«Les priorités de la politique marocaine en Afrique sont implicites, de par la vision royale. Le fait que SM le Roi effectue 50 déplacements dans 30 pays, en moins de 5 ans, donne déjà le ‘’la’’ des relations privilégiées avec l’ensemble des pays africains. Le nombre d’accords signés montre que nous ne sommes pas dans du stratosphérique, mais plutôt dans du concret». La voie est toute tracée pour Mohsine Jazouli, nouveau ministre en charge du Dossier africain. Un point passe néanmoins inaperçu. Il s’agit du rôle du Maroc dans le maintien et la consolidation de la paix, en général, et en Afrique, en particulier. Rabat est totalement engagé sur le terrain: 14e pays contributeur en casques bleus au monde avec 1.605 soldats marocains dans des missions de maintien de la paix en Centrafrique et au Congo. Cet effort, qui marque l’engagement pour la paix, est salué par la communauté internationale.
Un marché de plus de 1,2 milliard de consommateurs
Dans le même sens, les efforts consentis par le Maroc et par l’Union africaine sous le leadership du Souverain au sujet de la migration visent à mieux appréhender les flux dans une approche responsable et courageuse. Dans le même élan, le Maroc est aussi impliqué dans le processus de renforcement de l’intégration régionale. Celle-ci va accélérer la mise en place de la zone continentale africaine de libre-échange dont les actes ont été signés à Kigali en mars dernier. 49 pays ont paraphé cet accord, et il est à ce jour ratifié par 8 Etats.
Il en faudra 22 pour qu’il entre en vigueur.
«Au Maroc, nous sommes engagés pour réussir ce pari car, à terme, dans cette zone de libre-échange, il n’y aura plus de barrières douanières entre les Etats africains. Ce qui permettra une libre circulation des biens et des produits ; renforçant ainsi la compétitivité des entreprises africaines sur un marché de plus de 1,2 milliard de consommateurs», note le ministre. Il considère qu’avec cette zone, le continent sera mis sur le sentier d’une croissance pérenne et créatrice d’emploi. Car, tous ces chantiers vont accélérer l’émergence du continent. Dans son discours adressé au sommet extraordinaire de l’UA tenu à Kigali en mars 2018, le Souverain a été on ne peut plus clair: «Nous construisons l’Afrique de demain ; celle que nous allons laisser à nos enfants».
«Changer leur pays, startup après startup»
Dans cette dynamique, le Maroc a de nouvelles perspectives en Afrique de l’Est et en Afrique Australe. L’ouverture vers ces régions est déjà une réalité. En effet, le Royaume a ouvert des ambassades en Tanzanie et au Mozambique. Des dizaines de projets à fort impact ont été lancées au cours de visites royales en Ethiopie, à Madagascar, au Rwanda, en Tanzanie et en Zambie. Au cours des années à venir, d’autres ambassades seront ouvertes ; de nouveaux accords seront signés et des dizaines de projets seront lancées. En tout cas, le ministre considère que le Maroc a beaucoup «à apprendre du reste de l’Afrique. Sur le terrain, je rencontre des jeunes entrepreneurs pleins de talents qui sont en train de changer leurs pays, startup après startup». En 2016, cette jeunesse a levé près de 129 millions de Dollars de financement. Pour lui, «ce montant honorable démontre l’envie de cette jeunesse de s’en sortir. Elle s’ingénie à trouver des solutions innovantes répondant aux besoins des populations locales. Cette jeunesse entreprenante africaine est en passe de devenir l’une des principales sources de créations d’emplois. Ce sont autant de compétences et de qualifications disponibles pour les entreprises marocaines».
Un besoin financier de 10 fois l’apport de la Chine pour réaliser le travail sur le continent africain
La place du Maroc en Afrique a été visible lors du 3e sommet Chine-Afrique. Surtout que, depuis la dernière rencontre à Johannesburg de 2015, Pékin a clairement marqué son intérêt pour le continent ; lequel intérêt est illustré par des chiffres de manière têtue. Ainsi, la Chine est aujourd’hui le premier investisseur en Afrique. Elle dispose de programmes dont le dernier, de 60 milliards de Dollars, est réalisé à 90%. Elle reprend un nouvel engagement d’un montant similaire. Pour le ministre, il s’agit d’une «relation de respect ; pragmatique et inconditionnelle. La Chine s’adresse aux Africains de manière froide, sans donner de leçons. Elle est là pour créer des relations gagnant-gagnant et bâtir quelque chose de durable». En effet, au cours des trois dernières années, la Chine a mené plusieurs projets dans les infrastructures, les routes, les barrages, les ponts, les chemins de fer, les ports et les aéroports. Aujourd’hui, elle fait fonctionner les différents modes de partenariat, notamment le PPP, le BOT, par lesquels elle réalise des infrastructures de base avec une bonne rentabilité. Par ailleurs, les besoins de l’Afrique sont estimés à plus de 130 milliards de Dollars par an. Autrement, il faut 10 fois la Chine pour réaliser le travail sur le continent. «Heureusement, il existe des Européens, des Américains, des Moyen-Orientaux pour le faire. Il ne faut pas regarder les choses de manière exclusive. L’Afrique a besoin de relations multiples pour se développer. Il est impératif d’arrêter de mettre en compétition ses partenaires. Au contraire, il faut créer entre eux une synergie, un élan de co-contribution», souligne le ministre.
L’Economiste
Un package de 60 milliards de Dollars
Le 3e sommet sur la coopération sino-africaine, qui s’est achevé à Pékin au début de ce mois, a été un rendez-vous marquant la montée en puissance de la Chine en Afrique. A cette occasion, le président chinois a annoncé 60 milliards de Dollars pour le continent. En réalité, le package se décompose de la manière suivante:
-15 milliards de Dollars en prêts sans intérêt
-20 milliards de Dollars en lignes de crédit (pas de détail)
-10 milliards de Dollars pour les projets de développement en Afrique
-5 milliards de Dollars pour soutenir les exportations africaines
-10 milliards de Dollars destinés aux entreprises chinoises pour les inciter à investir ce montant en Afrique.