Le 2 avril dernier, le gouvernement et ses techniciens étaient face aux représentants de la Banque africaine de développement, de la Banque mondiale et du Fonds international pour le développe- ment agricole à l’occasion de la revue conjointe de leur portefeuille. L’exercice a consisté à examiner l’état de mise en œuvre des projets et programmes, dans le but d’identifier les principales contraintes et de formuler des recommandations en vue d’une plus grande efficacité dans la réalisation des activités. La revue 2019 a porté sur le thème «L’application du nouveau décret sur la gouvernance des projets et programmes de développement au Burkina Faso : défis et perspectives».
Les participants à cette revue ont voulu, à l’a une de ce nouveau décret, jeter un regard critique sur ses implications au niveau de la préparation des projets et programmes, de la mise en vigueur des accords de financement, de la dématérialisation du processus de passation des marchés publics et du suivi-évaluation des dits projets et programmes.
C’est en février 2018 que le gouvernement a pris ce nouveau décret qui est le fruit des recommandations de la revue précédente. Celle-ci avait demandé la relecture de la règlementation des projets et des programmes qui datait de 2007 et qui était devenue «obsolète».
Selon le rapport introductif de la revue, l’application de ce nouveau décret rencontre quelques difficultés, des divergences entre les différentes parties (départements ministériels, coordonnateurs des projets, partenaires techniques et financiers) qui sont apparues sur certains points et pourraient avoir des répercussions sur l’efficience de l’exécution des projets » et cette revue devait permettre une meilleure compréhension par rapport à son application. D’ailleurs, le ministre de l’Economie a promis, à l’ouverture des travaux, que la nouvelle règlementation des projets et programmes allait faire l’objet d’une évaluation en y apportant les corrections nécessaires.
Mais déjà, à l’ouverture des travaux, le ton avait été donné sur les attentes des partenaires techniques et financiers. Leur porte-parole, le représentant résident de la Banque mondiale, Cheick F. Kanté, a mis le doigt sur la nécessité de travailler à « une absorption plus accrue des ressources de nos trois institutions » et celle d’avoir « une feuille de route pour un meilleur suivi conjoint permanent et responsabilisé des recommandations.
Sur le niveau de décaissement, voici la situation présentée par le ministre des Finances, Lassane Kaboré, «ils s’établissaient à 41,4% pour la Banque mondiale contre 45,7% précédemment; 46,42% pour la BAD contre 42% à la précédente revue conjointe; 25,6% pour le FIDA contre 16,37 % en 2017».
Les décaissements au niveau de la Banque mondiale sont en recul, mais cette institution reste le plus gros intervenant en termes de montant avec plus de 1.333 milliards FCFA. Ces trois partenaires détiennent ensemble un tiers des investissements prévus dans le cadre du PNDES. Cette revue, qui a lieu au cours de la 4e année de la mise en œuvre du référentiel national de développement, est une pression supplémentaire pour le gouvernement en vue de lever tous les obstacles qui minent la bonne exécution des projets et programmes. Parmi les difficultés recensées, outre les problèmes de procédures, il a évoqué des goulots d’étranglement au niveau des questions agraires, foncières et celles relatives aux sauvegardes environnementales et sociales, la faiblesse des ressources dédiées à la préparation des projets.
La faible capacité des entreprises prestataires, la mise à disposition tardive ou l’insuffisance des ressources financières et les questions sécuritaires ont été identifiées comme facteur impactant négativement l’exécution des projets dans certaines zones. Des recommandations ont été faites dans le sens de les aplanir. Un des moyens d’y parvenir, c’est le bon suivi de la mise en œuvre des recommandations issues de la revue. Et les bailleurs mettent la pression sur le gouvernement, particulièrement le ministre de l’Economie, des Finances et du Développe- ment, tutelle financière des .projets et programmes. La revue 2017 avait émis 7 recommandations. Le bilan de la mise en œuvre des recommandations de 2017 fait ressortir que certaines n’ont pas été exécutées ou partiellement. C’est le cas du suivi de la mise en œuvre des recommandations. Un arrêté ministériel devait régler la question afin de systématiser le suivi et d’éviter de reconduire des recommandations précédentes. Le rapport introductif de la revue du 2 avril mentionne cependant que «la DGEP a fait l’effort d’organiser un suivi trimestriel, qui mal- heureusement, n’a pas associé les trois partenaires».
FW.
L’état du portefeuille des trois partenaires
Au 28 février 2019, le portefeuille actif des trois partenaires techniques et financiers se chiffre à 1787,033 milliards FCFA, contre un montant global de
1327,387 milliards FCFA enregistré lors de la dernière revue de novembre
- 2017. Il se répartit comme suit:
– BAD: 386,880 milliards FCFA, soit 21.65%;
– BM: 1.331,873 milliards FCFA, soit 74,53%;
– FIDA: 68.280 milliards FCFA, soit 3,82%.