Mettre fin aux menaces de santé publique implique des systèmes de santé solides, comportant des services de santé communautaires efficaces. Et pour assurer le développement de mesures idoines pour le renforcement des actions et systèmes communautaires, il est crucial d’impliquer les acteurs de la société civile et les populations les plus affectées par les maladies, lors de la conception, de la mise en œuvre et du suivi des actions.
Dans l’amélioration des systèmes de santé, la participation de la société civile est reconnue comme une bonne stratégie de développement en adéquation avec l’esprit de la santé communautaire. Elle permet, en effet, de relayer les agents de santé dans les activités qu’ils n’ont pas le temps de réaliser.
Conscients de cela, les organisations de la société civile œuvrant dans le secteur de la santé, ont accru leur implication dans les instances de concertation et de suivi des politiques publiques.
Malheureusement, le système communautaire mis en place par les OSC et les agents communautaires n’est pas efficient. En absence d’un consensus sur la complémentarité entre les agents de santé communautaires collaborant avec le système public de santé et les agents communautaires des OSC, ces acteurs interviennent de manière conflictuelle sur le terrain ou créent des doublons qui sont des sources de pertes de ressources.
Par conséquent, les acteurs et les interventions de la société civile ne sont pas assez reconnus et capitalisés dans les contributions des réponses nationales.
Comment y remédier ?
En partenariat avec le Fonds mondial de lutte contre le VIH, le paludisme et la tuberculose, le Réseau accès aux médicaments essentiels (RAME) a mis en place un projet intitulé
«Renforcement de l’implication de la société civile dans le suivi et la gouvernance des politiques de renforcement des systèmes de santé au Burkina Faso, en Guinée et au Niger».
Ce projet qui s’étale sur 15 mois a pour objectif général de contribuer à l’amélioration des performances des systèmes de santé dans les trois pays (Burkina Faso, Guinée et Niger), par le renforcement de l’efficacité des contributions des acteurs de la société civile et communautaire dans le secteur de la santé. Un objectif conforme à une des priorités de la Coopération Allemande qui est de «faire participer le public aux décisions concernant la politique sanitaire et sociale». Afin d’obtenir des résultats, RAME, en association avec BACKUP GIZ, a réuni des acteurs de la société civile du Burkina Faso, du Niger et de la Guinée.
Du 11 au 15 février, ces groupes ont travaillé sur le renforcement des pouvoirs d’influence stratégique de la société civile afin d’accroître la redevabilité dans le secteur de la santé. L’atelier régional d’initiation et de consensus sur la coordination, la gestion et le suivi-évaluation du projet a ainsi permis de : valider et adopter de manière participative et consensuelle, la stratégie, le cadre de suivi des performances et le chronogramme de mise en œuvre du projet régional en prenant en compte les attentes des différentes parties prenantes.
Aux termes des 5 jours de travaux, le document projet a été adapté aux réalités contextuelles de chaque pays cible du projet, les informations pour le suivi stratégique citoyen des politiques de santé ont été identifiées et uniformisées pour les trois pays, un cadre de performance du projet a été adopté pour les trois pays.
NK
Plateforme citoyenne de suivi des politiques de santé
La mise en place par le groupe de travail des trois pays abritant le projet d’une Plateforme citoyenne de suivi des politiques de santé est une des étapes importantes dans la mise en œuvre du projet du RAME. Selon le chronogramme des activités, pour le Burkina Faso, il est prévu de :
Elaborer un dispositif de suivi stratégique citoyen des politiques de santé incluant l’interaction avec les décideurs et la rétro-information des populations ;
Développer une application et d’un site Web pour la collecte et la diffusion des résultats du suivi stratégique citoyen à base communautaire ;
Appuyer la participation des acteurs du dispositif de suivi stratégique citoyen aux cadres de rencontres organisés par les décideurs nationaux et les PTF ;
Elaborer et diffuser des rapports synthèses de suivi stratégique citoyen des programmes de santé ;
Réaliser des enquêtes indépendantes sur des dysfonctionnements ou des suspicions de détournements de ressources ;
Produire des supports de communication sur les activités du dispositif (documentaires, production de document du dispositif au format d’imprimerie, flyers, documents de capitalisation).
Les acteurs de la société civile impliqués dans le secteur de la santé
Au Burkina Faso, la société civile s’implique de plus en plus dans les instances de concertation et de suivi des politiques publiques. Ainsi, dans le secteur de la santé, en plus du Réseau accès aux médicaments essentiels (RAME), les organisations qui s’impliquent sont :
– le Conseil national des organisations de la société civile (CNOSC) engagé dans le suivi de la mise en œuvre du Programme national de développement sanitaire (PNDS);
– le Secrétariat permanent des ONG (SPONG) qui coordonne l’implication de la société civile dans les subventions GAVI et de la couverture santé universelle;
– le REN-LAC qui veille sur les pratiques de corruption en général, y compris dans la santé;
– le Centre d’information, de formation et d’étude sur le budget (CIFOEB) qui investit dans le suivi budgétaire;
– le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD) qui produit des analyses sur le niveau de la bonne gouvernance dans les différents secteurs de développement.
En outre, spécifiquement pour les subventions du Fonds mondial, il y a la Plateforme de la société civile en santé et lutte contre le VIH, qui regroupe des faitières telles que la Coalition des réseaux et associations de lutte contre le VIH et la promotion de la santé (CORAB), l’Union des religieux et coutumiers burkinabè pour la promotion de la santé et le développement (URCB/SD), la Fédération burkinabè des associations de personnes handicapées (FEBAH) , le Conseil national du secteur privé et des entreprises (CNSPE) et le Consortium des ONG (Co-ONG).