Faut-il en parler? Ne faut-il en pas en parler? Et si l’on décidait quand même d’en parler, en quels termes le faire pour éviter d’alimenter la psychose actuelle; sans tomber dans l’apologie du terrorisme et, dans le pire des cas, éviter de tomber dans les grappes de la justice pour atteinte au moral de la troupe?
Reporter sur les attaques terroristes avec circonspection; mettre le doigt sur les dysfonctionnements dans la gestion de cette crise, sans tomber sous le coup de la loi, revient à jouer au funambule. C’est à un tel exercice que sont pourtant invitées les rédactions, en cette période trouble de notre histoire. Quelques dérives ont été relevées çà et là, mais elles sont mineures. La presse burkinabè a toujours donc su tirer son épingle du jeu. Cette fois encore, le challenge est là, permanent. On ne nous demande ni d’avaler notre esprit critique ni d’encenser le travail d’un gouvernement qui n’en a d’ailleurs pas besoin. Aux médias, on demande d’être responsables, d’éviter d’envenimer une situation dont le contrôle peut nous échapper à tout moment. La Journée nationale de la presse a permis de fixer des repères. La rencontre entre le ministre de la Communication et des Relations avec le parlement et les patrons de presse fut également un moment de respiration collective entre hommes de médias jaloux de leurs lignes éditoriales et accrochés à leur indépendance. Point d’ingérence donc ! Sinon que de savoir parler utilement. Mais pour que cela soit possible, il faudrait combler rapidement l’absence d’une interface souple et réactive pour servir d’interlocuteur aux médias à la recherche d’une source crédible, face aux black-out informationnel actuel.
Abdoulaye TAO