La semaine écoulée aura été marquée par deux événements majeurs qui montrent bien que la crise au MINEFID entre dans une nouvelle phase: durcissement et lassitude.
Premièrement, la reprise de la grève de la coordination des syndicats des Finances indique une volonté de ne pas reculer. Elle relance son mouvement de revendication au lendemain des recommandations de la conférence sur le système de rémunérations des agents de la Fonction publique. Sa plateforme reste en l’état ;et elle estime que le gouvernement ne veut pas y répondre. Le bras de fer continue, et c’est encore une semaine de perdu pour les finances publiques. Advienne que pourra donc! Ce mouvement, même s’il ne veut pas donner l’impression de s’essouffler, perd tout de même en crédit au sein de l’opinion. Mais, reculer maintenant pourrait être fatal pour la coordination. Cette plateforme mérite-t-elle vraiment de mettre le pays à genoux? Pour une partie des Burkinabè, la réponse est non; et pour les grévistes, l’équation consistera à trouver la façon la plus honorable d’arrêter cette grève. Pour cela, il faudrait que le gouvernement leur tende la perche. Mais, le fera-t-il? Attendons de voir, car les signaux qu’il émet ne semblent pas aller dans ce sens. Bien au contraire, l’attitude du gouvernement n’a rien de rassurant pour les syndicalistes. Il vient de donner carte blanche au ministère des Finances pour recruter du personnel d’appoint pour faire face aux arrêts intempestifs de travail. Il a un agenda. C’est désormais clair ! Lentement, mais sûrement, il est en train de mettre en place son dispositif de «containment» syndical. Et, la première étape fut l’avis du Conseil d’Etat sur les sit-in et les coupures pour fait de grève ; la seconde a été de délester la plateforme des syndicats de l’épineuse question des fonds communs. La troisième risque d’être le gourdin des conseils de discipline. Le gouvernement semble lui aussi lassé par l’intransigeance des syndicats, et on n’est plus loin d’un grand clash. Attention à la grande secousse !
Abdoulaye TAO