Le Rwanda, situé en Afrique de l’Est, a une superficie de 26.338 km2 et une population estimée par la Banque mondiale (2016) à 11,92 millions d’habitants. Ce pays a connu, du 7 avril 1994 au 17 juillet 1994, une tragédie humaine. Un génocide qui a fait selon les estimations de l’ONU plus de 800.000 morts.
Ce drame, loin d’anéantir les efforts de développement, a plutôt été un catalyseur de surpassement. Autrefois cité parmi les pays pauvres, aujourd’hui, il tutoie certains pays dits développés, avec un taux de croissance à deux chiffres. Mais au juste, quelle est la particularité du pays aux Milles collines; au point de surclasser les autres pays africains à chaque publication du rapport annuel de la Banque mondiale intitulé «Evaluation des politiques et des institutions en Afrique (CPIA)»?
Cette évaluation, qui analyse la qualité des politiques et des institutions de 38 pays africains, a classé le Rwanda meilleur élève en 2015, 2016 et 2017. Durant les trois ans, le Rwanda est resté constant, avec une moyenne de 4 points sur 6. Selon les rédacteurs du rapport CPIA-2017 rendu public le 12 septembre 2018, «le Rwanda a continué d’être en tête du classement, à l’échelon régional et mondial, en obtenant une note de 4».
Mais, à quoi est dû cette «success story» en matière de croissance et de développement, un exemple qui pourrait bien inspirer le Burkina Faso? Pas besoin d’aller chercher loin, les recettes de cette «success story» du Rwanda, selon l’économiste en chef de la Banque mondiale pour l’Afrique, Dr Albert Zeufack, «c’est l’application stricte des 16 indicateurs de développement regroupés en quatre catégories que sont: gestion économique; politiques structurelles; politique d’insertion sociale et d’équité; gestion et institutions du secteur public».
A jeter un coup d’œil dans le rapport 2017, on constate que le Rwanda a une bonne maîtrise de sa gestion économique, au point d’obtenir la note de 4 sur 6 points. Pour ce qui est des politiques structurelles, le Rwanda fait un score honorable avec une moyenne de 4,2 sur 6. En matière de la mise en place des politiques de lutte contre l’exclusion sociale et de promotion de l’équité, le gouvernement semble ne pas badiner.
Et pour cause, le pays ne veut plus revivre les affres de la haine et de la division entre Tutsi et Hutu qui a engendré le génocide de 1994. Le pays dirigé par le président Paul Kagamé s’adjuge la note de 4,3 sur 6 en cet indicateur. Sa plus faible note provient de la gestion et des institutions du secteur public. Mais, là encore, le pays dépasse de loin les 37 autres pays africains évalués par le CPIA (Voir encadré).
A l’instar du Rwanda, le Burkina Faso est resté constant durant les trois dernières années (2015, 2016 et 2017), mais avec une note de 3,6 sur 6 points. Le rapport CPIA-2017 montre que le Burkina Faso a fait d’énormes progrès dans la gestion économique, avec une moyenne de 3,7, mais régresse dans la bonne gouvernance qui pointe une moyenne de 3,4, alors que sa note en 2016 dans cet indice était de 3,5. C’est dire donc que le pays des Hommes intègres doit envisager de profondes réformes pour atteindre un jour la note de 4.
Rachel DABIRE
Un aperçu du financement octroyé par l’IDA aux pays bénéficiaires
Depuis 1980, la Banque mondiale évalue les politiques publiques et les institutions des 75 pays les plus pauvres de la planète, dont 39 se trouvent en Afrique. Les ressources de l’IDA permettent d’apporter des changements positifs dans la vie de 1,5 milliard de personnes résidant dans les pays éligibles à son aide. Depuis sa création, l’IDA a soutenu des activités dans 113 pays. Le volume annuel des engagements est en constante augmentation et s’élève en moyenne à 18 milliards de Dollars au cours des trois dernières années ; 54% environ de ce montant étant destinés à l’Afrique.