Les discussions autour de la mise en œuvre de la Télévision numérique terrestre (TNT) se poursuivent. Le 16 octobre 2018, le comité de pilotage de la TNT a fait le bilan de la mise en œuvre au Premier ministre, Paul Kaba Thiéba. L’Economiste du Faso qui a rencontré Remis Fulgance Dandjinou, ministre de la communication et des Relations avec le parlement, porte-parole du gouvernement, le 22 octobre 2018 a profité de l’occasion pour lui poser la question sur comment le processus sera finalisé au regard des réticences des acteurs de mise en œuvre.
Le ministre a rappelé que la TNT est un processus émanant du l’Union interafricaine des Télécommunications qui avait fixé au 17 juin 2015, le délai limite pour le passage à la TNT. Très peu de pays africains avaient pu respecter le délai.
«Au Burkina, nous avons continué la mise en œuvre du projet initial acté par l’ensemble des acteurs, à savoir le Conseil supérieur de la Communication (CSC), l’Autorité de Régulation des Communications Electroniques et des Postes (ARCEP), le ministère du commerce, le ministère du développement de l’économie numérique et des postes, le ministère de la communication, sous la supervision du Premier ministère. Il fallait non seulement améliorer le projet pour une meilleure couverture du territoire national mais aussi introduire un système de clé à l’intérieur pour qu’à un moment on puisse trouver le moyen de percevoir des redevances.»
Le processus est entièrement achevé en ce qui concerne la mise en place de l’infrastructure. «Sur les 35 sites, 29 sont opérationnels. 3 sites ont des problèmes d’électrification et 3 sites connaissent un retard dans la mise en œuvre en raison de la situation sécuritaire du pays. Nous pensons que d’ici décembre 2018, tous ces sites seront opérationnels», a précisé Remis Fulgance Dandjinou.
Après la mise en place de l’infrastructure, vient la phase de l’exploitation. La loi fait la part des choses entre celui qui transportent le signal et celui qui créé le contenu. Il y a donc un éditeur et un diffuseur. Il peut y avoir des éditeurs privés mais pour l’instant, on a un diffuseur public, la Société burkinabé de Télédiffusion (SBT) qui a mis en place l’infrastructure. Il s’agit d’un système qui est amené à être performé au fur et à mesure.
Le choix de l’éditeur public a permis d’aller vite dans le processus et de boucler rapidement le financement avec un pôle d’une dizaine de banque avec à leur tête la Bank of Africa.
Mais qu’en est-il du paiement des redevances par les télévisions? A cette question, le ministre de communication précise que lorsque le territoire national sera couvert dans son entièreté, le transfert de coût doit se faire au niveau de la SBT. On ne peut pas demander aux éditeurs de payer le prix coutant qui couvre l’entièreté des frais. C’est une question de business modèle.
La SBT, c’est à peu près 2,5 milliards de FCFA en termes d’amortissement, de charge de fonctionnement, de salaires, etc. par an. Ce budget ne prend pas en compte le remboursement de l’emprunt. Le Burkina Faso compte 17 chaines de télé au niveau national, 2 au niveau régional dans la région des Hauts-bassins et un au niveau du Sud-Ouest. Si on demandait à ces chaines de télévisions de prendre l’entièreté des charges sur une surface publicitaire estimée à 4 milliards de FCFA, au mieux, c’est leur demander de fermer. Il était impossible dès le départ, de leur demander de payer le coût réel. Il fallait trouver d’autres astuces qui permettent à la fois de garantir la pluralité et la diversité recherchée avec ce modèle et d’avoir un équilibre des comptes.
En plus, on n’a pas demandé aux privés d’aller sur le numérique, on les a obligé à y aller parce qu’on veut récupérer des fréquences pour les associer à d’autres pour avoir ce qu’on appelle la 4G. C’est donc un gain numérique qui a été atteint. Mais il ne faut pas oublier l’aspect financier évident qui doit servir à couvrir les frais. L’infrastructure a été installée dans quand même 35 sites.
Mais à quand le début du paiement effectif puisque des éditeurs émettent actuellement sans payer ? «En tant que ministère de la communication, je souhaite que la situation prenne fin», a indiqué Remis Fulgance Dandjinou. Le ministre a ajouté que c’est la loi qui permet les 2 diffusions, analogique et numérique. La même loi précise que les éditeurs qui concernent l’analogique ne paient pas de redevance jusqu’à ce que le signal soit éteint.
Dans le cadre espèce, à l’exception de 3 TV, Burkina info, Savane TV, et LCA, entièrement créées pour la TNT, toutes les autres chaines ne doivent pas payer puisqu’elles ont toujours l’analogique.
«Nous avons demandé de mettre fin à cette diffusion simultanée afin de sortir de cette situation qui est préjudiciable parce que la concurrence est malsaine entre ceux qui ont l’analogique et ceux qui sont au numérique. Ensuite, elle est préjudiciable à la SBT qui ne peut pas continuer à diffuser gratuitement alors que la diffusion a un coût. Voilà la situation dans laquelle nous sommes et nous souhaitons que la diffusion simultanée s’arrête à la fin de l’année, mais il appartient au comité de pilotage de décider de la date limite», selon le ministre Remis Fulgance Dandjinou.
Elie KABORE
Utiliser une partie de la taxe audiovisuelle pour financer la SBT
Une alternative de financement existe. Nous pouvons voir comment la taxe de soutien au développement des activités audiovisuelles de l’Etat peut servir à financer une partie la SBT mais aussi la RTB et Sidwaya qui sont des médias publics qui ont besoin de ressources sures pour la pérennité de leurs activités.
Il y a ce que nous proposons, mais il y a un arbitrage budgétaire qui se fait au niveau du comité de pilotage. Il va falloir payer mais il faut trouver le moyen de ne pas tuer les entreprises et permettre à la SBT d’être une entreprise qui se prend en charge.