La préservation de l’environnement est au cœur des débats actuellement au Burkina Faso. La polémique autour du site qui abritera le CHU de Bobo-Dioulasso aura permis au moins de rassembler les Burkinabè sur la sauvegarde de notre écosystème. Une situation qui est née d’un «avis favorable» du Conseil municipal de la ville de Bobo-Dioulasso sur le déclassement de 16 ha de la forêt classée de Kua. Elle se situe à cheval entre le village de Kua et celui de Pala, à environ 7 kilomètres du centre-ville de Bobo-Dioulasso, en bordure de la nationale N°1.
La polémique qui a enflé est l’éventuel déclassement de cet espace au profit d’un Centre hospitalier universitaire qui a vision de devenir un hôpital de référence dans la sous-région, si le projet aboutit.
Pour comprendre d’où vient le problème, L’Economiste du Faso a contacté le ministère en charge de l’environnement. «A notre niveau, nous n’avons reçu aucune demande de déclassement de la forêt de Kua, d’ailleurs, nous ne parlons pas de déclassement actuellement», affirme la première responsable du département communication dudit ministère. «Le nom du ministère ressort dans la polémique parce que tout simplement, une note du ministère au Conseil municipal a été divulguée dans la presse. Dans cette note, le ministre rappelle juste au Conseil municipal que pour classer et/ou déclasser une forêt, il y a des procédures à respecter», a poursuivi Hortense Yelemou, DCPM du ministère de l’Environnement.
Au ministère de la Santé, les réponses sont venues du Directeur général de l’hôpital de Koudougou, Dr Sanon Olivier, par ailleurs coordonnateur du projet de construction du CHU de Bobo-Dioulasso. Il a donné son point de vue au micro de la radio Oméga. Sur le choix du site, voici ce qu’il déclare: «Il y a eu des études qui ont été menées et c’est le site dans la zone de Borodougou qui avait été retenu pour le projet. Selon ces études, il y avait deux autres sites qui étaient localisés pour le projet, notamment le site de Nasso qui a été déclassé et un autre sur la route de Bama qui a aussi été déclassé parce que la zone était déjà prise. Le meilleur site qui s’est prêté pour cette étude était la zone de Borodougou. Dieu faisant bien les choses, avec les partenaires chinois, ils ont aussi identifié un autre site proche du premier qui avait été identifié par les études. Il est situé sur une partie de la forêt classée de Kua. Pour bien vous situer, en sortant de la ville de Bobo-Dioulasso, en allant à Ouagadougou, c’est à gauche, juste en descendant de la colline là où les deux voies se croisent. C’est ce site provisoire qui a retenu l’attention de nos partenaires et sur lequel nous sommes en train de mener des études pour voir la réalisation de l’hôpital dans cette zone».
A entendre donc M. Sanon, le site choisi doit encore faire l’objet d’études. Et pour répondre à la polémique qui entoure ce choix, le Dr de l’hôpital de Koudougou s’explique: «au Burkina, nous avons des textes et des lois qu’il convient de suivre et dans ces textes, il y a notamment un décret 2017 N°138/2017 qui parle des modalités de classement et de déclassement des forêts classées au Burkina Faso. Ces forêts sont de deux types, celles qui relèvent de l’Etat et celles qui relèvent de la collectivité territoriale. Et dans ces décrets, les modalités sont bien précisées. Les autorités compétentes sont dans cette démarche pour suivre les textes et suivre la loi en la matière».
Qu’en est-il des menaces à l’environnement? : «Nous avons soulevé ses questions avec nos partenaires chinois et nous en sommes conscients, des mesures sont prises pour atténuer les effets du projet sur l’environnement. Du reste, une étude sera conduite pour mesurer l’impact de l’hôpital sur la zone. Cette étude va nous dégager les mesures appropriées pour atténuer et compenser ce qui sera fait. Pour cela, je pense qu’il ne faut pas trop s’inquiéter. Les techniciens sont en œuvre pour sortir quelque chose de bien. Il faut aussi voir comment saisir cette opportunité pour dégager un environnement afin de redorer le couvert végétal. Nous proposons de reverdir 30 hectares dans la même zone. Nous prendrons 16 hectares, et nous allons rénover 30 autres hectares. Du reste, la zone que nos partenaires et nous avons prise est une zone à dominance eucalyptus. Nous avons discuté avec les partenaires et ils sont d’accord pour nous aider avec le reboisement de cette zone. Je pense donc que dans ces conditions, ce sont des mesures qui seront prises pour pallier la question de l’environnement», conclut le coordonnateur du projet du CHU de Bobo-Dioulasso.
Une recherche satellitaire sur Google Maps permet d’identifier le site provisoire du projet du CHU de Bobo-Dioulasso. Il s’agit d’un espace déboisé d’une partie de la forêt. La construction d’un hôpital doit aussi respecter les standards environnementaux. Selon le Premier ministre, le projet de CHU s’y conformera et même s’appliquera à renforcer et sauvegarder la végétation autour du site sous la supervision des services techniques du gouvernement. Et c’est à tous d’y veiller.
NK
La République populaire de Chine respectera la décision de la partie burkinabè et protègera l’environnement local
Quand nous avons joint l’Ambassade de la République populaire de Chine qui porte le projet de construction du CHU de Bobo-Dioulasso, sa réponse n’a pas tardé. «Premièrement, nous respecterons la décision des autorités et du peuple burkinabè. Deuxièmement, n’importe quel site, comme dans tous les autres projets de coopération sino-africain, le projet du CHU sera réalisé avec les standards bien stricts pour protéger l’environnement local». Notons que le projet de construction de cet hôpital est un don de la Chine en faveur du Burkina Faso. Dans son plan technique, il est prévu non seulement l’érection de l’infrastructure, mais aussi son équipement. Dans le projet, le système du traitement de l’eau usée et des déchets médicaux est programmé. De plus, un programme de reverdissement de la forêt sera mis en place et une série de sensibilisations des populations riveraines du site sur la nécessité de la protection de l’environnement sera menée. Il faut souligner aussi qu’une étude menée en 2009 sur le niveau de dégradation des forêts classées a estimé à 87% le taux de dégradation de la forêt de Kua. La superficie des sols dénudés et ou dégradés a été déterminée à partir de la base des données de l’occupation des terres (BDOT) élaborée en 2002.