Depuis 2016, le gouvernement du Burkina Faso a entamé des chantiers pour le bitumage de routes et la réhabilitation d’autres infrastructures routières en état de délabrement. Chaque année, le gouvernement injecte d’importantes sommes dans les travaux de rénovation de pistes rurales, mais le constat reste désolant. Pouvez-vous nous faire le point de ces chantiers entamés depuis 2016 et ceux qui sont à l’arrêt? Quelle mesure envisagez-vous pour une solution durable des pistes rurales et ne plus faire du sur-place dans ce domaine? C’est la question orale que le Député Zoungrana Yahaya du parti d’opposition CDP a posée au ministre des Infrastructures, Eric W. Bougouma.
La réponse du ministre a été donnée au cours d’une session plénière à l’Assemblée nationale le 10 mai 2019. C’est avec une certaine sérénité qu’on lui connait qu’il a pris la parole afin de répondre au Député Zougrana Yahaya. La question des chantiers en souffrance tels que celui de la RN4 ou route de l’hôpital préoccupe plus d’un. Débuté il y a 3 ans pour un délai d’exécution de 18 mois, le projet d’aménagement de la RN4 peine à se réaliser.
Devant les représentants du peuple, le ministre a expliqué que les causes de l’arrêt des travaux étaient liées, pour le cas de la route de l’hôpital Yalgado Ouédraogo, au non-payement du décompte de l’entreprise. Il a, par ailleurs, affirmé que l’entreprise chargée de la construction de la RN4 était asphyxiée financièrement, et, en ce qui concerne l’axe Kongoussi-Djibo, les retards seraient liés à l’insécurité. Eric W. Bougouma espère que le partenaire financier tiendra ses engagements.
Le ministre des Infrastructures a tenu à préciser à la fin de sa réponse qu’on ne pouvait pas résorber tous les problèmes liés aux infrastructures routières en même temps. Certains députés n’ont pas apprécié les termes employés par le ministre pour caractériser certaines situations et n’ont pas manqué de le dire lors du débat.
Débat qui fut assez houleux, tant la question des infrastructures routières intéresse les élus locaux que sont les députés. Si pour beaucoup, le ministre est à féliciter pour le travail abattu, d’autres, par contre, sont sceptiques. Ces derniers ont demandé des explications au ministre sur l’état des routes de leurs localités afin de pouvoir rendre compte aux populations. Ce qui a amené le ministre des Infrastructures, Eric Bougouma, à se défendre en confiant que certaines difficultés de réalisation des routes ont été causées par le mouvement d’humeur du MINEFID dont les agents refusaient d’enregistrer les contrats, autrement, la construction de certaines voies aurait débuté. Il a ensuite décliné l’objectif de son ministère selon lequel, le taux d’infrastructures routières bitumées doit passer de 24% en 2016 à 42% en 2020, et de 27% à 43% pour les pistes rurales.
Lutter contre la déchéance morale et consolider la cohésion sociale
Deux questions orales ont été également adressées au ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, Siméon Sawadogo.
L’une des questions posées est venue du Député Zoungrana Yahaya et portait sur les actes posés par le gouvernement pour lutter contre la violence au Burkina Faso.
À cela, le ministre d’Etat, ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, Siméon Sawadogo, a répondu qu’il y avait plusieurs types de conflits. Ils sont liés au foncier, soit à la chefferie traditionnelle, soit à la religion et à l’ethnie. Dans le bilan dressé par le ministre, il ressort 1.183 conflits enregistrés en 2018, avec environ 149.624 personnes déplacées. Pour ce qui est des conflits interethniques et religieux, selon le ministre de l’Administration territoriale, ils sont causés par le terrorisme dont l’une des stratégies serait de diviser la population dont l’exemple le plus frappant est Yirgou.
Pour tous ces conflits, l’Etat déploie sur les lieux, les Forces de défense et de sécurité, et assure la prise en charge et le déplacement des populations. Par ailleurs, le gouvernement a pour projet de sensibiliser, à long terme, la population contre la déchéance morale et l’intégrité à travers des ateliers sur le renforcement de la cohésion sociale.
Rachid Ouédraogo (Stagiaire)
Environ 80.000 fausses immatriculations: la Justice sévit
Cette plénière a été aussi l’occasion pour le ministre de l’Administration territoriale de répondre à la préoccupation du Député Anselme T. Somé sur la question des 80.000 fausses immatriculations.
Le ministre de l’Administration territoriale s’est saisi de cette perche pour apporter des éléments de réponses. Il a notamment souligné que les 80.000 fausses immatriculations étaient une estimation de ce qui pourrait être enregistré comme fraude après une saisie de 80.000 cartes vierges destinées au marché noir. A la question de savoir quelles sont les mesures punitives prises par l’Etat, le ministre a affirmé que l’Etat avait mis en branle des procédures de plaintes. A cet effet, il a confié que 2 directeurs de son département (DGTM) avaient déjà été mis aux arrêts en plus de 8 commerçants. Il a, par ailleurs, ajouté que pour lutter efficacement contre la fraude, le gouvernement avait modifié le logiciel de gestion des transports, reprogrammé de telles sortes qu’une seule personne ne puisse en avoir accès à toutes les commandes de manipulation. Outre cela, l’Etat burkinabè a initié le projet de modernisation des titres et documents de transports (permis et cartes grises) selon les standards internationaux. Les réponses du ministre n’ayant pas satisfait les députés, certains ont attiré son attention sur le fait que les transporteurs fabriquaient des plateaux faits maison, dont les dimensions dépassaient largement celles requises par la loi. Le Député Anselme T. Somé du MPP a, par ailleurs, appelé à établir une interconnexion entre les services des Douanes, les services de police et les services des transports afin de collaborer pour lutter efficacement contre la fraude.