22 mois sans salaire, c’est le calvaire que vivent plus de 1.000 employés directs et indirects de la société minière de Belahourou, depuis mai 2017. Ils doivent cette situation à leur actuel employeur qui n’est autre que le Groupe indien Balaji, qui a repris la société minière en février 2018. Après avoir épuisé toutes les voies de recours, l’Inspection du travail, les autorités coutumières et religieuses, le président de l’Assemblée nationale, le ministre des Mines et des Carrières et le président du Faso, à travers une déclaration parue dans les différents journaux de la place le 30 janvier dernier, les travailleurs ont décidé d’alerter l’opinion nationale à travers une conférence de presse.
C’était le 16 février 2019 à Ouagadougou. Regroupés en collectif, leur porte-parole, Simplice Da, explique que «depuis le rachat, la mine n’a toujours pas redémarré ses activités de production et n’a pas, consécutivement à cet arrêt, mis fin aux contrats de travail des employés après les transactions de rachat ; les travailleurs sont ainsi restés sans salaire ni mesures d’accompagnement et à ce jour, les droits légaux ne sont toujours pas payés».
Celui-ci estime leurs droits à environ 12 milliards FCFA.
Afin de rentrer dans leurs droits salariaux, Simplice Da souligne que la majorité des employés ont été menacés de signer un protocole d’accord désavantageux qui, d’après lui, souffre, du reste, dans son exécution, à l’image d’une sentence arbitrale de mars 2015 relative aux heures supplémentaires et jours fériés travaillés encore non payés.
Dans ce protocole d’accord, les employés disent avoir consenti à des réductions salariales allant de 20 à 40% selon les catégories qui leur ont été imposées par le nouvel investisseur. Mais à l’arrivée, le collectif se désole de constater que le Groupe Balaji refuse la main tendue. S’ils en veulent «amèrement» à leur nouveau patron, Balaji, qu’ils estiment de «mauvaise foi», les travailleurs sur la touche disent être très remontés contre leur ministère de tutelle, dont ils reprochent une «négligence notoire».
Pour Simplice Da, le ministère des Mines et des Carrières devrait plutôt assumer ses obligations de respect, de protection et surtout de s’assurer du respect des textes et lois en vigueur. Mahamadi Niamba, également membre du collectif, va jusqu’à y voir «un silence coupable ou une complicité entre le ministère et le Groupe Balaji».
Pour les conférenciers, c’est cette complicité qui ne dit pas son nom qui semble donné du poids au repreneur de ne pas respecter ses engagements de départ (voir encadré). Mahamadi Niamba mentionne que les travailleurs ne demandent pas le paradis, mais juste le respect de leurs droits, notamment le payement de leurs salaires et de leurs avantages. «Que les sociétés minières veillent à respecter les droits applicables au Burkina Faso», a-t-il ajouté.
Le représentant de la Confédération nationale des travailleurs du Burkina (CNTB), Boukaré Ouangrawa, a abondé dans le même sens en demandant la relecture du Code du travail et la signature de la convention sectorielle des mines.
Dans leur lutte pour rentrer dans leurs droits, les employés de la SMB sont soutenus par la Fédération internationale des travailleurs des industries (Industries All), qui compte, à travers le monde, 55 millions de membres. «Tant que le problème n’est pas résolu, Industries All sera à vos côtés jusqu’à son aboutissement», a fait savoir la représentante, Charlotte N’Guessan.
Ambèternifa Crépin SOMDA
Les points de sortie de crise, selon le collectif des travailleurs de la SMB
1-La liquidation et dans les meilleurs délais, des droits des travailleurs conformément au procès-verbal de non-conciliation du 15 février 2018 ;
2-La liquidation de la sentence arbitrale du 4 mars 2015 relative aux heures supplémentaires et jours fériés travaillés non encore payés ;
3-Le versement des arriérés de salaires depuis novembre 2017 à nos jours ;
4-La mise à jour des cotisations sociales à la CNSS pour la période concernée ;
5-Le calcul et le paiement des rappels sur avancement de tous les travailleurs bénéficiaires ;
6-Le règlement de tous les conflits individuels de certains travailleurs avec l’administration ;
7-Le rachat par le Groupe Balaji des cotisations de retraite pour les employés qui ont, de façon indéfectible, accompagné la reprise tant attendue des activités et qui sont à 5 ans du départ à la retraite ;
8-Le remboursement de tous les frais dus aux travailleurs (frais médicaux, frais de mission, etc.) durant la période de chômage technique.
Source : Déclaration liminaire