Comment permettre à des structures d’être plus efficaces dans leurs ciblages d’interventions en ayant des données fiables et scientifiquement prouvées dans le domaine de la réduction de la pauvreté? Depuis quelques années, cela est possible grâce à un outil de mesure de la pauvreté disponible aux organisations et aux entreprises. Cet outil est l’Indice de probabilité de pauvreté (PPI), une trouvaille d’Innovations for Poverty Action (IPA), basée aux Etats-Unis, qui est mise en œuvre au Burkina Faso, au Mali et au Sénégal. Dans le souci de vulgariser le PPI et de partager l’expérience réussie de l’utilisation du PPI, une session de formation a eu lieu le jeudi 19 juillet 2018 à Ouagadougou. Cette rencontre, qui a réuni plusieurs participants, a été initiée par IPA, l’Institut supérieur des sciences de la population (ISSP) et l’association Yikri. D’après la directrice-pays de l’IPA au Burkina Faso et au Mali, Estelle Plat, cette formation a pour but de permettre aux participants de s’imprégner des avantages de l’utilisation du PPI et comment ils peuvent l’intégrer sur le terrain pour, dit-elle, mieux cibler les plus pauvres à travers leurs programmes. «Avec le PPI, les organisations peuvent identifier les clients, les bénéficiaires ou les employés les plus susceptibles d’être pauvres, et intégrer des données objectives sur la pauvreté dans leurs évaluations et leur prise de décisions stratégiques», fait-elle savoir. Estelle Plat poursuit que la méthode d’utilisation du PPI diffère d’un pays à un autre. Pour le cas précis du Burkina Faso, la méthode PPI a été utilisée dans l’enquête nationale sur les ménages qui date de 2014. Aujourd’hui, Estelle Plat fait savoir que les résultats tirés de cette enquête peuvent servir dans plusieurs domaines: santé, agriculture, l’éducation. L’association Yikri créée en 2015 est un système financier décentralisé promu par Entrepreneur du Monde, une ONG française qui excelle dans la microfinance sociale et l’entrepreneuriat social.
Son expérience réussie au Burkina Faso a été bien appréciée par les participants. Sa directrice exécutive, Claire N. Lossaine/Sawadogo, souligne qu’à ce jour Yikri compte plus 15.000 bénéficiaires et plus de 8.000 emprunteurs actifs. Elle résume les avantages du PPI en ces termes: «Nous utilisons le PPI pour cibler nos bénéficiaires dans l’objectif de rechercher les plus pauvres là où ils sont, avec un service de proximité. Le PPI est un outil qui permet d’évaluer le niveau de pauvreté de nos bénéficiaires. En 2017, nous avons fait une évaluation du mécanisme PPI, et cela nous a permis d’évaluer le nombre de personnes qui n’ont pas accès à un service financier. C’est un outil qui permet de mesurer les performances sociales d’une institution de microfinance». Au regard de tous ces avantages, Claire N. Lossaine/Sawadogo confie que le PPI est un outil qui donne entièrement satisfaction à l’association Yikri. En ce sens, elle ajoute que Yikri a un portefeuille à risque faible qui vise, à terme, à passer de 12.000 emprunteurs actifs et à plus de 20.000 bénéficiaires.
Comment fonctionne le PPI ?
Le PPI est statistiquement robuste, mais simple à utiliser: les réponses à 10 questions sur les caractéristiques d’un ménage et la possession de biens sont utilisées pour calculer la probabilité que le ménage se trouve en dessous du seuil de pauvreté.
RD