Il se murmure que la Représentante-résidente du FMI au Burkina Faso est en partance ? Qu’est-ce qui motive ce départ ?
J’arrive, en effet, en fin de mission, et je retourne sur Washington D.C. ou je travaillerai sur un pays africain, avec des missions régulières sur le terrain. Le poste de représentante-résidente est un détachement temporaire.
Quelles sont vos plus grandes satisfactions au Burkina Faso ?
Je me réjouis d’avoir pu apporter ma pierre à l’édifice. Je suis arrivée au Burkina Faso à un moment clé de son histoire. Quelques mois après la fin de la transition ; un moment de grand enthousiasme de tous les acteurs à œuvrer pour le développement accéléré du pays.
La visite du Directeur général adjoint du FMI, M. Furusawa, en septembre 2017, fut un évènement majeur. C’était la première visite de cette envergure depuis une dizaine d’années, et ce fut l’occasion de réaffirmer les relations proches entre le Burkina et le FMI. M. Furusawa a bien apprécié sa visite et en a remercié les autorités burkinabè lors des réunions du printemps. La signature d’un nouveau programme en mi-mars 2018 est un autre temps fort à noter. Ce programme est une Facilité élargie de crédit (FEC) d’une durée de trois ans avec un financement exceptionnel de 90% de la quote-part du Burkina Faso. L’ensemble de l’équipe du FMI a durement travaillé pour l’aboutissement de ce projet. Je salue également l’engagement et la disponibilité de l’administration durant ce processus.
Pour finir, j’ai beaucoup œuvre pour que les autorités puissent bénéficier d’assistance technique sur des sujets importants du moment, comme la gestion des risques liés aux PPP et la gestion efficace des investissements publics. Effort qui est non moins important. Je suis contente que ces missions aient pu se faire au moment où c’était important pour le pays et les autorités. La mobilisation des recettes intérieures est aussi un chantier cher aux autorités, et sur lequel on a pu les appuyer, autant en termes de politique fiscale que de mesures pour améliorer l’efficacité des administrations fiscales et douanières.
Quels sont les conseils que vous laisserez à votre successeur ?
Je lui conseillerai de bien profiter du pays. Ce n’est pas facile, car la position de représentante-résidente est complexe, car comportant plusieurs rôles simultanés ; ce qui fait que le temps passe très vite sans qu’on ne s’en rende compte.
Qu’auriez-vous changé dans votre relation avec la presse si vous le pouviez ?
J’ai beaucoup apprécié de collaborer avec la presse au Burkina. J’ai senti un grand intérêt à comprendre et informer sur les problématiques économiques. Je pense que cela atteste de la volonté de contribuer à ce que le Burkina Faso aille de l’avant, et c’est très constructif.
J’ai noté une tendance au Burkina à associer la presse aux activités officielles et à celles des bailleurs. Au FMI, nous avons mené certaines de nos activités avec beaucoup de discrétion, notamment l’assistance technique. Peut-être, est-ce un domaine à explorer pour que les Burkinabè en sachent un peu plus sur nos activités? Cependant, il faudra s’assurer de ne pas entraver l’appropriation des autorités. Nous les aidons à réaliser leurs propres projets et le mérite leur revient entièrement.
L’expérience du Burkina Faso a-t-elle été un tremplin dans votre carrière ?
Ce fut une expérience enrichissante. C’est un privilège d’avoir été au contact d’autant de professionnels de qualité intellectuelle impressionnante, autant du côté des autorités que hors de l’administration. Ce fut intéressant d’assumer le rôle complexe de représentante-résidente ; notamment de participer aux discussions avec un rôle de facilitateur, d’équilibrer le rôle de représentant et celui de conseiller aux autorités, de rester à l’écoute des autorités et de tous les acteurs afin d’avoir une large idée des problématiques et des leviers. Cette expérience m’a permis d’avoir une perspective différente ; ce que je trouve d’ores et déjà très positif.
Propos recueillis par NK