Les députés attendaient de pied ferme le Premier ministre sur la gestion des mouvements sociaux. Les syndicats ont multiplié les grèves et les sit in pour exiger la satisfaction de leurs plateformes revendicatives. Ils ont taxé le gouvernement de ne pas tenir ses engagements. En fait, ces grèves, pour la plupart, avaient pour exigence principale la mise en œuvre d’accords déjà convenus entre les deux parties. Le Premier ministre a reconnu que la mise en œuvre des accords était effectivement une préoccupation et là-dessus, le gouvernement aurait un plan mais «s’inscrit donc en faux contre certains propos qui tendent à dire que le gouvernement prend des engagements et ne les respecte pas». La gestion des revendications, selon la démarche exposée par le Premier ministre, se fera en deux étapes. La première va consister «à apurer le passif dont nous avons hérité. Il y a des lois qui ont été adoptées depuis 2012 et ces lois n’ont pas connu de décret d’application. Il aurait fallu le faire depuis 2012. On est tenu de le faire avant de passer à autre chose. Voilà la situation dans laquelle on se retrouve».
Et d’ajouter: «Lorsqu’il y a des revendications qui s’attachent à l’application de ces lois, nous sommes obligés de répondre. Il reconnait cependant qu’il y a eu une certaine dérive dans la gestion de ces dossiers, mais comme il faut réparer, le chef de l’Etat a dit de réparer. Nous discutons avec les différents corps pour trouver des solutions. Par exemple, avec les policiers, on dit de reclasser certains agents dans la grille indiciaire. Ce n’est pas parce qu’ils ont marché qu’ils l’ont obtenu, c’est la loi qui le dit. Ce n’est donc pas une faveur»? D’ailleurs, le Conseil des ministres du 22 mai dernier a pris des décrets dans le sens de l’apurement du passif. Il s’agit du décret portant modalités de reversement du personnel du cadre paramilitaire des Eaux et Forêts ; du décret portant modification du décret n°2015-1637/PRES-TRANS/PM/MEF/MJDHPC du 28 décembre 2015 portant classement indiciaire des emplois de fonctionnaires du corps des Greffiers et du décret portant modification du décret n°2016-746/PRES/PM/MINEFID/MJDHPC du 09 août 2016 portant classement indiciaire du personnel de la Garde de sécurité pénitentiaire.
L’adoption de ces décrets permet, selon le gouvernement, de corriger les difficultés intervenues lors du reversement antérieur des Greffiers, du personnel de la GSP et du corps paramilitaire des Eaux et Forêts, en vue d’une gestion équitable des modalités de reversement permettant de résorber l’entassement de plusieurs promotions aux mêmes échelons de rémunération. D’autres décrets en instance pourraient être adoptés dans les semaines à venir. Le gouvernement veut donc montrer patte blanche avant la seconde étape qui, manifestement, s’annonce plus compliqué avec la conférence sur la remise à plat des rémunérations.
Après l’apurement du passif, la remise à plat
La remise en plat des rémunérations semble être la deuxième étape dans la gestion des mouvements sociaux.
Le Premier ministre a rappelé à l’hémicycle pourquoi la conférence n’a pu avoir lieu: «A l’issue de la conférence nationale, un comité technique et un comité de suivi ont été mis sur pied pour travailler sur les recommandations et les mesures à proposer. Nous devrions retourner devant la conférence pour rendre compte des résultats le 30 avril dernier. Mais le chef de l’Etat a préféré différer la tenue pour mieux affiner les documents». La remise à plat est donc officiellement différée. Les propos du Premier ministre tendent à dire qu’il faut que les textes soient validés et que tout le monde soit d’accord sur la remise à plat avant de convoquer la conférence.
«Quand nous serons tous d’accord sur la remise à plat, nous adopterons ces textes ensemble pour montrer notre volonté d’équité et de justice dans la gestion du personnel de la Fonction publique». Mais déjà, on observe que certaines corporations qui ont refusé de participer à la première conférence sur la remise à plat des rémunérations sont en campagne contre le projet et son esprit au nom de la préservation des acquis. Les syndicats des magistrats ont rencontré le président de l’Assemblée nationale dans ce sens pour expliquer leur réticence au projet du gouvernement. Il n’est pas exclu que d’autres corporations leur emboîtent le pas.
FW
Train de vie de l’Etat
La conférence sur la remise à plat devrait également prendre des décisions sur le train de vie de l’Etat. C’était un engagement du nouveau locataire de la Primature. Pour lui, les propositions de réduction du train de vie de l’Etat sont prêtes, seulement, elles ont été reversées à la conférence sur la remise à plat. Ces réductions concernent, entre autres, la rémunération des ministres, celle des hautes personnalités, la gestion des patrimoines de l’Etat… etc. Les partenaires sociaux en faisaient une condition préalable avant tout sacrifice à demander aux travailleurs. La conférence sur la remise à plat parait donc, aux yeux du gouvernement, être le cadre idéal pour discuter de tout cela.