IMMANQUABLEMENT, le scénario va se répéter si rien n’est fait. Les financiers sont en train, progressivement, de se mettre
à dos une partie des contribuables. Leur mouvement n’a pas de visage, aucune revendication claire n’est mise officiellement sur la table. Le pays est dans un flou artistique dont les conséquences ne vont pas tarder à faire sortir du bois d’autres acteurs, des victimes, des contribuables, ceux qui sont chargés d’alimenter ces fonds querellés. En lieu et place d’une grève qui ne dit pas son nom, de revendications, les travailleurs, puisqu’aucun syndicat n’assume encore la paternité du mouvement, devraient faire des propositions et prendre l’opinion à témoin sur leurs difficultés avec les banques.
C’est la meilleure façon de gagner honorablement cette seconde manche. Car, une fois de plus, ils n’auront pas d’alliés au sein de l’opinion tant qu’ils persisteront dans cette action préjudiciable à tout le pays. Car, si le gouvernement en premier met sur la table, une offre de sortie de crise, ils seront une fois de plus dos au mur face à une opinion nationale qui commence à en avoir assez de leur saute d’humeur.
Lors du premier mouvement de résistance contre la suppression du Fonds commun, ils n’ont trouvé que très peu d’alliés à cause de l’intransigeance de leurs syndicats alors qu’une bonne partie des Burkinabè découvrait la face cachée d’une rémunération complémentaire des agents en charge du recouvrement des recettes publiques. Certains avaient trouvé les montants indécents pendant que le pays criait à la mobilisation des ressources rares pour réaliser les chantiers du gouvernement. Le bras de fer avait tourné à l’avantage du gouvernement qui a réussi à plafonner le montant des fonds communs à distribuer à 25%. Restait à gérer les effets secondaires de cette mesure sur les revenus des agents. Le gouvernement, à l’Assemblée nationale, avait évoqué des mesures d’accompagnement lors du plafonnement. Le moment s’y prête. Il va falloir faire du social.
Abdoulaye TAO