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«Le Parachutage» de Norbert Zongo : Lever de rideau le 28 novembre prochain

Le metteur en scène qui organise le jeu des acteurs et son assistante qui s’assure que les répliques sont correctement donnés; les comédiens qui maitrisent déjà leurs textes qu’ils prononcent avec une diction quasi-parfaite et en y mettant toute la gestuelle qu’il faut, de sorte à susciter par moment des fous rires dans l’assistance; des intermèdes musicaux si jovialement exécutés par des artistes debout ou assis derrière leurs instruments…
Bref, nous rendre au théâtre Soleil, sis à Cissin, et assister à la répétition du spectacle en préparation sur le livre «Le Parachutage» de Norbert Zongo (journaliste d’investigation, fondateur et directeur de publication de l’hebdomadaire L’indépendant, assassiné le 13 décembre 1998) a égayé davantage notre journée du jeudi 8 novembre 2018.
Il en sera certainement de même pour tous ceux qui feront le déplacement à l’ex-INJEPS (Institut de la jeunesse, de l’éducation physique et des sports) tous les jeudi, vendredi et samedi pour suivre cette pièce qui sera jouée du 28 novembre au 22 décembre 2018 à partir de 20 heures au prix de 1.000 FCFA l’entrée.
Une séance spéciale est prévue tous les mercredis à 18 heures, à moitié tarif, pour les élèves et étudiants; séance qui sera suivie de débats sur l’œuvre. Une équipe est d’ailleurs en pourparlers avec une quarantaine d’écoles publiques et privées pour faire en sorte qu’elles adhèrent à l’idée en y faisant venir leurs élèves.

«Une œuvre prophétique»

Le metteur en scène, Paul Zoungrana, souhaite que le spectacle soit à la hauteur de l’homme qu’était Norbert Zongo. (DR)

Selon les explications du metteur en scène, Paul Zoungrana, cette initiative vise à faire connaître le bouquin; surtout aux plus jeunes; d’autant plus que «Norbert Zongo figure dans le programme scolaire».
«De plus, c’est un livre qui a été censuré et son auteur est plus connu en tant que journaliste d’investigation et pour son combat politique. Nous avons voulu montrer cette autre facette de l’homme, à savoir ce côté poétique et romanesque», a-t-il ajouté, soulignant que c’était important pour eux d’adapter ce roman au théâtre pour que l’histoire soit plus accessible, mais aussi pour rendre hommage à ce monsieur pour son combat et pour ce qu’il a apporté à la liberté d’expression.
«C’est aussi un moyen de réclamer justice sur son assassinat; vingt ans après», dira notre interlocuteur. En faisant l’adaptation, l’initiateur du projet n’a pas changé grand-chose dans le texte, en dehors de quelques petites phrases auxquelles il a ajouté des faits d’actualité. A l’en croire, toute la trame était déjà bien rédigée et on a l’impression, quand on la lit, qu’elle est prophétique. «Elle a été écrite il y a trente ans, mais elle raconte mot pour mot la chute de Blaise, ainsi que le coup d’État qui s’en est suivi. Pour nous, c’est assez extraordinaire», a soutenu le réalisateur.

«Malgré les difficultés, nous irons jusqu’au bout !»
Présentant son équipe composée d’une trentaine de personnes (Mahamadou Tondano, Charles Wattara, Wilfried Ouédraogo, Harouna Dabré dit Dabross, David Zoungrana, Marcel Balboné et les Français Michel Tabaran et Didier Dugas, entre autres), le réalisateur a tenu à les remercier pour le sacrifice qu’ils ont accepté de consentir.
En effet, ils se sont engagés, ne sachant pas à quelle sauce ils seront mangés, car, jusque-là, ils n’ont reçu aucun soutien. «Il faut le dire, il n’y a pas de volonté politique d’accompagner les activités qui éveillent les consciences. Les gens préfèrent l’évènementiel», conviction de l’homme de théâtre.
De ce que nous avons pu comprendre, le groupe attend toujours des réponses du Fonds de développement, de l’Assemblée nationale et du ministère de la Culture qui lui a promis une subvention d’un million de FCFA. «Sur plus de quarante dossiers déposés, nous n’avons eu que des réponses négatives. Même pour jouer ici, c’est compliqué, parce qu’il n’y a pas d’électricité. Pour installer un compteur, il faut payer 800.000 FCFA pour un mois. Nous sommes en négociations avec la SONABEL», avons-nous entendu.
Autant de difficultés, mais qui n’enlèvent à rien la détermination de l’équipe. A la question de savoir pourquoi ils ont accepté de s’investir dans ce projet, Charles Wattara, qui joue le rôle de Gouama, président de la République de Watinbow, sera le premier à prendre la parole:
«En discutant avec Paul de la situation politique, nous nous sommes demandé ce qu’on peut faire pour améliorer la compréhension des populations à ce sujet. A partir de là, on a travaillé sur La Tragédie du roi Christophe, Une Saison au Congo, et le grand aboutissement était de jouer l’œuvre de Norbert Zongo qui est d’une actualité incroyable; une véritable prophétie. Pour un artiste, c’est un honneur».
Toute l’équipe est d’accord que ce n’est pas le genre d’initiatives qui va leur permettre de gagner de l’argent. C’est plutôt un de leurs projets utiles.
Pour le «comédien principal», les élèves mèneraient leurs grèves autrement s’ils connaissaient mieux le journaliste : «Quand on sait homme qu’était Norbert, on s’aperçoit qu’il était d’une humanité incroyable. Il a lutté contre la misère, l’analphabétisme et tous les fléaux sociaux que nous connaissons». Raison pour laquelle les membres de l’équipe ont invité l’ensemble des Burkinabè, pas seulement les fonctionnaires et autres intellectuels, mais aussi ceux qui sont dans le secteur informel comme les commerçants, à voir cette pièce de théâtre et à participer ainsi aux réflexions sur les maux qui minent la société.

Z.S.

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