Ils voulaient que le gouvernement revoie le format des Journées nationales du paysan (JNP) pour, disent-ils, répondre au mieux à leurs aspirations. Eux, ce sont les producteurs et productrices, qui l’ont réclamé lors de la 20e édition des JNP tenue en 2017 à Kaya. A cette grande messe du monde agricole, les acteurs avaient plaidé pour une meilleure coordination de cette manifestation et souhaité un suivi efficient de la mise en œuvre des engagements et des recommandations.
Pour atteindre ces objectifs, ceux-ci avaient soumis à l’attention du gouvernement, les innovations suivantes: La création d’un Secrétariat permanent ; la consécration du caractère biennal des JNP; le retour aux ateliers sectoriels qui étaient, entre-temps, supprimés dans l’agenda officiel. Mieux, le président de la Confédération paysanne du Faso en son temps, Bassiaka Dao, avait, sur un ton solennel, dit «qu’il est temps que les agriculteurs s’impliquent davantage dans l’organisation des JNP».
Deux ans après, la plupart de ces doléances ont été tenues et ont été partagées aux participants (1 000) venus des 45 provinces, à Gaoua, qui a abrité du 25 au 27 avril 2019, la 21e édition des JNP.
Aussi, à Gaoua, le gouvernement a décidé que désormais, la région hôte des JNP verra une série de réalisations d’infrastructures de stockage, de transformation, de constructions d’ouvrages hydrauliques, la création d’aménagement et d’espaces pastoraux. Toujours dans la cité de Banfudji, les acteurs du monde rural ont planché sur la thématique: «Défi de la sécurité alimentaire dans un contexte d’insécurité : quelles stratégies d’accompagnement des exploitations agro-sylvo-pastorales, halieutiques et fauniques?».
Ce thème d’actualité a été développé dans la matinée du 27 avril à travers le dialogue direct entre le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, et les producteurs. Le choix de cette thématique qui colle avec l’actualité est dicté par le fait que l’Etat constate un déficit céréalier dans les régions les plus touchées par les attaques terroristes que sont la Boucle du Mouhoun, le Sahel, le Nord et l’Est. Pour fuir la foudre de ces hommes sans loi ni foi, les populations rurales dont l’activité principale est l’agriculture sont obligées de délaisser leurs terres cultivables pour des zones où règne la sécurité.
Le programme d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement lancé
Selon le ministre de l’Agriculture et des Aménagements hydro-agricoles, Salifou Ouédraogo, cette thématique traduit «la volonté du gouvernement et des acteurs à œuvrer à l’accroissement des performances du secteur rural malgré les contraintes diverses». A cet échange direct, les différentes préoccupations liées à la transformation des produits locaux, au financement du secteur agricole dont un début de solution a été trouvé avec le lancement, le 29 mars 2019, des activités de la Banque agricole du Faso (BADF), l’autosuffisance alimentaire, la rareté des terres cultivables, l’accès aux intrants agricoles, l’optimisation de l’eau… ont été abordées.
Mais avant cette rencontre, il y a eu la cérémonie officielle de ces JNP le 26 avril, qui a vu la décoration des acteurs et l’ouverture de la foire agro-sylvo-pastorale où les potentialités des cultures de rente et vivrières ont été exposées.
L’une des phases marquantes de cette 21e JNP a été le lancement officiel, par le président du Faso, du programme d’approvisionnement en eau potable et d’assainissement à Kiligbara (Kampti), le 25 avril 2019. Nous y reviendront dans notre prochaine édition sur les recommandations issues de cette 21e JNP.
Ambèternifa Crépin SOMDA
Le plaidoyer de Bassiaka Dao, président de la CPF, en 2017
«Ce n’est pas un virage que nous avons pris à Kaya. Cela fait déjà trois éditions que nous parlons de transformer les JNP en biennale pour donner plus de chance à la mise en œuvre des recommandations issues de l’édition qui vient de se tenir. Le souhait d’un Secrétariat permanent qui sera géré par les organisations professionnelles agricoles sera un organe d’interpellation et de suivi de la mise en œuvre des recommandations. A propos du financement, nous sommes conscients que l’Etat ne peut pas tout faire et qu’à un moment donné, les paysans doivent aussi mettre la main à la poche. C’est pourquoi, nous avons fait une hypothèse avec le chef de l’Etat en disant que nous sommes prêts au niveau des organisations professionnelles agricoles à faire des prélèvements de 5% sur nos différents produits pour soutenir les JNP. Mais qu’en attendant que nous prenions notre autonomie, peut-être à l’édition de 2023, l’Etat va continuer à financer les JNP. C’est pourquoi, nous devons sensibiliser le monde agricole pour que chaque acteur sache que quel que soit son domaine d’activité, il doit contribuer».