L’économie nationale a renoué avec la croissance. C’est ce qu’a affirmé le Premier ministre Paul Kaba ThiÉba devant les députés, le 12 avril 2018, dans son Discours sur la situation de la Nation (DSN). Paul Kaba ThiÉba se base sur l’accélération du taux de croissance en 2017 qui est passé de 4% en 2015 à 5,9% en 2016, pour se situer à 6,7% en 2017. Ce taux de croissance permettra, sur la durée, de mettre fin à la pauvreté et d’élever substantiellement le niveau de vie des Burkinabè, selon le Premier ministre.
Qu’est-ce qui explique cette accélération soutenue de la croissance, en dépit d’une situation sécuritaire nationale et sous-régionale difficile et d’une pluviométrie déficitaire? C’est l’opérationnalisation du Plan national de développement économique et social (PNDES) depuis 2016 qui en serait la principale raison, selon le Premier ministre qui a avancé quelques chiffres. Au plan des recettes totales, 1.583,6 milliards de FCFA ont été mobilisés en 2017 contre 1.412,5 milliards en 2016, soit une progression de 12,1 %. L’amélioration du niveau des recettes totales est essentiellement tirée par la croissance des recettes propres qui sont passées à 1.389, 4 milliards de F CFA en 2017 contre 1.230,5 milliards de F CFA en 2016, soit un taux d’accroissement de 12,9%. Cette augmentation est consécutive à la hausse des recettes fiscales de 15,1%, contribuant ainsi à améliorer le taux de pression fiscale qui passe à 16,6% en 2017 contre 15,8% en 2016.
Concernant les ressources extérieures, 77,9 milliards FCFA ont été décaissés au titre des appuis budgétaires en 2017 sur une prévision annuelle de 124,9 milliards FCFA, soit un taux de décaissement de 62,5%. Au titre des appuis projets, 201 milliards FCFA ont été décaissés sur une prévision annuelle de 388 milliards FCFA, soit un taux de 51,8%.
Cette bonne mobilisation des recettes propres est la résultante des réformes entreprises au cours de l’année et dont les principales sont «l’opérationnalisation de la facture normalisée au niveau des contribuables du réel normal d’imposition avec un taux d’utilisation estimée à 69%, la création de nouvelles recettes de services et la modernisation du mode de gestion de certaines recettes de services ; notamment des recettes du secteur minier ; la délivrance des titres de transport, des passeports, etc., la prise de mesures permettant de limiter les abus en matière de prix de transferts, la rationalisation et le suivi des exonérations fiscales et douanières, la lutte contre la fraude et la corruption, l’implémentation d’outils moderne de travail».
Elie KABORE
Secteur minier: 226 milliards de FCFA pour le budget de l’Etat
Pour le Premier ministre, l’accélération de la croissance économique est également la résultante du dynamisme de l’activité industrielle dont le secteur minier. L’année 2017 a vu l’intensification des activités dans ce secteur avec l’entrée en production de la mine d’or de Houndé, dans la province du Tuy, portant le nombre total de mines en production à 12, et le lancement des travaux de construction de la mine d’or de Boungou, dans la province de la Tapoa. L’entrée en production de la mine de Houndé a contribué à rehausser la production minière industrielle à 45,8 tonnes d’or fin en 2017 contre 38,5 tonnes en 2016, soit un taux de progression de 18,9%. Cette production a rapporté 226 milliards de FCFA au budget de l’Etat contre 190 milliards de FCFA en 2016, soit un taux d’accroissement de 19%. En termes de création d’emplois, les mines industrielles ont généré un total de 8.719 emplois directs en 2017 dont 93,5% emplois nationaux, et environ 26.000 emplois indirects. Quant à l’artisanat minier, on estime à 1,5 million le nombre de personnes qui s’y adonnent. L’ensemble des investissements sociaux réalisés par les sociétés minières au profit des communautés riveraines a été évalué à 2 milliards de FCFA en 2017. Pour encadrer et promouvoir le secteur, de nombreuses réformes, dont certaines comme l’opérationnalisation de la Brigade nationale anti-fraude de l’or (BNAF) et la poursuite du processus de modernisation du cadastre minier entamée depuis 2015, ont été menées.
Inquiétante expansion des dépenses salariales et courantes
Un des défis majeurs du Burkina reste la cohésion sociale mise à mal par les revendications salariales qui menacent gravement l’équilibre macroéconomique et la capacité à dégager les ressources internes. C’est dans le but d’aplanir cette difficulté, dira le Premier ministre, que le Haut-Conseil pour le dialogue social a été créé. C’est également dans ce but que la conférence sur la réforme du système de rémunérations des agents publics de l’Etat a été lancée le 28 février 2018. Les dépenses de personnel sont passées de 332,34 milliards de FCFA en 2012 à 618 milliards de FCFA en 2017, soit une variation de près de 86%. Les dépenses courantes se sont également accrues s’établissant à plus de 61,3% des dépenses budgétaires totales en 2017, après 67,2% en 2016. Corrélativement, les dépenses de personnel absorbent de plus en plus l’essentiel des recettes fiscales de l’Etat, soit 50% en 2017, 51,6% en 2016 et 50,4% en 2015.
Ce rythme d’expansion des dépenses salariales et courantes est tout simplement insoutenable à terme, car il réduit la compétitivité de l’économie nationale tout en privant l’Etat des ressources nécessaires aux financements des investissements prévus par le PNDES.