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Sophie Fatoumata Ouattara, directrice du groupe de presse Queen Mafa «La valorisation de la femme burkinabè est notre combat»

Elle a débuté sa carrière de journaliste aux Editions Sidwaya où elle a même été rédactrice en chef adjointe de Carrefour Africain. Son dernier poste a été celui de directrice de la communication et de l’information scientifique au ministère de la Recherche scientifique et de l’Innovation (MRSI). Elle, c’est Sophie Fatoumata Ouattara. Très passionnée des questions scientifiques et féminines, elle est aujourd’hui à la tête d’un groupe de presse dénommé Queen Mafa, dédié à la valorisation de la femme burkinabè et africaine. A travers cette interview, elle nous parle de son projet et de ses perspectives.

L’Economiste du Faso : Quelles sont les raisons qui vous ont motivée à mettre en place le premier site en ligne 100% féminin ?
Sophie Fatoumata Ouattara, directrice du groupe de presse Queen Mafa: Nous sommes partis du constat que la question féminine n’est pas assez traitée dans les médias burkinabè. La plupart des médias burkinabè sont généralistes. Or, dans les différentes rédactions, il existe des compétences féminines qui s’intéressent et veulent mettre en lumière l’autre moitié du ciel. Pour nous, il y a dans ce pays des femmes dont les combats et les parcours professionnels inspirent et méritent d’être connus. C’est pour cela que nous avons décidé de créer un site en ligne pour donner la parole à la femme. Nous voulons donner une autre image de la femme burkinabè qui réussit dans la société burkinabè, qui participe au développement du pays. Nous voulons aussi nous départir des images préconçues et misérabilistes de la femme burkinabè qu’on nous présente parfois. Lancé en août 2015, Queenmafa.net est un journal quotidien en ligne qui relaie les informations nationales et internationales, tout en priorisant les activités féminines.

Qu’en est-il du premier magazine 100% féminin dénommé Queen Mafa Magazine ?
C’est à travers une opportunité du fonds commun genre, qui a lancé en 2016 un appel à candidatures pour la promotion de l’entrepreneuriat féminin, que nous avons soumis un projet d’un magazine d’actualité féminine et d’une Web TV. Dieu merci, notre projet a été retenu ! C’est ainsi que nous avons pu lancer en mai 2017 le Queen Mafa Magazine avec pour slogan «Le magazine des femmes actives». A la date d’aujourd’hui, nous sommes au 7e numéro. Avec le Fonds commun genre, nous avons eu 17.135.000 FCFA. Et, avec cette somme, nous avons pu acquérir du mobilier et un local qui nous sert de siège social. Cette aide nous a permis d’assurer la formation du personnel et de prendre en charge les indemnités des prestataires. Queen Mafa Magazine est disponible depuis mai 2017 ; c’est un bimensuel. Nous faisons un tirage moyen de 1.000 exemplaires par parution. Il est distribué pour l’instant au Burkina Faso, mais sa version numérique est également disponible pour la diaspora.

Quel est le contenu du Queen Mafa Magazine?
Queen Mafa Magazine s’intéresse particulièrement aux questions concernant le combat des femmes au quotidien et tout ce qui est violences fondées sur le genre. Il y a aussi l’entrepreneuriat féminin par lequel nous mettons en exergue toutes ces femmes burkinabè qui s’évertuent chaque jour à vaincre la pauvreté. C’est prioritairement destiné aux femmes d’un certain niveau qui peuvent comprendre les enjeux qui touchent le combat des femmes, afin que celles-ci puissent entreprendre un plaidoyer pour changer les conditions de vie de leurs sœurs. Le magazine est aussi destiné à tout le monde, notamment aux décideurs politiques. Vous n’ignorez pas que pour changer les conditions de vie des femmes burkinabè, nous avons besoin de la contribution de tous. A ce jour, nous sommes très satisfaits de la confiance que des personnes physiques ou morales accordent au magazine. Nous avons pu tisser des partenariats avec certaines institutions de la place pour sa promotion.

Depuis le 28 juillet 2018, vous êtes passés à une autre étape ; celle de la mise en place d’une Web TV. Pourquoi cette option?
Un site en ligne, plus un magazine entièrement consacré à l’autre moitié du ciel, c’est bien ; mais on peut faire plus. Ce plus, pour nous, c’est l’image ! C’est ainsi qu’on a lancé le 28 juillet dernier la Web TV. Elle est accessible à l’adresse https://queenmafa.tv. Elle sera exactement comme une télévision qui produit des émissions ; sauf qu’on ne va pas l’avoir directement sur les petits écrans à la maison. Ça sera des émissions disponibles sur internet et à la demande de ceux qui veulent, et qui pourront les relayer sur leurs sites web. Elle sera aussi accessible sur notre Youtube et sur les écrans des télévisions partenaires. Nous voulons utiliser la force de l’audiovisuelle pour sensibiliser et interpeller les uns et les autres sur les conditions difficiles des femmes. Et nous savons tous que l’avenir, c’est dans le numérique et dans l’internet.

A quoi le public doit-il s’attendre sur la Web TV ?
Les émissions concerneront la promotion des droits humains, l’épanouissement économique de la femme et aussi les questions liées aux droits de l’enfant. La santé de la mère et de l’enfant sera aussi traitée. La question de l’éducation et bien d’autres sujets pointus ayant trait à la sauvegarde de l’environnement, au changement climatique, à l’économie et à la politique ne seront pas en reste. Très bientôt, nous allons lancer une émission qui va s’intéresser à la participation de la femme en politique. Les sous-thèmes seront le quota-genre, la participation de la femme à certaines décisions ; car à terme, c’est de sensibiliser les acteurs et les décideurs politiques sur la problématique genre.

Quelles sont les perspectives du groupe Queen Mafa ?
Pour ce qui est de la Web TV, nous envisageons faire des émissions dans les langues nationales, assorties d’une application pour faciliter son accessibilité même à une personne novice en TIC. Ainsi, celles-ci pourront télécharger nos émissions pour les regarder ou les faire regarder à d’autres personnes. Nous entendons former des journalistes femmes sur des thématiques bien précises. Cette formation a pour but d’inspirer d’autres jeunes filles à s’intéresser au journalisme et particulièrement aux questions ayant trait aux conditions de la femme. Notre challenge, à l’heure actuelle, c’est de marquer notre place dans le paysage médiatique. Notre souhait à court terme est d’arriver à nouer des partenariats solides avec des ONG et des institutions qui œuvrent à la promotion de la femme, et chercher aussi des mécénats et des sponsors pour parrainer certaines de nos émissions.

Aujourd’hui, quel est le regard de ces femmes que vous mettez en lumière par rapport à votre combat ?
Nous avons reçu beaucoup de félicitations et d’encouragements de la part de celles-ci. Elles nous disent que nous sommes venus combler un grand vide médiatique. Nous sommes particulièrement contents de voir que les hommes aussi apprécient nos supports de communication. Je vous fais une confidence : parmi nos abonnés, il y a plus d’hommes que de femmes. L’administration publique commence à nous solliciter. Aujourd’hui, nous avons un partenariat solide avec le ministère en charge de la Promotion de la Femme, avec lequel nous avons réalisé un spécial 8-Mars 2018.

Est-ce que les causes des femmes rurales sont-elles prises en compte par Queen Mafa ?
Oui ! Mais nous devons encore faire plus dans la promotion de la femme rurale. Malheureusement, nous sommes limités dans les moyens financiers, car notre slogan est «Etre le porte-voix des femmes où qu’elles soient».

Interview réalisée par Rachel DABIRE


Présentation de Queen Mafa

Queen Mafa est un groupe de médias officiellement créé en 2016. Le groupe est en train de s’imposer dans le paysage médiatique à travers la thématique de la valorisation de la femme africaine.

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