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Fonction publique : Les rémunérations n’en sont pas le seul problème

 

La réforme du système des rémunérations des agents publics de l’Etat serait-elle dans l’impasse? Ouverte le 28 février 2018, la rencontre sur le processus de réforme a consisté en la remise d’un document aux participants qui disposaient en son temps d’un délai de 21 jours pour faire leurs propositions. Il était prévu la convocation, courant mois de mars, d’un forum national réunissant non seulement le gouvernement et les organisations syndicales, mais aussi les forces vives de la nation, pour examiner l’ensemble des propositions.
A une semaine de la fin du mois d’avril, ce forum national ne s’est pas encore tenue. Déjà, la coordination des syndicats de la Fonction publique refuse de participer au processus. Pour elle, une discussion axée sur le système des rémunérations des agents publics ne doit concerner que le gouvernement en tant qu’employeur et les organisations syndicales, représentant les travailleurs. La coordination propose que si le gouvernement veut en maintenir le format actuel impliquant les forces vives de la nation, le débat porte sur «la richesse nationale et sa gestion: une gestion largement prédatrice». Présent à l’Assemblée nationale le 12 avril 2018 pour son Discours sur la situation de la nation (DSN), le Premier ministre Paul Kaba Thiéba a répondu à une question d’un député sur la position des syndicats quant à cette réforme. Paul Kaba Thiéba a soutenu que l’objectif de la rencontre est de réunir les points de vue d’un maximum de sensibilités; même si le consensus ne se dégage pas sur l’ensemble des points. En attendant sa programmation, on se demande à quand la tenue cette conférence nationale sur la réforme du système des rémunérations des agents publics de l’Etat? Mais, on constate que le débat sur les fonds communs servis aux agents du ministère de l’Economie, des Finances et du Développement (MINEFID), évalués à 55 milliards de FCFA en 2017, tend à noyer celui sur cette réforme. Le débat se cristallise sur cette question; à tel enseigne que les autres aspects de la réforme passent en second plan. Il a été constaté une hausse vertigineuse des dépenses de personnel ces dernières années, menaçant la stabilité du budget national. Si la progression des salaires se poursuit, en 2020, la masse salariale de l’Etat avoisinera les 1.000 milliards de FCFA. Il est donc à craindre que de ce fait le Burkina ne puisse plus honorer les salaires des agents publics. En plus, plus de la moitié des recettes fiscales sert à payer les salaires des agents publics. Ainsi, très peu d’investissements seront réalisés au profit de l’ensemble des Burkinabè.
Le gouvernement a donc intérêt à revoir à la hausse le volume des recettes internes à mobiliser, s’il veut continuer à servir ces salaires, tout en réalisant des investissements.
Pour augmenter les investissements, les discussions doivent aussi porté sur la réduction des dépenses courantes de l’Etat. Sur ce plan, le gouvernement a déjà pris des mesures dans le sens de rationaliser la consommation de carburant, de l’eau, de l’électricité, la gestion du parc automobile de l’Etat, les voyages à l’étranger, etc. Mais, des efforts doivent encore être faits dans la maitrise de certaines dépenses dans le domaine des marchés publics, des interminables séminaires, conférences organisées aussi bien à Ouagadougou qu’en province, des foires et fora occasionnant des prises en charge colossales des commissions d’organisation, etc.
Les discussions ne doivent pas seulement porter sur les rémunérations des agents et l’augmentation des recettes fiscales, mais aussi s’orienter vers la recherche d’une Fonction publique plus performante. On sait que le gouvernement réfléchit déjà à cette question. C’est en cela que la proposition de la coordination des syndicats de la Fonction publique est pertinente. Nonobtant le polémique sur ce forma du forum. Sur ce point, le gouvernement doit appliquer de manière stricte les dispositions de la loi 081 portant statut général de la Fonction publique. Les dispositions de cette loi interdisent aux agents publics de pratiquer des activités commerciales. Pourtant, de nos jours, les services publics sont transformés en centres commerciaux où l’on trouve toutes sortes d’articles vendus par les agents publics. Certains agents se sont transformés en promoteurs d’entreprises qui usent de leur position pour avoir accès aux marchés de l’Etat. Ils se rendent ainsi coupables de conflits d’intérêts, d’abus d’autorité, de collusion, d’affairisme, etc. Ceux-ci font de la concurrence déloyale aux entreprises privées créées par des personnes qui ont choisi de ne pas travailler dans la Fonction publique. Le gouvernement doit également lutter contre l’absentéisme des agents publics et l’irrespect des horaires de travail. Ces manquements ont d’énormes répercussions sur le traitement des dossiers comme les enregistrements des marchés publics, la vente des timbres, la réception de dossiers d’appels d’offres, le dépouillement, le paiement des contribuables, etc.

Elie KABORE


S’attaquer à l’affairisme, l’absentéisme et la corruption

Il est régulièrement reproché à l’Etat son laxisme dans la sanction des agents publics en faute. Outre la mise en place effective des conseils de discipline dans les départements, le gouvernement doit sanctionner de manière franche les agents qui se rendent coupables de malversations, de détournements de biens publics, afin de donner l’exemple. Il est évident que le manque de sanctions encourage les détournements, la corruption, la fraude, etc. Ces infractions contribuent à freiner la mobilisation des impôts et taxes, et donc à vider les caisses de l’Etat.

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