Le divorce entre Abdoul Service International, société immobilier de renom, et la banque IBB (International business bank), anciennement Banque de l’habitat du Burkina Faso, est désormais consommé. Le linge sale s’est lavé en public, chacun y allant de sa version à coups de conférences de presse entre le 14 et le 17 avril 2019.
Sur ce dossier, la rumeur courrait depuis quelques mois sur les relations difficiles entre les deux partenaires. Dans le processus de rachat, certains créanciers, dont Abdoul Service International, ont été invités à respecter leurs engagements.
D’après la banque: «Le Conseil d’administration a, d’emblée, dressé le bilan des créances et demander aux principaux débiteurs de prendre les dispositions nécessaires pour honorer leurs engagements vis-à-vis de la banque selon les délais contractuels. Au regard de son énormité, le montant dû par la Société Abdoul Service International a particulièrement retenu l’attention des administrateurs.» Abdoul Service International disposait, en effet, d’une ligne de crédit ouverte dans les livres de la banque BHBF depuis des années qui lui a permis l’acquisition de terrains et la construction de logements dont les ventes devaient servir à rembourser le prêt contracté. Ce qui n’a pas été le cas. Puisque la banque accuse ouvertement son client d’avoir ouvert des comptes dans d’autres établissements qui recevaient le produit des ventes pendant que ses traites n’étaient assurées et la dette s’accumulait. Interpellé par la banque, Abdoul Service International avait même donné des parcelles et des logements en dation en paiement de ses engagements, avec un délai de rachat, précise le communiqué de la banque.
L’option de rachat sera levée plus tard. Mais à trois mois de l’échéance, toujours pas de solde du crédit C’est donc fort de ces éléments que le patron du groupe immobilier a été mis en demeure de régler sa dette. Pour la banque, point d’acharnement, c’est une rupture de confiance.
Ainsi, le groupe immobilier était redevable à la banque d’un montant qui n’a pas encore été dévoilé et qu’il a eu des difficultés à honorer. Son dernier versement pour solde de tout compte a eu lieu le 1er avril dernier pour un montant de 5,100 milliards de francs. C’est après ce paiement que le PDG de Abdoul Service International, libéré de ses engagements auprès de la banque, est sorti du bois pour accuser la banque de vouloir le faire couler.
En somme, une rivalité entre opérateurs économiques. Le patron du Conseil d’administration de IBB, Mahamadou Bonkoungou, est l’un des poids lourds du BTP au niveau national et sous-régional, le Groupe EBOMAF.
Et il projetait d’intenter une action en Justice pour se faire rembourser les préjudices que lui a fait subir la banque. Mais il se serait ravisé, à en croire notre confrère du journal Sidwaya du 17 avril dernier.
Il n’est pas superflu de se poser la question de savoir si la BHBF n’avait pas été privatisée, Abdoul Service International aurait-il été mis sous une telle pression?
La gestion ayant changé de nature, de banque publique à banque privée, il fallait donc mettre de l’ordre dans le portefeuille des créances.
JB
Du public au privé
Depuis le 2 octobre 2018, International business bank (IB Bank) est la nouvelle dénomination sociale de la Banque de l’habitat du Burkina Faso (BHBF). Le 16 février 2019, IB Bank a lancé officiellement ses activités dans son nouveau siège à Ouagarinter.
La Banque de l’habitat du Burkina Faso (BHBF) a été créée en juillet 2005 à l’initiative de l’Etat burkinabè. Dotée d’un capital de 2 milliards F CFA, celui-ci va passer à 10 milliards en juin 2017. La BHBF va ensuite voir ce capital passer à plus de 12 milliards FCFA, avec l’arrivée d’un nouvel actionnaire majoritaire privé, avec 51% des actions, en la personne de Mahamadou Bonkoungou, Président-Directeur général du Groupe EBOMAF.