Le 31 mars dernier, aurait dû avoir lieu la mise en place d’une faîtière des transporteurs. Celle-ci devrait regrouper toutes les organisations professionnelles de transporteurs du pays pour servir d’interlocuteur unique dans les négociations et défendre les intérêts des patrons des transporteurs. Un processus qui a duré 6 mois et qui devait porter sur les fonts baptismaux de la Fédération unique des transporteurs routiers du Burkina (FUTRB).
Au cœur de sa mission, gérer le fret pour le compte de tous les transporteurs. Jusqu’ à présent, cette gestion est entre les mains de l’OTRAF, en coordination avec le CBC et l’UCRB. C’est donc une nouvelle ère qui s’annonce dans le secteur.
Des évènements sont venus contrarier la naissance de cette organisation faîtière et pousser le gouvernement à demander le report de l’Assemblée générale constitutive pour cause de menace de troubles à l’ordre public.
Le 24 août 2018, les membres de l’Union des chauffeurs routiers du Burkina déclenchent une grève illimitée qui paralyse l’approvisionnement de la capitale en carburant.
Les manifestants demandaient simplement le départ du président de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF), Issouffou Maïga. La raison selon les manifestants: l’homme utiliserait le poste à son seul profit et il rééditerait les mêmes pratiques au cas où il était président de la nouvelle faîtière. Face à l’ampleur de la crise entre les deux organisations, l’une d’employés et de patrons, le gouvernement a décidé, le 28 août 2018 dernier, de suspendre les deux organisations. Cette suspension sera levée en septembre 2018 suite à un accord entre les parties. En avril 2019, un nouveau débrayage des chauffeurs est annoncé avec le même grief. Cette fois, les représentants des transporteurs montent un créneau pour désamorcer le mouvement. Des chauffeurs routiers se désolidarisent du mouvement qui, finalement, est un échec.
Pour qui roulent les chauffeurs dans ce dossier de la faîtière? Deux hypothèses ont cours actuellement. La première repose sur le fait que la composition du bureau ne fait pas l’affaire de tout le monde. Certains patrons ne verraient pas d’un mauvais œil ce mouvement.
La seconde hypothèse consiste à dire que la gestion actuelle du fret a généré tellement d’intérêts pour les acteurs en présence que la nouvelle faîtière risque de faire perdre des privilèges à ceux qui en profitent jusque-là. Les tenants de cette hypothèse, pensent que le gouvernement, en décidant de reporter la mise en place de la faîtière, fait indirectement le jeu de ceux qui sont pour le statut quo. En tous les cas, le problème reste entier.
Le personnage de Issoufou Maïga cristallise l’attention. Sa gestion est décriée par les chauffeurs. Les organisations de patrons, quant à elles, ne se prononcent pas ouvertement sur la question de sa gestion, mais n’en pensent pas moins. On reproche à son bureau le manque d’équité. Le président de l’OTRAF que nous avons joint au téléphone déclare ne pas s’occuper de «l’invisible», allusion faite à ceux qui travaillent dans l’ombre contre lui. Il explique que la mise en place de la faîtière est une initiative des organisations de transporteurs qui ont décidé d’avoir une interface unique pour discuter de leurs préoccupations avec le gouvernement. Le processus a été entièrement financé par les transporteurs pour près de 4 millions de francs. 18 organisations y ont pris part et ont préparé les textes de base qui devraient être adoptés à l’Assemblée constitutive.
Lors de cette rencontre de validation des textes qui a eu lieu au CBC, le mode de désignation des membres du bureau a été également discuté et adopté. C’est ainsi que le consensus a prévalu comme mode de désignation tout, comme la répartition des postes. C’est de cette façon que le «bureau» provisoire a été constitué, avec Issouffou Maïga comme président. D’après certains participants, un seul syndicat ne trouvait pas son compte dans la proposition des membres du nouveau bureau, c’est une nouvelle organisation qui n’a pas eu le positionnement souhaité face aux anciens.
FW
Un processus suspendu à la volonté du gouvernement
18 organisations ont entrepris de mettre en place une faîtière dans le secteur depuis quelques mois. Il s’agit de la faîtière unique des transporteurs routiers du Burkina Faso (FUTRB) qui ne regroupe pas de chauffeurs.
Ce processus devait aboutir à l’organisation d’une Assemblée générale constitutive, lorsque sont intervenus l’augmentation des prix du carburant en fin d’année 2018 et les différents mouvements des organisations représentant les chauffeurs à travers le blocage des routes. Leur exigence, que Issoufou Maïga ne soit pas porté à la tête de la faîtière en gestation.
Les transporteurs ont réclamé et obtenu des contreparties à l’augmentation des prix du carburant (voir filet ouvert). Les chauffeurs, quant à eux, par leur mouvement, ont obtenu du gouvernement le report sine die de l’assemblée constitutive de la faîtière des transporteurs du Burkina. C’était le prix à payer pour éviter que l’approvisionnement du pays ne soit perturbé par le mouvement des chauffeurs.
L’opinion a d’ailleurs trouvé curieux que des chauffeurs employés des transporteurs, les propriétaires des camions, puissent porter une telle revendication.
Sont-ils manipulés par d’autres patrons qui n’arrivent pas à contrer Issoufou Maïga à la régulière? La question reste posée jusqu’à l’Assemblée générale constitutive, lorsque le gouvernement aura donné son feu vert.
Le point de l’accord gouvernement/transporteurs
Le 8 novembre dernier, le gouvernement a annoncé une augmentation des prix du carburant de 75 FCFA sur le litre du gasoil et du Super 91. Suite à cette augmentation, les transporteurs avaient menacé de le répercuter sur les frais de transport des marchandises et passagers.
Un accord avait été trouvé entre eux et le gouvernement pour maintenir le statu quo.
Le premier point portait sur la réduction du nombre de la visite technique au niveau du CCVA. Les transporteurs ont obtenu que ce nombre passe de 4 à 2. Ce n’est pas le coût qui gêne les patrons, mais la durée de l’immobilisation de leurs outils de travail à l’occasion de ces visites. Cette réduction leur permet de gagner une à deux semaines d’activités supplémentaires. A ce niveau, le résultat atteint est le suivant: 2 fois par an pour les marchandises et une fois par an pour le transport de personnes.
Le deuxième point d’accord porte sur la fiscalité. La patente devrait connaître un statu quo. C’est à dire un retour à la situation antérieure où les camions acquitteraient 1.500 FCFA au lieu de 3.000 selon les informations auxquelles nous avons eu accès.
La TVA a été abordée. Les transporteurs parlent d’une double imposition. Les discussions avec la DGI ont permis d’avoir des points de convergence, il s’agit de la prise en compte du paiement de la TVA sur le carburant dans les déductions.
Le troisième point d’accord est la réduction des gendarmes couchés (ralentisseurs) sur les routes nationales. Un recensement a été fait. Et selon nos informations, plus de 60% des ralentisseurs ne respectent pas les règles. Ils sont non conformes ou anarchiquement construits. Une évaluation de leur destruction est en cours. Le dossier a finalement échu à l’ONASER qui est dans le processus de désignation des entreprises
Autre point d’accord qui fait perdre de l’argent aux transporteurs sur les corridors, ce sont les tracasseries routières. Le gouvernement s’est engagé à les éliminer ou, à tout le moins, à les réduire. Le ministère de la Sécurité est en charge de ce dossier. Mais les transporteurs disent ne pas avoir de visibilité sur ce processus-là.