux sont couverts à 170,1 % et ceux en produits animaux à 173,1 %. L’analyse révèle également qu’à l’exception des tubercules et des œufs, les besoins de la quasi-totalité des autres produits (céréales, légumineuses, oléagineux, fruits, etc.) sont couverts.
La consommation énergétique par tête et par jour est de 3710,5 kcal correspondant à un taux de couverture globale de 148,4%. Les disponibilités par personne et par jour en protéines, en lipides et en glucides représentent respectivement 125,4 g, 95,9 g et 608,6 g. Ainsi, la teneur respective en protéines, lipides et glucides de l’alimentation burkinabè serait respectivement de 15 %, 12 % et 73 %. Un régime alimentaire étant équilibré si l’énergie calorifique consommée en nutriments est apportée par les protéines et est de 11 à 15%, de 30 à 35% pour les lipides et de 50 à 55% pour les glucides, il en résulte que l’alimentation du Burkinabè n’est pas équilibrée.
En effet, cette alimentation contient une forte consommation en termes de glucides et une faible consommation en lipides. Par ailleurs, il ressort de cette étude que « la situation nutritionnelle reste préoccupante malgré la tendance à la baisse de la malnutrition ». En effet : le taux de prévalence de la malnutrition chronique serait de 25,0%, dont 6,9% de forme sévère.
Des disparités sont observées aussi bien entre les régions qu’au sein des régions. Ainsi, la prévalence la plus élevée a été observée dans la région du Sahel (42,2%) et la plus faible dans la région du Centre (7,3%). Il est à noter une hausse des prévalences par rapport à 2017. La prévalence au niveau national de l’insuffisance de poids est de 17,8%, dont 4,1% de forme sévère.
Au niveau régional, la prévalence la plus élevée est enregistrée dans la région du Sahel (31,3%) et la plus faible dans la région du Centre (9,3%). Au niveau provincial, la valeur la plus élevée est observée au niveau de la province du Séno (35,6%) alors que la plus faible est constatée dans la province du Kadiogo (9,3%). Douze provinces présentent un seuil de prévalence de l’insuffisance pondérale au-dessus du seuil d’alerte (20%), parmi lesquels deux provinces du Sahel (Séno, Yagha) affichent des valeurs au-delà du seuil d’urgence (30%)
La prévalence de la malnutrition aiguë au niveau national est de 8,5%, dont 1,7% de forme sévère. Cette prévalence présente des disparités au niveau régional. Elle varie de 5,8% dans la région du Centre-Sud à 12,6% dans la région du Sahel. Neuf provinces avaient des prévalences de la malnutrition aigüe au-dessus du seuil d’alerte de l’OMS (10%).
Les Modes de nutrition sont diversifiés
Parmi les enfants de 0-59 mois enquêtés, 1,0 % d’entre eux présentaient une surcharge pondérale, dont 0,3 % d’obésité; 55,8% des enfants de 0-23 mois ont été exclusivement allaités, 59,5% des enfants ont été mis au sein dans l’heure qui a suivi leur naissance et 92,6 % d’entre eux ont bénéficié du colostrum. 92,4 % des enfants de 12 à 15 mois ont bénéficié de la poursuite de l’allaitement et 70,8 % des enfants enquêtés ont reçu une alimentation de complément selon l’âge recommandé (entre 6-8 mois). Par ailleurs, 18,0% des enfants de 6-23 mois ont une alimentation minimum acceptable.
Les résultats ont également montré que 50,4% des ménages enquêtés ont un score de consommation alimentaire acceptable tandis que 5,7 % des ménages ont enregistré un score de consommation pauvre. Par ailleurs, 24,7% des ménages ont enregistré une diversité alimentaire élevée contre 55% pour une diversité alimentaire moyenne. Le score moyen de diversité alimentaire des ménages est de 4,7 groupes au niveau national. Quant à la diversité alimentaire minimum chez les femmes en âge de procréer, elle est de 15,2% avec comme aliment de base les céréales (99,8%) et une faible consommation de produits animaux (26,7% de produits carnés et 2,1% d’œufs). Le nombre moyen de groupe d’aliments consommés par les femmes (3,4) reste inférieur à la norme qui est de 5 groupes d’aliments minimum /jour.
Rachid Ouédraogo (Stagiaire)
Une enquête nutritionnelle SMART à approfondir
Les raisons qui peuvent expliquer la position du Plateau central dans le classement des régions en matière de diversités alimentaires sont, entre autres, les habitudes alimentaires des ménages et la période de réalisation de l’enquête. En effet, il faut noter que l’enquête nutritionnelle SMART est réalisée en période pluvieuse et ne permet pas de prendre en compte la production maraîchère dans les analyses. Par ailleurs, les causes profondes du taux élevé de la malnutrition aigüe dans certaines provinces (Ioba et Sanguié) ne sont pas maîtrisées pour le moment. Il importe donc d’approfondir les études afin de déterminer ces causes réelles, selon les auteurs de l’étude.